Le mouvement des camionneurs est-il néfaste pour leur image?

Le convoi de camionneurs qui s'opposent à la politique fédérale de vaccination obligatoire est passé par Winnipeg le 25 janvier.
Photo : La Presse canadienne / David Lipnowski
La récupération des revendications des camionneurs par des groupes de pression n’ayant rien à voir avec l’industrie du transport pourrait ternir la réputation des chauffeurs de poids lourds, croit un spécialiste.
Le président de Mesure Média, Pierre Gince, fait remarquer que le mouvement né de l’obligation vaccinale imposée aux camionneurs transfrontaliers a considérablement évolué au cours des derniers jours.
On est loin, en ce moment, de la revendication de pouvoir traverser la frontière canado-américaine sans être vaccinés. C’est plutôt une autre forme de mobilisation des gens qui sont contre la vaccination
, indique-t-il en entrevue à Radio-Canada.
L’expert en mesure de la réputation explique que la récupération
du mouvement par des groupes plus marginaux
tels que le Maverick Party, en Alberta, a contribué à l’éloigner de ses revendications initiales.
« Tout ça fait en sorte qu'aujourd'hui, on parle d'un "Convoi pour la liberté". Mais de quelle liberté parle-t-on? La liberté de traverser la frontière ou la liberté d'être vacciné? »
Déficit de réputation
Selon M. Gince, cette évolution a entraîné un déficit de réputation
pour les camionneurs.
Elle a également contribué à les faire passer pour une bande de non vaccinés
, alors que le taux de vaccination contre la COVID-19 au sein de la profession est semblable à celui de la population en général.
La récupération de la mobilisation initiée par les camionneurs transfrontaliers inquiète certains acteurs de l’industrie, qui ont choisi de dissocier du Convoi pour la liberté
.
Ma crainte, c'est [qu’on ait] instrumentalisé les camionneurs à des fins peut-être autres que ce qu'on avait prévu au départ
, confie le président du média spécialisé Truck Stop Québec, Benoit Therrien.
La présence de monsieur et madame Tout-le-Monde
à la manifestation de milliers de camionneurs, samedi, à Ottawa, n’a rien pour le rassurer. D’autant, ajoute-t-il, qu’un participant a appelé à transformer l’événement en répétition de la prise d’assaut du bâtiment du Capitole.
On ne veut pas d’un deuxième Capitole
Moi, je ne peux pas cautionner [...] que des gens d'autres organisations que l'industrie du camionnage viennent briser nos institutions et que ça passe sur notre dos. Personne ne va cautionner ça. On ne veut pas d'un deuxième Capitole
, insiste Benoit Therrien.
Même s’il prend ses distances à l’égard du Convoi pour la liberté
, M. Therrien n’approuve pas pour autant l’obligation vaccinale imposée aux camionneurs transfrontaliers.
Le président de Truck Stop Québec croit que les gouvernements canadien et américain auraient pu mettre de l’avant d’autres solutions telles que l’implantation de tests rapides à la frontière pour les chauffeurs de poids lourds non vaccinés ou opposés à la divulgation de leur statut vaccinal.
Avec des informations de Marie-Pier Mercier et de Raphaël Beaumont-Drouin
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Certains des propos recueillis pour la rédaction de cet article ont été édités à des fins de clarté et de précision.