Entre l’humain et le végétal, le vertige de l’infiniment petit
L'artiste Fernande Forest présente Saisir l'imperceptible au Musée régional de Rimouski.
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
À parcourir l’exposition Saisir l’imperceptible de Fernande Forest, présentée au Musée régional de Rimouski ces jours-ci, on pourrait croire que l’artiste originaire de Bonaventure est à la fois chercheuse, botaniste et… astronome.
C’est que ses observations au microscope de semences potagères, ensuite retravaillées numériquement, nous transportent complètement ailleurs, dans un infiniment petit qui pourrait être, tout aussi bien, l’infiniment grand du cosmos.
Cette impression de plus grand que soi
, au contact des œuvres de Fernande Forest, n’est pas anodine, à l’entendre sur sa démarche. Le fond noir généré par le numériseur qu’elle utilise contribue au vertige que donnent ces photographies de semences à différents stades de leur germination.
On a l’impression que ça flotte dans l’espace. [...] Les fonds sont déterminés par le médium, ce n’est pas moi qui choisis, mais ça me révèle quelque chose de puissant
, s’émerveille l’artiste installée depuis plusieurs décennies à Rimouski.
« On croirait que ces semences-là viennent de la nuit des temps. Les textures, ça fait préhistorique, même. Et ça l’est! »
Celle qui a, en parallèle de sa pratique artistique, travaillé comme graphiste pendant une trentaine d’années, entretient une fascination pour le monde végétal. Il est, de façon métaphorique, relié à nous, à l’humain
, croit Fernande Forest.
Ce qui me fascine, c’est la force vitale des plantes. Chaque plante, que ce soit un brin d’herbe jusqu’à un arbre, a un but : c’est s’épanouir, c’est grandir, alors elle déploie toute sa force, son énergie, en allant capter les ressources dont elle a besoin dans le milieu et le soleil.
« La semence, c’est un destin, c’est plus que l’objet qu’on voit. C’est ce qu’elle va devenir, c’est tout le potentiel qu’elle a d’aller au bout de son cycle de vie. »
L’artiste explique qu’en fouillant dans les composantes de ses photographies numériques, elle va chercher les microstructures de l’image
, créant ce curieux mariage de deux matières en apparence complètement opposées, entre le réel, le naturel, et les datas, l’aspect informatique de l’image
.
Ces œuvres se veulent, pour ainsi dire, reflets du regard que porte Fernande Forest sur la beauté résidant en toute vie, même imperceptible. Le clin d'œil à Hubert Reeves est ainsi impossible à passer sous silence, lui qui disait les artistes, si vous voulez faire quelque chose pour aider à la protection de la biodiversité, montrez-nous la beauté
, paraphrase Mme Forest.
La première exposition solo de Fernande Forest au Musée régional de Rimouski, sous le commissariat d’Ève De Garie Lamanque, est présentée jusqu’au 20 mars.
C’est important pour une artiste du milieu d’avoir la chance de diffuser dans un lieu aussi bien organisé. [...] Je suis fière d’exposer ce travail-là dans mon milieu, justement, pour que les Rimouskois et Rimouskoises voient mon travail
, se réjouit l'artiste.
Comme la tenue d’un vernissage était impossible, le musée a organisé six dimanches de visites sur rendez-vous, pour permettre aux curieux d’échanger avec l’artiste.