Craintes du Bloc et du Parti conservateur face à l’obligation vaccinale de camionneurs

Les députés Kristina Michaud et Bernard Généreux craignent des effets négatifs sur les chaînes d'approvisionnement (archives).
Photo : Radio-Canada / Rob Kruk
Le Parti conservateur du Canada et le Bloc québécois craignent des effets négatifs sur les chaînes d’approvisionnement à la suite de la décision du gouvernement fédéral d’imposer la vaccination obligatoire aux camionneurs qui traversent la frontière avec les États-Unis.
Depuis samedi, les camionneurs qui arrivent au Canada en provenance des États-Unis doivent être vaccinés contre la COVID-19.
Les camionneurs canadiens non vaccinés sont placés en quarantaine pour 10 jours, tandis que leurs collègues américains sans preuve vaccinale sont refoulés.
Au Canada, 10 % des camionneurs ne sont pas vaccinés. Aux États-Unis, cette proportion atteint presque 50 %.
Jusqu'à 26 000 des 160 000 camionneurs qui transitent régulièrement par la frontière américano-canadienne sont concernés par cette mesure, ce qui risque d'entraîner un goulot d'étranglement ainsi qu'une hausse des prix des marchandises transportées, notamment la nourriture et des appareils médicaux.
Quel fondement scientifique?
La députée d'Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, Kristina Michaud, demande à voir des études scientifiques qui évaluent respectivement les risques d'infections causées par les camionneurs non vaccinés et les conséquences négatives que pourrait avoir cette mesure sur les chaînes d'approvisionnement.
On aurait aimé qu’il y ait une étude un peu plus approfondie, qu’on écoute la science pour savoir si ça vaut vraiment la peine par rapport aux conséquences négatives que ça pourrait avoir
, regrette Kristina Michaud.
Est-ce que le gouvernement a en sa possession des chiffres que nous n’aurions pas? Est-ce que le nombre de camionneurs infectés qui entrent sur le territoire est vraiment énorme?
Elle craint aussi les conséquences de cette mesure pour les habitants de sa circonscription.
On est une région éloignée, alors on reçoit peut-être certaines choses en dernier, alors c’est inquiétant si ça affecte la chaîne d’approvisionnement pour nous, pour nos hôpitaux aussi, qui doivent recevoir du matériel
, explique-t-elle.
Kristina Michaud critique aussi la précipitation du gouvernement fédéral à instaurer cette mesure.
Le gouvernement n’a pas tout à fait été rassurant en annonçant cette mesure. Il n’a pas nécessairement dit qu'il n’y a pas de problème et que la chaîne ne serait pas affectée. Pour une région comme la nôtre, on peut se permettre d’être un peu craintifs.
D’autres options
Le député de Montmagny–L'Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, se dit lui aussi très inquiet des conséquences de cette mesure dans un contexte où l’industrie du camionnage manque déjà de chauffeurs.
Il va y avoir un impact sur le coût du camionnage qui va se refléter inévitablement sur le coût des produits que ces gens transportent. C’est certain que ça va avoir un impact sur le coût de l’épicerie, qui a déjà augmenté de façon importante et qui va augmenter en 2022 d’au moins 2000 $ par famille.
Bernard Généreux croit que d'autres mesures pourraient être mises en œuvre pour permettre aux camionneurs non vaccinés de traverser la frontière. Il suggère notamment l'utilisation de tests rapides.
En prenant les précautions nécessaires, je pense que c’est possible de faire des transports sans que la santé et la sécurité de l’ensemble de la population soient remises en cause à cause de ça.
Le député reproche au gouvernement Trudeau d'en avoir fait trop peu pour permettre à l'industrie du camionnage de se préparer à cette mesure.