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Quelle aide pour les agriculteurs de plus de 40 ans?

Les étudiants de plus de 40 ans sont de plus en plus nombreux dans les programmes de formation en agriculture. Mais lorsqu’arrive le moment de démarrer leur entreprise, les subventions leur échappent, car elles sont destinées aux agriculteurs plus jeunes.

Sandra Veillette dans une serre de l'École d'agriculture de Nicolet, où elle a étudié.

Âgée de 48 ans, Sandra Veillette ouvrira au printemps un kiosque en bordure de la route 132 à Baie-du-Febvre, où elle offrira les produits de sa ferme.

Photo : Gracieuseté : Sandra Veillette

Sandra Veillette est la nouvelle propriétaire d'un petit lopin de terre le long de la route 132 à Baie-du-Febvre, au Centre-du-Québec.

À 47 ans, l’an dernier, avec l’arrivée de la COVID, je me suis réorientée pour devenir agricultrice, me raconte-t-elle.

Elle a quitté la vente d'équipements équestres et a décroché un diplôme à l'École d'agriculture de Nicolet.

Sandra Veillette lancera sa ferme maraîchère ce printemps, non sans difficulté. C'est qu'en raison de son âge, elle n'a pas accès à la subvention d'aide à l'établissement et au démarrage d'entreprise agricole.

« La principale embûche, c’est au niveau des subventions. Il y a énormément de subventions qui sont réservées aux moins de 45 ans ou même aux moins de 40 ans. »

— Une citation de  Sandra Veillette, agricultrice

Selon le niveau de scolarité, le programme d’appui financier offre des subventions allant de 20 000 $ à 50 000 $ aux agriculteurs qui se lancent à temps plein dans l’aventure entrepreneuriale. Mais la Financière agricole, l’organisme paragouvernemental qui gère le programme, exige que les candidats soient âgés de 18 à 39 ans.

Ça m’aurait donné une aide supplémentaire de 30 000 $, déplore l’agricultrice. Elle s’est résignée à aller chercher un financement à 10 % d’intérêt auprès d’une institution financière. J’ai dû me tourner vers des ressources qui vont plus mettre en péril mon entreprise.

Sandra Veillette n’a pas eu le choix de revoir son projet à la baisse, alors qu’elle espérait y injecter 400 000 $ au départ. Elle a fait une croix sur la vente de produits frais. L’agricultrice offrira des produits transformés et des plantes ornementales.

Plus nombreux et plus âgés sur les bancs des écoles d’agriculture

Jean Loiselle devant un établi du local du programme de réalisations d'aménagements paysagers. Des étudiants travaillent derrière lui.

Jean Loiselle enseigne à l'École d'agriculture de Nicolet depuis plus de trente ans. Au fil des ans, il a donné les cours de plusieurs programmes.

Photo : Radio-Canada / Maude Montembeault

Comme Sandra Veillette, les étudiants plus âgés se multiplient sur les bancs des écoles d'agriculture du Québec.

Avec le phénomène de la pandémie, on se ramasse avec beaucoup plus de monde un peu plus âgé, observe Jean Loiselle, enseignant à Nicolet depuis plus de 30 ans. Il remarque de nombreux changements de carrière motivés par une envie de retour à la terre.

« De plus en plus, les gens veulent aller à l’extérieur, donc j’ai du monde de la santé, j’ai du monde de bureau, que ce soit en comptabilité ou autre. La restauration, bien entendu, parce que ça va plus ou moins bien dans la restauration. »

— Une citation de  Jean Loiselle, enseignant à l'École d'agriculture de Nicolet

Même son de cloche à l'Université Laval. Les programmes de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation sont de plus en plus populaires. Et la proportion d'étudiants de plus de 40 ans est passée de 7 % à 12 % en 10 ans, elle a donc presque doublé.

DEP en agriculture biologique au Cégep de Victoriaville

La pandémie est l'un des facteurs ayant eu le plus d'influence sur l'augmentation du nombre d'étudiants de 40 ans et plus dans les cohortes de programmes en agriculture.

Photo : Radio-Canada / Claude Brunet

Constat semblable à l'Institut national en agriculture biologique du Cégep de Victoriaville, où enseigne Pierre-Antoine Gilbert. On pense qu’il y a peut-être 5 % de nouveaux étudiants cette année qui ont dépassé le cap des 40 ans. Dans ma classe à moi, sur 30 élèves, j’en avais trois en haut de 40 ans.

La plupart des étudiants, comme Sandra Veillette, rêvent d'avoir leur propre ferme. Pierre-Antoine Gilbert leur rappelle que le secteur para-agricole offre également des occasions d'emplois intéressants et payants.

« Avoir une ferme, à un certain âge, c’est plus "tough". Physiquement, c’est vraiment éreintant, c’est dur pour le corps. »

— Une citation de  Pierre-Antoine Gilbert, enseignant à l'Institut national en agriculture biologique du Cégep de Victoriaville

Sandra Veillette, elle, n'a pas de doute quant à ses capacités physiques. J’ai encore une bonne vingtaine d’années de travail devant moi.

Une lettre au ministre de l’Agriculture

André Lamontagne est songeur pendant le point de presse.

André Lamontagne est ministre de l'Agriculture du Québec.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Consciente que Québec a fait de l’autonomie alimentaire une de ses priorités, Sandra Veillette a écrit une lettre au ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, à son député, Donald Martel, et à l’ancien président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau.

Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen d’assouplir un peu ces règles-là? se demande-t-elle.

Pierre-Antoine Gilbert croit qu’il y a matière à réflexion. Il y a peut-être certaines lois ou certains règlements qu’on serait peut-être rendu pour une version 2.0 ou 3.0, ou le mettre à l’air du temps, finalement.

André Lamontagne n’a pas voulu nous accorder d’entrevue.

Son cabinet a répondu que des investissements ont été réalisés pour améliorer la productivité des entreprises du secteur bioalimentaire québécois, en augmenter le nombre et accroître la demande pour les produits locaux. Son équipe a contacté Sandra Veillette, dont la candidature ne semble cadrer avec aucun programme d’aide, selon elle.

La Fédération de la relève agricole, pour sa part, rappelle que le programme de subvention vise à aider une clientèle qui a moins accès au crédit et qui possède moins d’actifs.

Si l'aide gouvernementale n'y est pas, l’agricultrice espère que les clients, eux, seront au rendez-vous ce printemps.

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