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Trudeau prolonge la mission de formation des Forces armées canadiennes en Ukraine

Ottawa fournira aussi à Kiev du matériel militaire « non létal », comme des vestes pare-balles.

Justin Trudeau en point de presse.

« Notre engagement continu envers l'opération UNIFIER garantit le soutien continu des Forces armées canadiennes aux Forces de sécurité de l'Ukraine afin que l'Ukraine puisse défendre sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale », a déclaré le premier ministre Trudeau, mercredi.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

L'opération UNIFIER des Forces armées canadiennes (FAC), qui devait se terminer à la fin de mars, se poursuivra trois ans de plus afin de soutenir l'Ukraine, au moment où des soldats russes sont positionnés de l'autre côté de sa frontière orientale. La mission canadienne sera également élargie.

Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l'annonce mercredi après-midi en compagnie de la vice-première ministre Chrystia Freeland, de la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, et de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Sa décision a été partagée avec la presse au terme d'une retraite virtuelle du Conseil des ministres qui s'était amorcée lundi.

Le premier ministre doit composer ces jours-ci avec des pressions croissantes afin qu'il prenne de nouvelles mesures pour aider l'Ukraine dans la crise qui l'oppose à la Russie. Kiev demande notamment à Ottawa de lui fournir des armes, mais l'aide du gouvernement canadien s'est limitée jusqu'ici à une aide financière et logistique.

Justin Trudeau, masqué, en compagnie des ministres Mélanie Joly et Anita Anand, masquées elles aussi.

Le point de presse du premier ministre Trudeau et de son cabinet a permis au gouvernement libéral de faire le point sur la situation en Ukraine, où la tension est vive depuis que la Russie a stationné des dizaines de milliers de soldats près de la frontière entre les deux pays.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Entre autres efforts, les FAC ont depuis plusieurs années déployé en Ukraine des experts afin d'offrir des formations aux troupes ukrainiennes dans le cadre de l’opération UNIFIER.

Mercredi, le gouvernement canadien a annoncé que cette campagne sera prolongée jusqu'en mars 2025 et que 60 militaires se joindront dans les prochains jours aux 200 qui se trouvent déjà sur place, avec la possibilité de porter l’effectif total à 400.

Cette mission – qui s'ajoute à la mobilisation d'environ 900 membres des FAC en Europe centrale et en Europe de l'Est dans le cadre de l'opération REASSURANCE – n'a toutefois pas pour objectif de prendre part à d'éventuels combats, a rappelé Justin Trudeau.

La protection des militaires canadiens est évidemment une priorité pour nous, et il y a des plans de contingence si jamais la Russie décide, malgré tous les efforts diplomatiques et autres des pays alliés, d'envahir l'Ukraine, a assuré le premier ministre.

Selon ce dernier, plus de 30 000 soldats ukrainiens ont pu profiter des formations offertes dans le cadre de l'opération UNIFIER depuis le lancement de celle-ci, en 2015.

Pas d'armes, mais du matériel militaire non létal

Dans son annonce, Justin Trudeau a également affirmé mercredi que le gouvernement canadien enverra en Ukraine du matériel militaire non létal, comme des vestes pare-balles et de l'équipement optique, et qu'il aidera ce pays d'Europe de l'Est à recueillir des renseignements et à contrer les cyberattaques.

« C'est la meilleure façon pour le Canada d'aider et c'est une extension de notre ferme conviction que de défendre l'Ukraine signifie être là pour qu'elle puisse parler et se défendre, tout en continuant à rechercher une solution diplomatique à tous les niveaux. »

— Une citation de  Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Contrairement aux États-Unis, le Canada n'enverra pas d'armes offensives en Ukraine, a cependant souligné la ministre Joly, qui s'est rendue sur place plus tôt ce mois-ci.

La solution diplomatique est la seule option pour la Russie, a-t-elle déclaré. Si la Russie poursuit ses agressions envers l'Ukraine, il y aura des conséquences importantes, incluant des sanctions coordonnées avec nos alliés.

Déçues, les troupes conservatrices d'Erin O'Toole ont reproché mercredi au gouvernement libéral de ne pas vouloir fournir des armes de défense létales aux Ukrainiens, comme l'ont pourtant fait plusieurs pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, la Pologne et la République tchèque.

