Les sages-femmes lutteront désormais contre la pandémie à salaire égal
Les sages-femmes bénéficieront désormais des mêmes avantages financiers que ceux consentis aux autres travailleurs de la santé appelés à mettre les bouchées doubles pour maintenir à flot le système hospitalier ébranlé par la pandémie.

Les sages-femmes sont heureuses de bénéficier de nouveaux avantages dans leur pratique en contexte de pandémie.
Photo : iStock
Josyane Giroux, présidente du Regroupement des sages-femmes du Québec, est soulagée, tout comme ses collègues, que leur travail soit reconnu à sa juste valeur.
Le gouvernement a accepté que l’arrêté 2022-003, qui consent des mesures financières incitatives au personnel de la santé pour les encourager à accepter des quarts de travail supplémentaires, inclue aussi le personnel de catégorie 5. Cette catégorie englobe les sages-femmes ainsi que les pharmaciens d'établissement, les biochimistes cliniques et les physiciens médicaux, notamment. Un tout nouvel arrêté ministériel vient d’être publié le confirmant.
Concrètement, les sages-femmes pourront bénéficier d’une majoration des heures supplémentaires travaillées dans leurs services habituels ou lorsqu’elles sont redéployées dans le réseau de la santé pour y effectuer des tâches équivalentes à celles d’un autre salarié.
Ces mesures sont d'autant plus bienvenues que les sages-femmes étaient jusqu'ici parmi les rares à ne pas recevoir les primes que les autres travailleurs recevaient, souligne Mme Giroux. Elles permettront aussi d’aider à compenser le manque de personnel provoqué par un problème de rétention dans la profession, accentué depuis le début de la pandémie.
« C’est une grande victoire, parce que ça soulage les sages-femmes qui sont interpellées de toutes parts. Ça va permettre le maintien de nos services et nous motiver à continuer à en faire plus », déclare Josyane Giroux.
« C’est une question d’équité et de reconnaissance de ce qui est fait sur le terrain. »
Maintien des soins pour les femmes atteintes de la COVID-19
Les sages-femmes se réjouissent pour une autre raison. Les directives sur la pratique de leur métier ont récemment été mises à jour pour leur permettre de continuer à servir les membres de leur clientèle qui ont contracté la COVID-19 ou qui en présentent des symptômes.
« Il importe de rehausser la contribution des sages-femmes à la prise en charge de la clientèle en première ligne afin de maintenir les services obstétricaux et de soutenir la capacité hospitalière. »
Dans les derniers mois, les soins devaient être transférés au personnel hospitalier lorsqu’une femme enceinte suivie par une sage-femme contractait la COVID-19, surtout en fin de grossesse.
Les sages-femmes pourront désormais maintenir les consultations prénatales et postnatales en présence. Les accouchements de patientes infectées par la COVID-19 se dérouleront à l’hôpital sous les soins de la sage-femme, afin de limiter les risques d’éclosion en maison de naissance.
« Ça fait un moment qu’on souhaitait cela, parce que c’est comme ça ailleurs au Canada », explique Josyane Giroux. « Ça va ôter un stress aux femmes que l’on suit. »
Optimiser leur contribution pour soulager le réseau hospitalier
Même si elle est heureuse de ces récentes décisions gouvernementales, Josyane Giroux souhaiterait que ses membres contribuent d’une manière plus optimale
à l’effort de désengorgement des hôpitaux.
Elle trouve par exemple peu indiqué qu’elles soient parfois, ces temps-ci, sollicitées pour venir prêter main-forte auprès des unités d’obstétrique dans les régions en haut niveau de délestage, comme le prévoit Québec.
Mme Giroux pense que les sages-femmes devraient plutôt concentrer leurs efforts sur les visites postnatales à domiciles pour « libérer les équipes infirmières, soulager le réseau et sortir les familles de l’hôpital rapidement et ainsi limiter les risques de contagion ».
« Notre expertise, c’est travailler à l’extérieur de l’hôpital », souligne-t-elle.
« Pour la suite de la crise, nous souhaiterions que des congés précoces soient donnés aux familles pour que les sages-femmes puissent faire des visites à domicile et ainsi soulager les équipes infirmières et le réseau hospitalier. »
Elle précise que cela n’est pas facile à mettre en place, notamment en raison de certaines résistances du réseau hospitalier, concernant notamment la pratique habituelle des pédiatres de donner le congé de l’hôpital aux poupons 48 heures après leur naissance.
Les biochimistes cliniques et pharmaciens d’établissement aussi satisfaits
Nicolas Gauthier, vice-président de l’Association des biochimistes cliniques du Québec (ABCQ) est satisfait de la décision, puisque ses membres souhaitaient eux aussi bénéficier des avantages consentis au reste du personnel de la santé.
Nous sommes souvent oubliés. Pourtant, on joue un rôle central depuis le début de la pandémie
, dit-il.
Les biochimistes cliniques gèrent et surveillent la qualité des tests de laboratoire en biochimie pour le réseau public de la santé et ont été très sollicités dans les deux dernières années, ajoute-t-il.
L'Association des pharmaciens d’établissement (APES), elle, répond qu’il s’agit « d’une marque de reconnaissance à l’égard du caractère essentiel de notre travail ».