Climat conflictuel au conseil municipal de Pointe-Lebel

Le maire de Pointe-Lebel, René Labrosse, dit être incapable de mettre la main sur les états financiers de la municipalité.
Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin
À peine deux mois après avoir enfilé son nouveau chapeau de maire de Pointe-Lebel, René Labrosse se dit épuisé. L'idée de quitter son poste lui a même effleuré l'esprit.
Le maire dénonce un climat d'intimidation à son égard, au sein de son propre conseil, depuis qu'il a commencé ses nouvelles fonctions.
Il affirme même avoir déposé une plainte à la Sûreté du Québec (SQ) à la suite d'une séance extraordinaire qui s'est tenue le 25 janvier dernier.
Les pires scénarios, ils se sont tous révélés, selon la situation la plus pire (sic) qui pourrait arriver.

Le maire de Pointe-Lebel, René Labrosse, se dit épuisé, deux mois après être entré en poste.
Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin
Il y a eu de la violence verbale, et puis ça, c'est totalement inacceptable, c'est contre la démocratie
, raconte le maire.
De son côté, la SQ ne confirme pas si elle a reçu une telle plainte.
Par contre, le conseiller municipal du district 6, Jacques Ferland, affirme s'être excusé après avoir appris qu'une plainte aurait été déposée. Je n'ai jamais menacé monsieur le maire. J'ai su que c'était moi qui étais visé. Jamais je n'ai fait de menace
, avance le conseiller.
L'autre réunion d'après, j'ai dit : "Monsieur le Maire, je m'excuse du ton que j'ai tenu [lors de la dernière séance]". Je parle fort là, j'ai une bonne voix, j'ai un bon timbre de voix.

Jacques Ferland, un des conseillers de Pointe-Lebel, avait été réélu sans opposition le 7 novembre dernier.
Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin
Le budget pour 2022 toujours pas adopté
Les états financiers et le budget de la Municipalité de Pointe-Lebel ne sont toujours pas adoptés pour 2022, alors que la date butoir était le 31 janvier, confirme le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH).
Le MAMH n'a toutefois pas été en mesure de commenter le dossier de Pointe-Lebel pour l'instant.
Le maire, René Labrosse, dit être incapable de mettre la main sur les états financiers de la Municipalité.
Tous les chiffres, toutes les finances, de ce que j'ai compris, c'est plusieurs années en retard.
De son côté, le conseiller Jacques Ferland, qui est en poste depuis huit ans, a tenu à rassurer la population et soutient que le conseil va s'attaquer rapidement au budget et aux états financiers.
Il explique que le travail a été retardé par différents facteurs, comme plusieurs employés qui sont en arrêt de travail actuellement, ainsi que les élections municipales qui ont été repoussées de plusieurs semaines à Pointe-Lebel, en raison de l'absence de candidats à la mairie.
On est encadrés par des lois, on doit les respecter, mais il arrive des maladies, des fuites, avec la COVID-19, vous savez, il y a un ensemble de problèmes
, explique Jacques Ferland.
Soutien de la population
Une quinzaine de citoyens se sont rassemblés dimanche midi devant les bureaux municipaux de Pointe-Lebel pour offrir leur soutien au maire.
Le conseiller municipal du district 1, Gino Boucher, affirme lui aussi qu'un climat d'intimidation persiste au sein du conseil depuis l'arrivée de M. Labrosse à la tête de Pointe-Lebel. Je trouve qu'il y a beaucoup trop d'intimidation dans le conseil municipal. Il n'y a aucun respect
, dénonce-t-il.

Une quinzaine de citoyens se sont rassemblés dimanche dernier devant les bureaux municipaux pour soutenir leur nouveau maire.
Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin
D'autres citoyens ont aussi plusieurs questions quant aux états financiers de leur Municipalité.
On s'en va où? Les taxes vont-elles remonter? Qu'est-ce qui va arriver?
Il faut savoir ce qu'il reste dans les coffres, puis ce qui se passe. C'est la première étape
, lance Jessy Major, un citoyen de Pointe-Lebel qui s'est présenté contre René Labrosse aux élections municipales. Il ajoute avoir voulu donner son appui dimanche à son ex-adversaire.
Pour l'instant, René Labrosse soutient vouloir rester en poste, puisqu'il dit sentir l'appui de sa population.
Demande de mise en tutelle
Le maire dit avoir fait une demande à la Commission municipale du Québec (CMQ) pour que Pointe-Lebel soit mise sous tutelle, afin que Québec l'accompagne pour résoudre les problèmes de fonctionnement.
Le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH) indique par courriel à Radio-Canada que la situation qui prévaut à la Municipalité de Pointe-Lebel ne justifie pas le recours à une mise en tutelle
.
Le MAMH ainsi que la CMQ du Québec disent être au fait de la situation à Pointe-Lebel, mais précisent que la mise en tutelle d'une Municipalité est un pouvoir de dernier recours
.
Le MAMH souhaite plutôt apporter son aide et son soutien à la Municipalité, tout en respectant son autonomie.
Le MAMH ajoute que la Direction régionale de la Côte-Nord est en communication constante avec la Municipalité.