Le marché du cannabis pourrait avoir atteint un « point de saturation »

Jamy McKenzie est le gérant du magasin Pop's Cannabis dans la région de Hanmer du Grand Sudbury.
Photo : CBC/Erik White
Trois ans après que le premier magasin de cannabis légal ait été approuvé dans le Nord-Est de l'Ontario, il y a maintenant 88 dispensaires autorisés dans la région.
Cela comprend 24 points de vente dans le Grand Sudbury, 17 à North Bay, 11 à Sault-Sainte-Marie, dix à Timmins et au moins un ou deux dans la plupart des villes de taille moyenne.
La légalisation a démarré lentement en Ontario, avec le projet libéral d'une chaîne de dispensaires du même type que la Régie des alcools, qui a été abruptement abandonné lorsque les progressistes-conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2018.
Après un système de loterie pour accorder les premières licences, avec un nombre fixe autorisé dans chaque région, la province a ouvert le marché en décembre 2019.

Pop's Cannabis se concentre sur les petites villes de l'Ontario, notamment Kapuskasing, Kirkland Lake et Sturgeon Falls.
Photo : CBC/Erik White
Maintenant, les règlements pour l'ouverture d'un magasin de cannabis sont similaires à l'obtention d'un permis d'alcool pour un bar ou un restaurant.
Les ventes dans le Nord de l'Ontario sont passées de 1,7 million de grammes d'une valeur totale de 15 millions de dollars en 2020 à 10,7 millions de grammes pour 87 millions de dollars l'an dernier.
Nous avons sans doute dépassé le point de saturation
, affirme Eugene Konarev, créateur de la marque Highlife, dont le magasin de Sudbury a été le premier détaillant de cannabis autorisé dans le Nord de l'Ontario.
Highlife a maintenant un magasin à Sault-Sainte-Marie et prévoit également des emplacements à Hanmer et Lively, mais M. Konarev affirme que les ventes sont quelque peu stables
avec tous les nouveaux concurrents.

Highlife à Sudbury a été le premier magasin de cannabis autorisé à ouvrir dans le Nord de l'Ontario.
Photo : CBC / Jamie-Lee McKenzie
Il y a trois ans, les propriétaires d’édifices considéraient un magasin de cannabis comme un locataire douteux
et leur demandaient souvent des loyers plus élevés, tandis qu'aujourd'hui, ils sont plus préoccupés par un magasin ayant un plan d'affaires solide pour pouvoir survivre dans un marché aussi compétitif, selon M. Konarev.
Aussi difficile qu'il soit de réaliser des profits dans ce marché saturé, si votre loyer est trois fois supérieur à celui de votre voisin, vous ne survivrez probablement pas longtemps.
Robert Carroll est PDG de Due North Cannabis, qui compte deux emplacements à Sault-Sainte-Marie avec un troisième envisagé.
Je pensais que ce serait un moyen rapide pour devenir riche, mais les marges ne sont pas énormes
, dit-il.

Due North Cannabis tente de se démarquer des autres avec une identité canadienne.
Photo : Due North Cannabis
Pop's Cannabis a ouvert son premier magasin à Sturgeon Falls l'an dernier et compte maintenant une douzaine d'emplacements, notamment à Kirkland Lake et à Kapuskasing.
Le président Ryan Dymond affirme qu'il espère que tous les nouveaux magasins de cannabis puissent survivre à long terme, mais d'un point de vue logistique, ce n'est tout simplement pas probable
.
Nous étions un peu agressifs au départ. Nous avons ouvert 12 sites en sept mois et maintenant je ralentis ce déploiement
, ajoute-t-il.
Luc Dinnissen et son épouse ont ouvert Off the Stem en mars à côté du dépanneur qu'ils possèdent à Kapuskasing.
Il a dit que les petites villes sont généralement un peu en retard
sur les grands centres en ce qui concerne les nouveautés, mais un deuxième magasin de cannabis a ouvert quelques mois après eux.

Luc Dinnissen et sa famille se sont lancés dans le commerce du cannabis en ouvrant Off the Stem à côté de leur dépanneur à Kapuskasing.
Photo : Off the Stem
C'est un peu difficile d'évaluer si nous avons atteint le sommet du marché dans notre région. Il pourrait être possible pour nous deux de survivre ici. Le temps nous le dira
, affirme M. Dinnissen.
Certains analystes de l'industrie ont déclaré qu'un bon ratio est d'un magasin de cannabis pour 7 500 personnes, d'autres le situent plus près de 50 000 personnes pour un dispensaire.
Jay Rosenthal, directeur général d'une publication spécialisée appelée The Business of Cannabis, indique que la grande question pour la croissance future est de savoir combien de personnes achètent encore sur le marché noir et comment les faire passer au marché légal.
On évalue qu’entre 30 % et 50 % des clients potentiels achètent toujours auprès de vendeurs illicites.
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Avec les informations de CBC