La vaccination contre la COVID-19 dans les garderies, un défi inconfortable au Yukon

Marie-France Mallet a ouvert sa garderie en milieu familial à Whitehorse avec l'arrivée de la pandémie de COVID-19. La gestion des relations avec les familles des enfants a été, par moment, difficile.
Photo : Marie-France Mallet
À compter du 31 janvier, les employés du gouvernement du Yukon, y compris ceux des écoles, sont tenus d’avoir obtenu leurs deux doses du vaccin contre la COVID-19, sinon ils doivent faire face à un congé sans solde. La règle ne s’applique toutefois pas aux garderies, puisqu’elles représentent des entreprises privées.
La question épineuse de la vaccination du personnel s’est vite fait sentir à la Garderie du petit cheval blanc de Whitehorse, où de nombreux parents ont préféré retirer leurs enfants du service, admet sa directrice, Jocelyne Isabelle.
On a roulé à 50 % de la capacité depuis le retour des fêtes. Cette semaine, je dirais qu’il manque 10 enfants sur 45, par prévention, mais oui [en raison des préoccupations entourant la vaccination du personnel].
Selon la constitution actuelle de l'établissement, il n’est ni possible d‘imposer la vaccination au personnel ni de connaître leur statut vaccinal, mais la directrice affirme que la question est à l’étude pour les futurs employés.

La Garderie du petit cheval blanc accueille plus de 45 enfants.
Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson
Toutefois, les employés du service de garde, offert dans les locaux de l’école Émilie-Tremblay aux élèves après les classes, sont soumis aux règles du gouvernement. Cela a entraîné la fermeture temporaire du service en décembre dernier. Jocelyne Isabelle se réjouit d’avoir en ce moment tout son personnel en place, et en santé.
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La divulgation, un choix personnel selon certains
La garderie en milieu familial La Semence, qui compte six places à Whitehorse, a passé ses deux premières années de service en temps de pandémie. La propriétaire, Marie-France Mallet, affirme que la question a créé des difficultés auprès de certaines familles.
Il y a certaines familles qui ne demandent pas [le statut vaccinal] et ça ne [les] dérange pas et certaines [...] c’est important pour eux. Moi je suis dans le désaccord de partager mes informations médicales.
La propriétaire affirme que sa position de ni divulguer ni demander le statut vaccinal est bien reçue, mais certaines familles, dit-elle, ont préféré choisir un autre service.

La Garderie La Semence accueille six enfants dont deux sont ceux de la propriétaire, Marie-France Mallet.
Photo : Marie-France Mallet
Céline Yergeau aux Petits anges de Céline, pour sa part, a préféré dès le départ aviser les parents de son propre statut vaccinal et celui de son employée. On a pris l'initiative parce qu’on est dans la soixantaine toutes les deux.
La Franco-Yukonnaise de longue date ajoute que la relation auprès des familles est délicate
.
Plus d’obligation pour les familles de déclarer la COVID-19
Depuis mardi, le gouvernement n’exige plus que les familles d’enfants informent les écoles ou les garderies quand leur enfant est atteint de la COVID-19.
Moi ça me pose problème, et mon employée aussi, comme j’ai dit, on est dans la soixantaine toutes les deux [...] mais c’est pas évident, c’est délicat. Mais je pense que les parents de ma garderie me le diraient si un enfant avait la COVID.
L'avantage, ajoute Céline Yergeau, d'exploiter une petite garderie en milieu familial.
Moi, comme directrice, ça m’inquiète
, affirme de son côté Jocelyne Isabelle. La gestion devient beaucoup plus difficile parce que [...] c’est sûr que si les enfants viennent possiblement infectés et que mon personnel est malade après, vaccinés ou pas, alors moi il me manque du personnel.

Le personnel de garderie au Yukon n'a pas l'obligation d'être vacciné contre la COVID-19.
Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson
Mais le plus difficile, selon la directrice de la Garderie du petit cheval blanc, c’est le manque de communication directe de la part du gouvernement. Les situations changent à répétition et ce qui est un peu dommage aussi c’est qu'il y a des annonces qui sont faites avant même qu’on ait des consignes.
Ainsi, elle n’a toujours pas reçu les directives entourant les tests rapides promis aux institutions lors d’un point de presse plus tôt cette semaine. Céline Yergeau ajoute qu’il lui faut à chaque fois demander la traduction de ces directives, ce qui peur prendre, estime-t-elle, jusqu’à trois semaines à obtenir.