Manifestation à Ottawa : les autorités enquêtent sur une série de méfaits

Des manifestants ont perturbé la circulation et commis des méfaits.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Après une nuit mouvementée à Ottawa, les autorités ont ouvert plusieurs enquêtes sur une série de méfaits perpétrés par des manifestants. Pendant ce temps, les rues du centre-ville étaient toujours bondées dimanche et des élus commençaient à s'impatienter.
Le Service de police d'Ottawa a ouvert des enquêtes criminelles à propos d'incidents survenus dans la nuit de samedi à dimanche.
Ces enquêtes sont liées à « l'appropriation » de la statue de Terry Fox et du Monument commémoratif de la guerre, où des manifestants ont dansé et garé des véhicules samedi. Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a par ailleurs déploré la présence de symboles nazis dans les rues d'Ottawa. Cela devrait être horrifiant pour tous les Canadiens
, a dit le directeur général, Shimon Koffler Fogel.
Des participants auraient aussi intimidé et menacé des policiers et des employés municipaux et endommagé un véhicule appartenant à la Ville.
Tout comportement illégal ne sera pas toléré et fera l'objet d'une enquête complète
, ont indiqué les autorités dans un message publié sur Twitter.
Ces actes ont suscité de vives réactions de la part de certains politiciens. Il est méprisable de prétendre se battre pour la liberté sans respecter ceux qui ont perdu la vie pour la défendre
, a commenté le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh.
Le chef conservateur Erin O'Toole a passé le même message dans une série de gazouillis samedi soir : Les personnes qui profanent ces monuments commémoratifs devraient avoir honte et leur comportement porte atteinte aux courageux Canadiens qui ont tout sacrifié pour notre pays
, a-t-il écrit.
Même son de cloche du côté du Bloc québécois, qui a dit souhaiter que la manifestation se poursuive dans le calme et sans violence
. Nous dénonçons aussi avec vigueur les gestes d’intimidation perpétrés envers des journalistes, de même que la présence de symboles d’extrême droite
, a indiqué le porte-parole du parti, Julien Coloumbe-Bonnafous.
De son côté, le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, s'est adressé aux manifestants peu avant 13 h en les encourageant à être de super épandeurs de liberté
, en allusion à la COVID-19. Les camionneurs donnent l’exemple, ils ont le courage de se battre pour nos libertés. Merci!
a-t-il dit. La foule a répondu au politicien en scandant le mot liberté
.
L’arrivée d’autres convois était attendue dimanche.
Des élus irrités
Des conseillers municipaux ont dénoncé les gestes de certains manifestants et leur ont demandé de quitter les lieux.
J'aimerais voir un effort de la part des autorités pour contenir les manifestants et pour mettre un frein au mouvement. […] Les citoyens sont en colère et les comportements des manifestants ne font qu'exacerber cette colère
, a écrit Jeff Leiper, conseiller municipal d'Ottawa pour le quartier Kitchissippi, sur Twitter.
Les résidents du centre-ville en ont assez. Des klaxons, de la musique, des croix gammées, des gens qui urinent et défèquent en public : j'ai demandé à la police d'Ottawa de disperser les manifestants qui se trouvent sur la promenade de la Reine-Élisabeth et dans les zones résidentielles. Les citoyens méritent d'avoir la paix
, a ajouté Catherine McKenney, conseillère municipale dans Somerset.
Le conseiller du quartier Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, a mentionné que son équipe signalait des incidents à la police. Les gens qui intimident nos voisins, bloquent nos rues, font du bruit et harcèlent nos autorités et nos journalistes n'ont pas leur place dans notre ville. Ils doivent partir
, a-t-il dit.
En entrevue, le maire d’Ottawa, Jim Watson, a invité les manifestants à passer à autre chose
.
Les gens en ont assez. Centertown, le marché By : ce ne sont pas que des attractions touristiques, ce sont aussi des quartiers résidentiels. [Les gens qui y vivent] sont très fâchés et en ont marre, car très franchement, ils se sentent prisonniers dans leur propre résidence
, a-t-il appuyé.
Le député provincial d'Ottawa-Centre, Joel Harden, veut lui aussi voir les manifestants partir. Vous dérangez les résidents du centre-ville d'Ottawa, pas le premier ministre. Vous empêchez des enfants, des personnes âgées et des familles de dormir la nuit
, a-t-il déploré.
Harcèlement dans un refuge pour sans-abris
Des manifestants s’en seraient pris aux employés et aux bénévoles d’un refuge pour sans-abri au centre-ville samedi après-midi.
Le refuge Les Bergers de l’Espoir, où on sert aussi des repas aux personnes démunies, aurait été victime de désinformation. L’adresse de cet organisme a été diffusée par erreur sur les médias sociaux comme étant un endroit où les manifestants pourraient manger gratuitement, a rapporté sa directrice des communications, Caroline Cox.
Normalement, les repas sont offerts sans qu'on pose de questions, mais le personnel a commencé à remarquer qu’il y avait des visages qu’[on] ne connaissait pas
, a-t-elle raconté.
Des membres du personnel ont rapporté avoir subi du harcèlement verbal. Ces épisodes se sont reproduits pendant plusieurs heures. Les employés et les bénévoles ont donné des repas aux [manifestants] parce qu’ils ne voulaient pas de conflit
, puis la direction a décidé de suspendre la distribution de ces repas, a ajouté Mme Cox.
Un usager a été agressé et l'agent de sécurité qui lui est venu en aide a fait l'objet de menaces et d'insultes racistes.
Sans pouvoir indiquer exactement le nombre de manifestants qui se sont présentés au refuge, Caroline Cox estime qu’ils étaient relativement peu nombreux. Les activités du refuge étaient déjà affectées par la présence de camions dans les rues, y compris à un endroit normalement réservé aux ambulances.
Rues et commerces fermés
Les autorités étaient encore bien présentes dans les rues dimanche. Des artères étaient toujours bloquées à la circulation.
Le Centre Rideau, tout près du parlement, a annoncé qu’il allait rester fermé pour une deuxième journée consécutive. Samedi, la présence de manifestants à l'intérieur du centre commercial avait poussé la direction des lieux à décréter la fermeture des commerces pour des raisons de sécurité.
La LCBO a pris la même décision. Toutes les succursales de la régie des alcools au centre-ville ont été fermées pour la journée.
Les manifestations pourraient aussi avoir des répercussions sur certaines écoles lundi. Le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) et le Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario (CEPEO) ont indiqué qu'ils anticipaient tous deux des perturbations en raison de l'interdiction de circuler dans certaines zones. Les parents des élèves des deux conseils doivent être contactés dimanche.