Le destin des hôtes d’Edward Snowden, entre recherche d’emploi et langue française
Ils vivent leur premier hiver à Montréal après avoir obtenu l'asile il y a quatre mois.

Nadeeka Dilrukshi Nonis (à gauche), Supun Thilina Kellapatha (à droite) et leurs enfants résident désormais à Montréal, après avoir hébergé Edward Snowden à Hong Kong en 2013.
Photo : Charles Contant / CBC
Connus pour avoir hébergé Edward Snowden dans leur petit appartement de Hong Kong quand le lanceur d’alerte était en fuite pour avoir dérobé des documents classifiés, les Sri-Lankais Supun Thilina Kellapatha et Nadeeka Dilrukshi Nonis goûtent à leur nouvelle vie montréalaise.
Premier hiver canadien, premières joies de l’hiver. Il n'y a pas de neige au Sri Lanka ni à Hong Kong!
fait remarquer Supun Thilina Kellapatha en regardant ses enfants se rouler joyeusement dans la poudreuse fraîchement tombée.
Cela fait quatre mois que la famille qui a aidé à héberger Edward Snowden à Hong Kong est arrivée à Montréal, après que le Canada lui a accordé l'asile.
Mes enfants ont un avenir prometteur à Montréal et c'est une ville paisible
, se réjouit M. Kellapatha.
Le périple jusqu’au Canada, cependant, n’a pas été sans embûches. Avant la naissance de leurs enfants, les époux ont quitté le Sri Lanka pour demander l'asile à Hong Kong.
C'est là qu'ils ont rencontré Edward Snowden, ancien agent de la CIA et sous-traitant de la NSA qui s'était réfugié à Hong Kong après avoir divulgué des documents classifiés.
Ces documents ont révélé le vaste système de cybersurveillance mis en place par les Américains pour collecter de façon massive le plus de données numériques possible.
Destins croisés
Philosophe, le couple estime que c’est le destin qui a conduit Edward Snowden à sa porte en 2013, un événement qui lui a ensuite permis de demander l’asile au Canada.
Quand [Snowden] a voulu partir, il y a beaucoup de pays dans le monde, mais il a choisi Hong Kong,
souligne Supun Thilina Kellapatha. Une histoire de destins croisés entre exilés, en somme.
La famille sri-lankaise a ensuite rejoint Vanessa Rodel à Montréal, une autre demandeuse d'asile qui, elle aussi, a aidé à héberger Edward Snowden à Hong Kong.
Le dernier ange gardien
du groupe, Ajith Pushpakumara, demeure à Hong Kong en attendant que son immigration soit approuvée par le Canada.
S'adapter à une nouvelle vie
Je parle un petit peu français et anglais
, s’enthousiasme fièrement dans la langue de Molière Sethumdi Kellapatha, 10 ans.
La fillette a mis peu de temps à s'adapter à sa nouvelle vie montréalaise. Lorsque sa famille a appris qu'elle allait s'installer à Montréal, Sethumdi a immédiatement téléchargé l'application linguistique Duolingo pour l’épauler dans son apprentissage du français à l'école.
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Son frère Dinath, cinq ans, apprend également le français, mais préfère jouer dans la neige et partir à l'aventure avec Tatie Sammy
.
Il s'agit de Samya Lemrini, avocate spécialisée en immigration et membre du conseil d'administration de For the Refugees, le groupe qui a parrainé la famille Kellapatha dans son immigration.
Depuis l'arrivée de la famille, Samya Lemrini est à ses côtés et lui donne un cours accéléré sur la culture québécoise. Au programme, des attraits incontournables : la visite d’un verger et d’une cabane à sucre.
Je me sens si humble de pouvoir les rencontrer et passer du temps avec eux
, commente Me Lemrini, qui s’improvise guide touristique à leurs côtés.
Inspiration
Le fait de passer du temps avec Me Lemrini et de connaître leur propre histoire a percolé dans les aspirations des enfants. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils voudraient faire quand ils seront grands, ils n'hésitent pas une seconde : Avocat !
lance Sethumdi, tout de go.
Je veux aussi être un avocat! Un avocat soldat!
renchérit à son tour Dinath.
L'adaptation n'a pas été aussi facile pour leurs parents. Grâce au soutien de For the Refugees, la famille a pu s'installer dans l'arrondissement Saint-Laurent. Reste encore à décrocher un emploi…
M. Kellapatha craint que son manque d'expérience le défavorise. Il a passé 17 ans à Hong Kong, et en tant que réfugié, n'a pas été autorisé à y travailler.
C'est similaire à Hong Kong, la vie que nous avons. On se réveille, on mange et on dort
, résume Kellapatha, qui espère que 2022 lui offrira un nouvel avenir professionnel.
D'après les informations de Sarah Leavitt, de CBC News