L’inaction du premier ministre Trudeau remet en question le soutien du gouvernement libéral à l’Ukraine dans sa lutte contre les attaques de la Russie, ont-elles déclaré par communiqué. Le temps des demi-mesures est révolu depuis longtemps. L’Ukraine a besoin du soutien du Canada et, aujourd’hui, M. Trudeau l’a laissée tomber.

Le Parti conservateur estime que le Canada devrait rediriger vers l'Ukraine des armes qui étaient à l'origine destinées aux combattants kurdes du nord de l'Irak.

De nouvelles sanctions économiques dans la mire du Canada

Si l'octroi à l'Ukraine d'armes létales est exclue, le premier ministre Trudeau affirme cependant avoir discuté de la possibilité d'une nouvelle série de sanctions coordonnées lors d'un appel téléphonique mercredi avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Nous avons convenu que des sanctions fortes, cohérentes et alignées sur des individus, sur des institutions financières, sur d'autres domaines et secteurs de l'économie vont être extrêmement importantes, a déclaré le premier ministre.

La Russie ne doit pas se faire d'illusions sur le fait que l'approche concertée des démocraties occidentales sera claire et énergique pour ce qui est des impacts économiques sur la Russie, a-t-il prévenu.

En entrevue à l'émission 24·60 sur ICI RDI, mercredi soir, la ministre Anand a précisé que depuis l'invasion russe de la Crimée, en 2014, le Canada avait sanctionné 440 organisations et personnes liées au Kremlin.

Anand part pour la Lettonie et l'Ukraine

Moscou a mobilisé jusqu'à 100 000 soldats aux frontières de l'Ukraine, ainsi que des chars et d'autres pièces d'artillerie lourde, ce qui fait craindre une invasion russe à l'OTAN, à l'Union européenne et aux États-Unis.

La Russie a démenti une telle avenue. Elle réclame toutefois l'assurance que l'Ukraine ne se joindra pas à l'Alliance atlantique – ce que refusent non seulement les États-Unis, mais aussi le Canada, a confié la ministre Anand à Anne-Marie Dussault, mercredi soir.

Nous n'acceptons pas d'exclure la possibilité que des pays se joignent à l'OTAN, a-t-elle confirmé, faisant valoir que chaque pays a le droit de décider, de choisir ou non, de joindre des organisations comme ça.

Pour résister à l'agression russe et à la désinformation effectuée par le gouvernement russe lui-même, la ministre Joly a promis mercredi d'augmenter la capacité du corps diplomatique canadien à Ottawa et à Kiev. Nous aurons plus de ressources pour analyser la situation et y répondre sur place, a-t-elle promis.

De plus, la ministre Anand se rendra en Lettonie et en Ukraine pour rendre visite aux membres des FAC qui sont déployés dans ces pays, a fait savoir Justin Trudeau mercredi. Ce voyage aura lieu dans les prochains jours, a-t-il précisé.

Un intérêt national clair et urgent

Le Canada compte une forte proportion d'habitants qui affirment avoir des racines ukrainiennes. En 2016, plus d'un million de Canadiens revendiquaient de telles origines.

C'est notamment le cas de la vice-première ministre Chrystia Freeland, qui a pris soin mercredi de mentionner que cette ascendance n'avait aucun effet sur ses décisions concernant l'Ukraine. Au contraire, le Canada a dans ce dossier un intérêt national clair et urgent, a-t-elle plaidé.

« Il s'agit d'une lutte entre la démocratie et l'autoritarisme. »

— Une citation de  Chrystia Freeland, vice-première ministre du Canada

Le premier ministre Trudeau a également promis mercredi 50 millions de dollars en aide au développement et en aide humanitaire à l'Ukraine.

En tout, l'annonce de mercredi est évaluée à 340 millions, une somme qui s'ajoute au prêt de 120 millions offert la semaine dernière pour aider l'économie du pays à se stabiliser.

Dans une déclaration écrite, Kiev a remercié Ottawa et la communauté ukrainienne du Canada pour son appui, mercredi soir. Son chargé d'affaires Andrii Bukvych a toutefois redemandé au gouvernement Trudeau de fournir des armes à l'Ukraine, soutenant que trois Canadiens sur quatre seraient en faveur d'une telle entreprise.

Avec les informations de La Presse canadienne, et Reuters

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