Le deux tiers des non-vaccinés adhèrent à une certaine vision complotiste, selon une étude

Les personnes non vaccinées sont en bonne parties influencées par une vision complotiste.
Photo : Getty Images / Luke Dray
Le deux tiers des non-vaccinés au Québec adhèrent à une vision complotiste, à un certain degré. C'est ce que révèlent les résultats d'une étude menée par la Dre Mélissa Généreux, médecin et professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l'Université de Sherbrooke.
Des experts en science de la communication, en science politique ainsi qu’en santé publique se sont associés pour préparer un questionnaire afin de mieux comprendre les motivations des non-vaccinés. L’équipe de recherche de l'Université de Sherbrooke a ainsi sondé 10 000 Québécois depuis le début de la pandémie sur cette question.
Ce sont des gens qui vont penser qu’il est grand temps qu’on se réveille et qu’on commence à poser des questions sur la soi-disant pandémie, qui croient que la vérité est cachée au public. Mais je pense qu’il y a une échelle là-dedans.

24•60 : entrevue avec la Dre Mélissa Généreux.
La Dre Généreux affirme qu'elle a voulu dresser le portrait des non-vaccinés afin de mieux comprendre leurs motivations. J’avais l’hypothèse en tête qu’il y a plus d’un profil, que tous les non-vaccinés ne sont pas nécessairement complotistes et qu’une solution unique ne marchera pas pour convaincre l’ensemble des non-vaccinés
, explique-t-elle.
Les résultats de cette étude démontrent ainsi qu'une bonne partie des non-vaccinés adhère à certaines visions complotistes, sans pour autant l'être.
Miser sur le tiers des non-vaccinés
Selon la docteure, les résultats indiquent l'intérêt de se concentrer sur le tiers des personnes qui n'adhère pas à cette vision pour tenter de les convaincre d'obtenir leur première dose.
Ce tiers-là se distingue par le fait qu'ils sont moins de droite dans leur idéologie politique. Ils perçoivent davantage la menace liée à la COVID, ils sont davantage enclins à adhérer aux mesures sanitaires. Ils ont une méfiance envers les autorités, mais pas au même niveau que les complotistes
, explique la Dre Généreux.
Elle ajoute que ces personnes ont également plus tendance à s’informer dans les médias traditionnels et moins sur les réseaux sociaux.
Il y a des pistes vraiment intéressantes axées sur le dialogue et l'ouverture envers ces gens-là qui ont besoin d’un accompagnement plus intense pour prendre les bonnes décisions.
Elle estime que la mise en place de brigades bienveillantes qui sillonnent les quartiers pourrait être une bonne solution pour aller à la rencontre de ces gens et les informer. Une pratique qui est déjà en cours à Sherbrooke, mais qui pourrait aussi être implantée ailleurs.

Selon l'étude menée par la Dre Généreux, il y a intérêt à se concentrer sur le tiers des gens qui n'adoptent pas à ces théories du complot.
Photo : Radio-Canada
Éviter la division
Le discours qui divise dérange la Dre Mélissa Généreux. Parler des 10 % opposés au 90 %, dans ce discours-là je pense qu’il y a un risque de créer deux clans, donc de diviser la population. À mon sens, c’est vraiment pas la voie à prendre
, estime-t-elle.
Selon l'étude, les non-vaccinés sont d'ailleurs nombreux à ressentir une stigmatisation de la part des autorités, d'où l'importance de changer le discours, croit-t-elle.
La docteure ajoute que son expérience liée à la tragédie de Lac-Mégantic, aux feux de forêt de Fort McMurray et à d’autres tragédies lui confirme l’importance de miser sur le dialogue.
Il y a un risque qu’on devienne corrosif comme société si on alimente des discours qui divisent comme ça. On doit miser sur ce qui est rassembleur. On a une lutte commune et on veut tous la fin du virus et des mesures sanitaires.
Selon elle, il est important de respecter le fait que les citoyens n’en sont pas tous au même point dans leur cheminement par rapport au vaccin. Chacun doit y aller à son rythme, je crois qu’on va créer beaucoup plus de liens forts pour la suite avec cette approche-là.