•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Pas plus de suicides en 2020 au Québec malgré la pandémie, selon l’INSPQ

Une femme se tient la tête d'une main.

Les taux de suicide dans plusieurs pays n'ont pas augmenté depuis le début de la pandémie.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Selon des données préliminaires de l’INSPQ, le nombre de suicides et le nombre d'hospitalisations en raison de tentatives de suicide au Québec ne semblent pas avoir augmenté en 2020, première année de la pandémie.

En 2020, on a dénombré 1016 suicides au Québec, comparativement à 1128 suicides en 2019, selon un décompte fourni par le Bureau du coroner en chef du Québec et analysé par l'Institut de la santé publique du Québec (INSPQ).

Le nombre final sera possiblement un peu plus élevé puisque certaines enquêtes sont toujours en cours. Chaque suicide survenu au Québec fait l'objet d'une enquête du coroner. L’INSPQ estime que les données pour 2020 seraient sous-estimées d’environ 2,5 % (environ 25 suicides de plus).

Quant à la répartition des suicides en 2020 selon l’âge, elle est presque identique à celle observée en 2019. On note seulement une légère augmentation chez les 65 ans et plus.

L’INSPQ estime que les interventions en santé mentale et la promotion de services pour affronter la pandémie pourraient avoir protégé les personnes en situation de vulnérabilité. D’ailleurs, le rapport note que les centres de crise et de prévention du suicide ont été très sollicités durant la pandémie. Ils contribuent à soutenir la population dans les moments difficiles, écrit Pascale Levesque, épidémiologiste à l’INSPQ et co-auteure du rapport.

Ce rapport ajoute que le renforcement de certains noyaux familiaux et communautaires depuis le début de la pandémie aurait lui aussi contribué à soutenir les personnes qui ont des comportements suicidaires.

De nombreux autres pays ont rapporté des résultats similaires quant au nombre de suicides pendant la pandémie.

Une étude internationale (Nouvelle fenêtre) a démontré que dans 21 pays et territoires, les nombres de suicides sont généralement restés les mêmes ou ont même diminué. Trois provinces canadiennes étaient incluses dans cette analyse. En Alberta, en Colombie-Britannique et au Manitoba, il y a eu une diminution du nombre de suicides au début de la pandémie.

Une étude parue dans le Journal of the Royal Society of Medicine (Nouvelle fenêtre) montre que le taux de suicide au Canada est passé de 10,82 pour 100 000 habitants entre mars 2019 et février 2020 à 7,34 suicides pour 100 000 habitants entre mars 2020 et février 2021. Le nombre de suicides au Canada aurait diminué de 1300 durant cette période.

L’INSPQ souligne qu’il faudra voir si cette tendance se poursuivra au-delà de 2020 et que les conséquences sociales et économiques de la pandémie ne sont pas encore toutes connues et pourraient se manifester ultérieurement.

Nous devons rester vigilants face à de nouveaux facteurs de risque de suicide qui pourraient émerger dans les prochaines années, peut-on lire dans le rapport.

Selon les études, il y a définitivement une détérioration de la santé mentale de la population au Québec. Ça nous rassure qu’il n’y ait pas plus de suicides, mais l’impact de la pandémie va se poursuivre pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Il faut rester à l'écoute des gens, ajoute Jérôme Gaudreault, directeur général de l'Association québécoise de prévention du suicide, en entrevue à Radio-Canada.

Besoin d’aide?

Si vous pensez au suicide ou si vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider partout au Québec 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

  • Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
  • Texto : 1 855 957 5353
  • Clavardage, informations et outils : www.suicide.ca

Baisse du nombre d'hospitalisations et de visites à l’urgence en 2020

Pour la première fois, le rapport de l’INSPQ offre des données sur l'utilisation des urgences et sur les hospitalisations en raison de comportements suicidaires.

Au cours de la première année de la pandémie, en 2020, le nombre de visites aux urgences et d'hospitalisations pour tentative de suicide et pour idéations suicidaires a diminué, comparativement aux années précédentes.

