Hausse des loyers, pénurie : le marché locatif de Saint-Jean à la dérive

En raison du boom immobilier en 2020, de moins en moins de logements locatifs sont disponibles, et le prix des loyers a bondi dans la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador (archives).
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Il aura fallu près d’un an à Georgianne Penney pour se dénicher un appartement à Saint-Jean. C’est après de nombreuses recherches infructueuses que la femme de 27 ans a décidé de lancer un appel à l’aide en ligne qui lui a finalement permis de se trouver un logement en sous-sol.
J’ai eu la chance d’avoir cet appartement de justesse
, lâche-t-elle sur un ton grave.
Le marché locatif dans la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador s’enflamme depuis 2020, selon deux compagnies de gestion immobilière contactées par CBC
, tout comme semblent le percevoir les propriétaires.Hilda Senior détient six logements où les animaux sont acceptés à Saint-Jean. Au cours des récents mois, elle raconte que plusieurs locataires potentiels étaient prêts à lui offrir davantage que le prix demandé.
En général, on entend plutôt : "Pensez-vous que vous pouvez faire mieux? Pouvez-vous réduire le prix du loyer?"
admet-elle. Je suppose que les choix sont vraiment limités.
D’ailleurs, en octobre 2020, lorsqu’elle affiche un appartement de rez-de-chaussée, elle est inondée de messages : plus de 50 personnes lui répondent et demandent de le visiter.
« Les gens faisaient la file dehors. C’était du jamais vu. »
Un marché en mutation
Bien que le marché locatif à Saint-Jean ait historiquement été assez tiède – comparé à d’autres villes canadiennes –, la tendance semble désormais être renversée.
C’est à tout le moins ce que constatent les personnes contactées depuis deux ans. La Société canadienne d’hypothèques et de logement, chargée de surveiller les actions et les prix immobiliers à l’échelle du pays, n’a pas encore dévoilé ses données pour l’année 2021.
Holly Halfyard, responsable du développement des affaires pour l’entreprise de gestion immobilière Krown, décrit un effet domino.
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Avec le marché immobilier qui a atteint son sommet en 2020, des propriétaires ont décidé de vendre leurs actifs. Plusieurs locataires n’ont donc eu d’autre choix que de libérer leur logement
, dit-elle.
De plus, une unité, qui se louait peu de temps auparavant à 1400 $ par mois, se loue maintenant à 1700 $, soutient Holly Halfyard.
Même son de cloche du côté de Peter Curran, propriétaire de la gestion immobilière Metro. Avec la pandémie, la ville a accueilli bon nombre de télétravailleurs qui se sont évadés de la ville, cherchant une vue sur mer et des logements moins chers, observe-t-il.
De son côté, Georgianne Penney souhaite garder son appartement – qu’elle loue à 1500 $ par mois – aussi longtemps que possible. Je n’ai aucune envie d'être à nouveau dans le marché locatif, sachant ce que c’est
, laisse-t-elle tomber.
Avec des informations de Malone Mullin, de CBC