Sue Montgomery obtient gain de cause en Cour supérieure

Sue Montgomery a tenté sans succès de se faire réélire à la tête de l'arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce cet automne.
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
L'ex-mairesse de l'arrondissement montréalais de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce Sue Montgomery vient de remporter une importante bataille judiciaire en Cour supérieure contre la Commission municipale du Québec (CMQ), qui l'avait condamnée en juillet dernier à une suspension sans salaire pour une durée maximale de 120 jours.
Cette sanction, qui découlait d'une série de manquements éthiques et déontologiques, avait été rapidement contestée par le dépôt d'un pourvoi en contrôle judiciaire. Son application avait été aussitôt suspendue.
Entre-temps, Mme Montgomery – qui avait fondé son propre parti, Courage – a tenté de se faire réélire, sans succès. Elle a terminé en quatrième place lors de l'élection à la mairie de l'arrondissement le plus populeux de la métropole, avec moins de 10 % des votes, et aucun de ses candidats n'a été élu.
N'étant plus au pouvoir, Mme Montgomery ne pouvait plus être suspendue. Mais cette affaire n'était pas que théorique, écrit le juge Alexandrer Pless, de la Cour supérieure, dans une décision de 38 pages publiée vendredi. Selon lui, la réputation
de l'ex-mairesse était en jeu
.
Et elle a eu gain de cause. Dans son jugement, le magistrat accueille le pourvoi en contrôle judiciaire déposé par Mme Montgomery. Il casse aussi deux décisions rendues par la CMQ
, dont celle qui, en juillet, aurait dû provoquer sa suspension jusqu'aux élections.Cette décision marque un tournant dans une saga ayant débuté en janvier 2020 par l'expulsion de Mme Montgomery de Projet Montréal, la formation politique de la mairesse Valérie Plante, auprès de qui elle avait fait campagne trois ans plus tôt.
La mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce avait été exclue du parti pour avoir refusé de congédier sa directrice de cabinet, Annalisa Harris, accusée par le contrôleur général de la Ville de Montréal de harcèlement psychologique envers le directeur de l'arrondissement et le responsable du soutien aux élus.
Mme Montgomery avait refusé de se plier à la demande de la Municipalité, faisant valoir que celle-ci refusait de lui fournir toutes les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée.
Plusieurs poursuites ont été instiguées dans les mois qui ont suivi, dont celle de la CMQmanquements à l'égard de l'équité procédurale
observés par le juge Pless.
La Commission aura maintenant 30 jours pour décider si elle porte la cause en appel.
J'ai toujours su que j'étais du côté de la justice
Contactée vendredi soir, Mme Montgomery a déclaré qu'elle était très heureuse
de voir ce jugement l'innocenter
. J'ai toujours su que j'étais du côté de la justice
, a-t-elle soutenu.
« C'est dommage qu'il ait fallu deux ans et une décision judiciaire pour déterminer ce qui aurait dû être évident pour la mairesse Valérie Plante et la Ville depuis le début. »
Cette affaire aura mis en lumière la difficulté pour les élus d'obtenir un traitement équitable de la part de la Commission
, juge Mme Montgomery. La décision de la Cour supérieure, selon elle, aura des répercussions sur d'autres dossiers devant la CMQ
.
Par courriel, la CMQaucun commentaire
, souhaitant préalablement prendre connaissance du jugement et l’analyser
.
Quant au cabinet de la mairesse Plante, son attachée de presse principale, Catherine Cadotte, a indiqué qu'elle ne commenterait pas ce dossier, arguant qu'il s'agit d'un jugement qui concerne la Commission municipale du Québec
.
La proximité entre la Municipalité et la CMQexposée à l'influence de la Ville
et d'avoir indûment partagé avec elle l'enregistrement de l'interrogatoire de Mme Montgomery.
L'avocat de la demanderesse, Me Éric Oliver, s'est d'ailleurs dit content
de voir le tribunal donner des lignes de conduite
à la CMQ .
Des poursuites demeurent en vigueur
Cette victoire de Mme Montgomery signifie entre autres qu'elle pourra conserver la rémunération qu'elle a continué de toucher entre l'entrée en vigueur prévue de la suspension, le 27 juillet, et la fin de son mandat comme mairesse d'arrondissement, en novembre.
Elle pourrait également donner du souffle à la poursuite en diffamation de 120 000 $ qu'elle a elle-même lancée contre la mairesse Plante, le contrôleur général et la Ville en juin dernier.
Annalisa Harris, qui a elle aussi échoué à se faire élire sous la bannière du parti Courage cet automne, réclame pour sa part 186 000 $ aux mêmes trois parties.