L’INSPQ précise que la pandémie a peut-être découragé certaines personnes de visiter les urgences, ce qui aurait une incidence sur les données. L’INSPQ ne peut pas dire avec certitude si cette diminution a été causée par une réduction du nombre de gens qui ont eu des idées suicidaires ou si les mesures sanitaires ont découragé des personnes de visiter les urgences.

Selon le rapport, il y a eu 3413 hospitalisations pour tentative de suicide en 2020, soit 41,8 hospitalisations pour 100 000 personnes.

Par comparaison, il y a eu 3413 suicides en 2018 et 3631 suicides en 2019, avec des taux d’hospitalisations de 48,6 et de 45 pour 100 000 personnes, respectivement.

Avant la pandémie, les hospitalisations pour tentative de suicide étaient plus fréquentes chez les femmes, et c’est aussi le cas en 2020; 2035 (60 %) hospitalisations pour tentative de suicide ont été recensées chez les femmes lors de la première année de la pandémie.

Avant cette crise sanitaire, le taux d’hospitalisations était particulièrement en hausse parmi les adolescents et les adolescentes de 15 à 19 ans. Le nombre d'hospitalisations pour tentative de suicide chez les filles de 10 à 14 ans a pour sa part plus que doublé entre 2008 et 2019.

Quant au nombre de visites aux urgences pour idéations suicidaires, il a diminué de 16 % (soit 5500 visites de moins qu’en 2019). Le nombre de visites aux urgences pour tentative de suicide a diminué de 10 % (soit 420 visites de moins qu'en 2019).

En 2021, les visites aux urgences en raison d’idées suicidaires ou de tentative de suicide ont de nouveau augmenté, mais le taux demeure inférieur à celui observé avant la pandémie.

En 2021, on observe chez les adolescentes de 10 à 19 ans une hausse notable du nombre de visites aux urgences en raison d’idées suicidaires ou pour tentative de suicide; le taux en 2021 pour cette catégorie d’âge est au plus haut niveau enregistré depuis 2014.

Stabilisation du nombre de suicides au Québec

Les plus récentes données sur le suicide confirment que le taux de mortalité par suicide se stabilise au Québec depuis quelques années.

En 2019, 1128 personnes se sont ôté la vie au Québec, ce qui équivaut à un taux de 13,3 suicides pour 100 000 personnes. Le suicide représente 1,7 % des décès pour les années 2017 à 2019 et était alors la septième cause de décès dans la province.

C'est en 1999 que le taux de suicide a été le plus élevé au Québec avec un taux de 21,7 suicides pour 100 000 personnes (1619 suicides).

Le taux de suicide chez les hommes en 2019 a été trois fois plus élevé que le taux de suicide chez les femmes. Chez les hommes, ce taux est le plus élevé parmi les 50 à 64 ans.

Le taux de suicide chez les jeunes garçons de 15 à 19 ans a radicalement chuté depuis 1995 : il est passé de 35,1 pour 100 000 habitants en 1995 à 8 pour 100 000 habitants en 2019.

Le taux de suicide chez les hommes de 20 à 34 ans est passé de 47,5 pour 100 000 habitants en 1999 à 13,9 en 2013. Chez les 35 à 49 ans, il est passé de 52,7 pour 100 000 en 1999 à 25,3 pour 100 000 habitants en 2019.

Par contre, le taux de suicide chez les filles de 15 à 19 ans est passé à 6,7 suicides pour 100 000 personnes en 2019, le plus haut taux observé depuis 2003. Entre 2014 et 2018, on a compté entre 4 et 8 suicides chez les filles de ce groupe d'âge, puis 14 suicides en 2019.

Chez les femmes de 50 à 64 ans, on remarque une diminution du taux de suicide depuis quelques années, et il est désormais au plus bas niveau depuis une vingtaine d’années.

Dans la région du Nunavik, le taux de suicide en 2019 a été de 177,1 pour 100 000 habitants, bien plus élevé que le taux provincial de 13,1 suicides pour 100 000 habitants. Depuis 2015, l'écart avec le reste du Québec s'accentue, indique l'INSPQ.

Plusieurs autres régions ont des taux de suicide supérieurs à la moyenne provinciale, notamment l’Abitibi-Témiscamingue, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, Chaudière-Appalaches et les Laurentides.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...