•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Santé mentale : des élèves demandent plus de soutien et de formation dans leurs écoles

Arrière-plan flou de jeunes à l'extérieur.

De jeunes ontariens demandent un meilleur accès au soutien en santé mentale dans leurs écoles.

Photo : getty images/istockphoto / efetova

Près de 80 % des répondants à un récent sondage de 1042 élèves, âgés de 12 à 19 ans, demandent un meilleur accès à du soutien psychologique dans leurs écoles.

L'Association pour la jeunesse de Toronto a effectué ce sondage à travers la province, durant un mois, de la fin décembre à la mi-janvier, afin de connaître l'état d'esprit des jeunes après près de deux ans de pandémie.

Le Toronto Youth Cabinet a aussi préparé une liste de cinq recommandations pour le ministère de l'Éducation.

Parmi les répondants, 94,9 % estiment qu'il faudrait rendre obligatoire une littératie en santé mentale dans le curriculum d'éducation de la province et 98,2 % des répondants pensent que les enseignants et le personnel d'éducation devraient recevoir une formation en santé mentale.

Une chose qui a retenu mon attention, c'est que 56,3 % des élèves disent avoir des travailleurs de santé mentale dans leur école, mais il semble que l'accès à du soutien mental soit compliqué car 79 % d'entre eux ont dit avoir du mal à avoir accès à du soutien dans leur école, indique Stephen Mensah, directeur exécutif de Toronto Youth Cabinet. Le jeune homme aimerait comprendre pourquoi afin d'en tirer des solutions.

Certains élèves noirs demandent aussi plus de représentation dans le corps professionnel en santé mentale, ajoute Merveille Madeda, assistante à la direction de l'association. Selon elle, ce manque de représentation fait en sorte que des élèves vont hésiter à demander de l'aide. Dans le sondage, ils étaient 67,7 % à dire qu'avoir accès à du personnel de soutien de santé mental BIPOC est important.

Une adolescente dans un escalier, elle a la tête dans ses propres bras.

Le nombre d'hospitalisations chez les jeunes pour des troubles alimentaires ou des idées suicidaires ont augmenté durant la pandémie.

Photo : Getty Images / AngiePhotos

Les élèves sondés ont placé l'anxiété comme étant le problème de santé mentale le plus courant (56,3 %), suivi de la dépression (30,8 %).

Selon le Dr Peter Szatmari, psychiatre pour les enfants à CAMH, les demandes pour des services en santé mentale d'urgence ont bondi. Surtout ceux qui arrivent dans le département d'urgence pour de l'aide de crise. Pour les enfants qui avaient déjà des problèmes de santé mentale, ils se sont exacerbés durant la pandémie, dit-il. Les troubles alimentaires ont aussi largement augmenté note le psychiatre, ainsi que l'automutilation chez les jeunes.

Cinq recommandations au gouvernement

M. Mensah explique qu'après la divulgation du sondage sur leurs plateformes, mercredi, il y a cinq recommandations-clés que l'association veut mettre de l'avant auprès du ministère de l'Éducation au cours des deux prochaines semaines.

« On va demander [au gouvernement] de rendre obligatoire une littératie sur la santé mentale dans le programme d'études, parce que c'est important de normaliser la conversation autour de ces problèmes, spécialement pour briser la stigmatisation qui existe toujours. »

— Une citation de  Stephen Mensah, directeur, Toronto Youth Cabinet
Stephen Mensah, directeur, Toronto Youth Cabinet

Stephen Mensah, directeur, Toronto Youth Cabinet

Photo : Radio-Canada

La formation de tout le personnel scolaire fait aussi partie des recommandations. Pas seulement des enseignants, mais de tout le monde qui travaille avec des élèves, et qui serait capable de les mettre en contact avec le soutien nécessaire, ajoute-t-il. Selon l'association, une intervention assez rapide auprès des élèves qui vivent de l'anxiété, par exemple, pourrait éviter bien des dommages à long terme sur leur éducation. S'assurer que les problèmes existants n'empirent pas, dit-il.

Il faudrait également plus de personnel dédié au soutien mental dans les écoles, selon l'association, qui demande à ce que leur nombre soit davantage ajusté à celui des élèves dans les écoles. Mais aussi que ce personnel puisse mieux représenter les élèves, car c'est important pour eux pour accorder leur confiance, ajoute Mme Madeda.

Enfin, l'association souhaite demander au gouvernement d’autoriser les élèves à s’absenter de l’école pour des raisons de santé mentale, et que cela soit reconnu, et écrit dans la Loi sur l'éducation. Ce serait une absence excusée, par exemple pour ceux ayant des problèmes d'anxiété, cela leur permettrait de prendre une journée de pause, précise Mme Madeda.

Merveille Madeda, assistante à la direction,  Toronto Youth Cabinet

Merveille Madeda, assistante à la direction, Toronto Youth Cabinet

Photo : Radio-Canada

« Il y a des progrès en terme de reconnaissance des problèmes de santé mentale, mais on aimerait demander au gouvernement de reconnaître officiellement que les élèves peuvent prendre une pause, une journée, pour prendre soin de leur santé mentale. »

— Une citation de  Merveille Madeda, assistante à la direction, Toronto Youth Cabinet

On veut aussi s'assurer que si cette journée est reconnue, ils n'ont pas à donner une note médicale, parce que certains n'ont pas accès si facilement à un médecin, ajoute M. Mensah.

Le Dr Peter Szatmari estime aussi que le soutien dans les écoles va être vital au cours des prochains mois et à long terme. Il faut que l'école soit un environnement protecteur, dit-il.

Un sentiment d'abandon

M. Mensah raconte que plusieurs élèves sondés ont partagé leur sentiment d'abandon par le corps professoral et un manque d'empathie. Nous sommes toujours des enfants et pourtant, nous ne nous sentons plus comme tels. C'est ce qu'un répondant a écrit, cite-t-il en exemple.

Certains disent aussi souffrir de l'isolement, avoir l'impression que les adultes ne s'en préoccupent pas et lancent des appels à l'aide. Des élèves ont l'impression que leur santé mentale n'est pas prise en considération, même s'il y a plus de reconnaissance. La pandémie a augmenté l'anxiété pour certains d'entre eux et ils ne savent pas comment gérer cela, ajoute Mme Madeda.

Une crise qui empire

Le système de santé mentale pour les enfants était déjà en crise avant la pandémie, rappelle le Dr Szatmari. Il n'y avait déjà pas assez de soutien avant la pandémie et cela n'a fait qu'empirer.

« Nous avons besoin d'une gamme de services et de soutien qui sont spécialisés, de gestion de crise et de soutien à long terme. Pour certains enfants, cela va prendre du temps avant qu'ils ne se rétablissent, notamment ceux ayant perdu un parent, un grand-parent ou dont la famille a vécu des problèmes financiers. »

— Une citation de  Dr Peter Szatmari, psychiatre pour enfants, CAMH

Selon le psychiatre, il faut du soutien mental accru non seulement dans les écoles, mais aussi auprès des familles, particulièrement celles qui sont marginalisées. Que ce soit des services en santé mentale, mais aussi un soutien financier. Il estime aussi qu'il faudra que les institutions soient mieux préparées à l'avenir pour apporter du soutien en santé mentale aux enfants.

Au cours des prochaines semaines, le Toronto Youth Cabinet prévoit donner au gouvernement un communiqué conjoint avec une soixantaine d'organismes pour la santé mentale des jeunes, de santé et de syndicats d'enseignants mettant l'emphase sur les besoins en santé mentale des jeunes. On veut vraiment trouver des solutions pour nos élèves, conclut M. Mensah.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...