Mort d’Olivier Bruneau : enfin une enquête du coroner

Olivier Bruneau a perdu la vie dans un accident de travail sur un chantier de construction à Ottawa, le 23 mars 2016 (archives).
Photo : Facebook
Une date a été fixée pour l'enquête du coroner sur la mort d'Olivier Bruneau, écrasé par un bloc de glace sur un chantier de construction à Ottawa, il y a près de six ans.
Radio-Canada a appris que l'enquête du coroner doit commencer le 25 juillet 2022 et porter sur quatre points en particulier.
Enfin, on va avoir l'enquête du coroner. Ça fait six ans que la famille aimerait bien pouvoir poser des questions pour comprendre exactement ce qui s'est passé
, a réagi Christian Bruneau, le père d'Olivier.
Je ne pense pas que ce soit raisonnable qu'on garde une famille ainsi en otage en attente de réponses à ses questions
, a-t-il ajouté.

Christian Bruneau cherche toujours les réponses sur les circonstances entourant la mort de son fils. À l’arrière-plan, la tour Claridge Icon, dont la construction est maintenant terminée.
Photo : Radio-Canada
La tour de condos du promoteur immobilier Claridge Homes, à l'angle des rues Preston et Carling, à Ottawa, est maintenant construite.
Mais le 23 mars 2016, Olivier Bruneau travaillait au fond de l'excavation de neuf étages de profondeur quand un morceau de glace s'est détaché d'une paroi et l'a écrasé à mort. L'arpenteur gatinois avait 24 ans.
Quatre points sous la loupe
Selon les informations obtenues par Radio-Canada, l'enquête du coroner va examiner quatre points en particulier :
- les protocoles de sécurité pour le chantier, surtout par rapport à l'enlèvement de la glace et à l'atténuation des dangers posés par la chute de glace;
- les protocoles d'inspection, y compris toute inspection de suivi du chantier, après que des questions de sécurité ont été soulevées;
- les critères de réouverture du chantier après sa fermeture pour des raisons de sécurité à la suite d'un incident au début février 2016;
- la création de zones d'exclusion sur le chantier en réponse à l'incident antérieur impliquant un autre travailleur.
Les deux derniers points portent sur un incident qui s'est produit sur le même chantier, le mois avant la mort d'Olivier Bruneau.
En février 2016 , un autre travailleur a été heurté par un morceau de glace, mais s'en est tiré sans blessure grave.

Le jour de l’accident mortel, de grands morceaux de glace sont visibles sur les parois de l’excavation.
Photo : Radio-Canada / Giacomo Panico
En fait, avant la mort d'Olivier Bruneau, trois incidents semblables avaient eu lieu sur ce même chantier, comme l'avait révélé une enquête de Radio-Canada en 2018.
La loi ontarienne sur la santé et la sécurité au travail (règlement de l'Ontario sur les chantiers de construction) est pourtant claire : Les parois de l’excavation doivent être débarrassées des roches branlantes et autres matériaux qui pourraient glisser, rouler ou tomber sur des travailleurs
.
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À la recherche de réponses
Le père d'Olivier Bruneau affirme que les quatre points retenus pour l'enquête du coroner concordent avec les interrogations qu['il a en] tête
.
Je m'explique mal comment pendant des mois, de décembre jusqu'au moment de l'accident, ce chantier-là a pu être opéré en violation des règles du ministère du Travail. Ça n'a pas de sens
, soutient Christian Bruneau.
En 2019, la famille Bruneau espérait qu'un procès vienne jeter la lumière sur les circonstances entourant la mort d'Olivier.
Mais le procès n'a pas eu lieu, parce que les entreprises Claridge Homes et Bellai Frères Construction, l'employeur d'Olivier Bruneau, et deux superviseurs ont plaidé coupables de ne pas avoir veillé à ce que le mur de l'excavation soit libre de toute matière susceptible de tomber sur un travailleur. Ils ont écopé d'amendes.
L'enquête du coroner qui doit commencer le 25 juillet 2022 et durer cinq jours a pour but de faire des recommandations pour éviter d'autres accidents. Mais pour la famille Bruneau, qui aura le droit d'interroger des témoins, ce sera enfin l'occasion d'obtenir des réponses aux questions qui la hantent depuis bientôt six ans.