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Pourquoi les friperies pourraient devenir plus tendance que la mode rapide

Tulsa Williams, devant une friperie, brandit les vêtements qu'elle a achetés.

Tulsa Williams se rend tous les mois dans un magasin Village des Valeurs.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Huit Canadiens sur dix sondés ont déjà magasiné dans une friperie, surtout pour trouver des vêtements. Les jeunes et les hommes s’y mettent de plus en plus, selon des observateurs. Avec Internet, la tendance pourrait même s'accélérer.

Une fois par mois, Tulsa Williams fait la tournée des friperies de Calgary. Elle y dépense en moyenne 70 $. Depuis plus de 10 ans, la majorité de ses vêtements viennent du Village des Valeurs.

Un mardi de janvier, elle se rend dans une enseigne du sud de la ville. Après y avoir passé une demi-heure, elle sort, des trouvailles à la main.

J’ai acheté ce chandail noir surdimensionné, ce cardigan rose et une veste. Le tout lui a coûté 44 $, soit la moitié de ce qu'elle aurait payé dans un centre commercial, selon elle.

On peut mettre la main sur des pièces uniques. En achetant dans une friperie, je n'ai pas l'impression d'être un clone habillé comme tout le monde, dit l'Albertaine de 25 ans. En plus, c’est beaucoup plus amusant que magasiner chez H&M.

Tulsa Williams a de plus en plus d'amis qui font comme elle.

En 2019, un Canadien sur dix interrogés par la firme Prodege a déclaré faire des achats chaque mois dans une des 1400 friperies du pays.

La stigmatisation diminue

Entre 2014 et 2018, des personnes habitant au Canada sondées par MBA Recherche ont économisé 723 $ par an en moyenne en achetant des biens de seconde main, selon une étude de l'Observatoire de la consommation responsable, une unité de recherche de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Des professeurs de cette unité ont observé que l'Alberta est la province qui a enregistré le plus de transactions faites sur le site Kijiji durant cette période.

L’Armée du Salut, Le Village des Valeurs, Goodwill, Plato’s sont parmi les enseignes les plus populaires au Canada.

Des vêtements dans un rayon d'un magasin Goodwill à Calgary.

Goodwill offre les prix parmi les plus bas du marché.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Il y a plus d'intérêt pour les friperies qu'il y a 20 ans, explique Doug Roxburgh, responsable du marketing à Goodwill Alberta, une chaîne de magasins qui revend des objets donnés à petit prix.

Les gens veulent soutenir des causes sociales, comme la nôtre. La stigmatisation des personnes qui achètent des objets usagés diminue avec le temps, ajoute-t-il.

La vraie raison

Pour viser une autre clientèle, une catégorie de boutiques plus sélectives prend de l’ampleur : les dépôts-ventes. À Calgary, les Peacock Boutique se multiplient, leur version réservée aux hommes aussi.

Le concept : des clients apportent leurs vêtements usagés que les vendeurs vont examiner. Seuls ceux qui sont de bonne qualité et en excellent état sont mis en rayon. Lorsqu’un vêtement est vendu, son ancien propriétaire reçoit 40 % de la somme.

Des vêtements dans un rayon d'un magasin Goodwill à Calgary.

Goodwill offre les prix parmi les plus bas du marché.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Notre popularité augmente chaque année. Les hommes découvrent cette manière de magasiner, observe Mariella McMahon, responsable de Man of Distinction, dans le quartier d’Inglewood.

J’aime profondément le fait que l’on donne une seconde vie à des vêtements qui auraient pu finir dans un site d'enfouissement, dit-elle.

Mariella McMahon dans sa boutique Man Of Distinction à Calgary.

Mariella McMahon travaille dans le monde des friperies depuis six ans.

Photo : Mariella McMahon

Augmenter la durée de vie des produits, éviter le gaspillage… Même si les motivations écologiques sont en hausse, selon des chercheurs de l’UQAM, l'occasion de faire des économies est la première raison qui pousse les Canadiens vers cette nouvelle manière de consommer.

Les jeunes sont plus actifs que les autres, notamment à cause de l'impact des réseaux sociaux, selon Francesca D’Angelo, professeure d'économie de la mode au Collège Humber, en Ontario.

Les friperies sont le meilleur moyen pour eux de s'habiller à la mode sans se ruiner. Ils subissent tous les jours la pression sociale d’avoir des vêtements tendance et nouveaux, à cause des réseaux sociaux qui les bombardent d’images, explique-t-elle.

La poussée d'Internet

D'ici 2029, Francesca D’Angelo s’attend à ce que le marché des articles de seconde main grandisse neuf fois plus vite que celui de la mode rapide, notamment grâce à Internet, qui permet d’attirer les consommateurs ayant encore peur du jugement d’autrui sur l’achat d’objets usagés.

L’application Vinted surfe sur cette tendance. Elle a été lancée au Canada en mai dernier après avoir connu un grand succès en Europe, notamment en France.

Une page de l'application Vinted montre des vêtements sur un téléphone intelligent.

Lancée en 2009 en Lituanie, la plateforme Vinted enregistre maintenant 50 millions d'utilisateurs en Europe et en Amérique du Nord.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Vinted offre une plateforme sur laquelle le public peut vendre des articles de mode d’occasion directement à des acheteurs en les envoyant par la poste, une option plus intéressante financièrement pour les particuliers que les friperies ou les dépôts-ventes.

Néanmoins, Francesca D’Angelo craint que les vêtements d’occasion ne s’éloignent des canaux de revente initiaux.

Les friperies aident les personnes à faibles revenus à s’habiller. La tendance risque de faire monter les prix, au détriment de ceux qui en ont vraiment besoin.

Méthodologie

La firme Prodege a mené deux sondages en avril 2019 auprès de 3909 Canadiens et en avril 2020 auprès de 5089 Canadiens. Une marge d’erreur ne peut être calculée sur un échantillon non probabiliste comme celui-ci.

Le sondage pour l'Observatoire de la consommation responsable a été réalisé en ligne en partenariat avec MBA Recherche entre le 18 septembre 2018 et le 12 octobre 2018 à partir d'un échantillon de 5625 répondants représentant la population canadienne. Étant donné que les réponses ont été fournies par un panel plutôt que de façon aléatoire, le calcul de la marge d’erreur ne s’applique pas.

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