Projet d’usine de granules à Cacouna
La filière commence à s'établir au Bas-Saint-Laurent

Les granules de bois peuvent notamment servir pour le chauffage.
Photo : iStock
Après plusieurs études, des essais infructueux et des espoirs déçus, deux usines de fabrication de granules de bois destinées au marché européen devraient amorcer leur production sous peu au Bas-Saint-Laurent.
Le Groupe LeBel vient d'obtenir l'autorisation environnementale pour la construction d'une usine qui sera située à Cacouna, où l'entreprise louperivoise possède déjà des installations.
On ne peut rien confirmer, il reste des choses à attacher et il y aura une annonce dans quelques semaines
, s'est contenté de dire le PDG du Groupe LeBel, Frédéric LeBel lors d'une brève discussion téléphonique.
Le Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent travaille déjà depuis plusieurs mois sur ce dossier.
Un pacte pour approvisionner en partie la future usine est même négocié, nous a confirmé son directeur Charles-Edmond Landry.
On a un potentiel pour fournir de 150 000 à 200 000 tonnes
, soutient-il, sans préciser la quantité de biomasses que les producteurs privés devraient livrer à la future usine de Cacouna.
Une seconde usine, celle de GDS à Lac-au-Saumon, devrait entrer en production à la mi-février, après quelques mois de retard sur l'échéancier original.
L'usine de Lac-au-Saumon produira annuellement environ 100 000 tonnes de granules.
On est en train de mettre en place des structures qui vont être là pour demeurer
, se réjouit Charles-Edmond Landry.
En 2014, son organisation misait beaucoup sur l'implantation de deux usines de la compagnie Biopellets, à Saint-Jean-de-Dieu et dans la Matapédia. Un projet qui n'a jamais vu le jour finalement et pour lequel le syndicat avait investi temps et ressources.
L'Europe : la manne
Les deux producteurs bas-laurentiens visent surtout l'exportation en Europe où la granule est vue par certains pays comme une solution à la décarbonisation de la production d'énergie.
Des centrales d'électricité au charbon ont d'ailleurs déjà été converties en centrales aux granules en Grande-Bretagne.
L'Europe importe au-dessus de 10 millions de tonnes de granules par année
, précise le directeur du Groupe granules du Bureau de promotions des produits de bois du Québec, John Arsenault.
En Europe il y a des programmes qui subventionnent l'énergie renouvelable, donc la granule peut remplacer le charbon
, ajoute-t-il.
Sans cette manne, le marché local québécois serait insuffisant pour justifier l'arrivée du Groupe LeBel et de GDS dans l'industrie de la granule.
John Arsenault estime que le marché mondial croit d'environ deux millions de tonnes annuellement, la part du lion revenant à l'Europe.
Mais pour exporter des dizaines de milliers de tonnes de granules, il faut évidemment accéder à un port qui est adapté pour ce type de transbordement.
Si GDS s'est tourné vers celui de Belledune, au Nouveau-Brunswick, le Groupe LeBel lorgne celui de Gros-Cacouna.
Le Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent a d'ailleurs financé une étude environnementale, grâce à l'un de ses fonds, pour déterminer les possibilités de transbordement à Gros-Cacouna.
Cela nécessiterait des investissements importants, mais demeurerait la solution la plus simple pour le Groupe LeBel.
Le port de Québec pourrait aussi être considéré puisque les installations y sont déjà.
Copeaux recherchent deuxième vie
L'intérêt du Groupe LeBel et de GDS, deux industriels du sciage, pour la production de granule n'est pas fortuit.
Depuis quelques années, la demande pour les résidus de sciages, les copeaux, est à la baisse.
On a eu malheureusement au fil des années des fermetures à gauche et à droite de papetières
, souligne John Arsenault. L'industrie des pâtes et papiers a besoin des copeaux pour sa production.
La fabrication de granules devient donc une solution pour éviter que les résidus ne s'entassent dans la cour des scieries.