Les maisons abordables se feront toujours rares en 2022

Le marché de l’immobilier demeurera tendu en 2022 à cause de la rareté des propriétés à vendre.
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
Les panneaux à vendre ont à peine le temps d’être installés que les acheteurs s’arrachent les propriétés, de plus en plus rares sur le marché. En 2022, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie n'échapperont toujours pas à la tendance provinciale.
Selon les courtiers immobiliers de la région, la vente des biens à des prix records devrait perdurer en 2022. Leur plus gros défi toutefois sera de trouver des propriétés à vendre.
Avant la pandémie, le nombre de biens à vendre à Rimouski oscillait autour de 500 propriétés. On en a entre 60 et 90 actuellement
, comptabilise Jonathan Castonguay, courtier immobilier. Et sur les maisons affichées, entre 20 et 30 ont déjà une promesse d’achat acceptée, et donc ne sont déjà plus disponibles
, précise-t-il.
Depuis 17 ans, je n'ai jamais vu un marché avec un stock aussi bas.

Jonathan Castonguay, courtier immobilier à Rimouski depuis 17 ans, n'a jamais connu un marché immobilier aussi tendu.
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
La rareté des biens sur le marché entraîne la surenchère. L'agent immobilier explique qu'il est courant de voir entre 10 et 20 acheteurs faire une offre sur une même propriété, depuis la pandémie.
Du côté de la Baie-des-Chaleurs, Louise Brash, courtière immobilière, dresse le même constat. J’ai inscrit une maison à Carleton il y a quelques semaines, en l’espace de deux jours, j’ai fait une quinzaine de visites, obtenu six offres et la maison est sortie au-dessus du prix
, raconte-t-elle.
Les offres multiples, je n'en avais pas fait souvent en 13 ans de carrière. Dans la dernière année, je n'ai eu pratiquement que ça!
Une hausse fulgurante du prix des propriétés
La rareté croissante des propriétés à vendre inquiète Charles Brant, directeur du service d’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Le déséquilibre entre l’offre et la demande a pour conséquence de faire monter la valeur des propriétés.
On a connu des hausses au-dessus de 20 % au Québec
, souligne Charles Brant. Il note que la progression des prix est très rapide par rapport à la croissance des revenus des ménages.

Charles Brant, directeur du Service de l’analyse du marché de l'APCIQ, s'inquiète du déséquilibre entre l'offre et la demande (archives).
Photo : Radio-Canada
La hausse des taux hypothécaires et celle de la mise de fonds, proportionnelle au prix des propriétés, sont des éléments qui limitent l'accès à la propriété pour la population locale
, estime-t-il.
Dans la région de la Baie-des-Chaleurs, par exemple, Louise Brash a conclu des transactions jamais vues auparavant. Des maisons avec une évaluation municipale à hauteur de 235 000 $ se sont vendues au-dessus de 500 000 $
, précise-t-elle.
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Pas assez de constructions neuves
Le manque de logements touche aussi le marché du neuf. L'Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) constate une baisse des mises en chantier en 2021, par rapport à l'année précédente, jugée extraordinaire.
Une baisse des constructions de 51 % est observée à Rivière-du-Loup, 42 % à Gaspé, 22 % aux Îles-de-la-Madeleine, 20 % à Matane et 8 % à Rimouski.
D'après Paul Cardinal, directeur économique à l'APCHQ, il est urgent de poursuivre la mise en chantier dans les régions de l'Est-du-Québec. Il y a dans l’Est des taux d’inoccupation qui sont inférieurs à 3 %, aux Îles-de-la-Madeleine, il n’y a pas d'inoccupation du tout
, donne-t-il en exemple.

Paul Cardinal estime que les coûts de construction d'une maison ont considérablement augmenté (archives).
Photo : Radio-Canada
Pour autant, il est conscient que la hausse du coût des matériaux va continuer de rendre difficile l'accessibilité des biens neufs pour les ménages québécois.
Ça coûte 20 % plus cher de construire une habitation neuve aujourd'hui. C'est la plus forte augmentation qu’on a connue depuis que les données sont compilées, en 1987.
D'après Paul Cardinal, seule une hausse de l’offre aurait pu aider à soulager les pressions importantes sur le marché de la revente. Mais ce ne sera pas pour cette année.
Toutefois, Louise Brash croit qu'une fois la pandémie terminée, le marché devrait se fluidifier. J’avais plusieurs propriétés à inscrire tout juste avant la pandémie, mais plusieurs aînés ont préféré rester dans leur maison plutôt que d'aller en résidence privée à cause du contexte sanitaire
, explique la courtière immobilière.
Avec les informations d’Alexandre Courtemanche et Fabienne Tercaefs