Le Nouveau-Brunswick publie une carte des régions à risque d’être inondées

Inondations dans la région de Grand Lake, au Nouveau-Brunswick, le 28 avril 2019.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick vient de publier des cartes interactives des régions les plus à risque d’être inondées dans les prochaines années. La province affirme avoir préparé des plans d’adaptation aux changements climatiques pour des douzaines de communautés.
Ces cartes aideront le public, les gouvernements locaux, les urbanistes et les promoteurs à prendre des décisions visant à réduire les risques que posent les inondations
pour les personnes et leurs biens, selon Gary Crossman, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique au Nouveau-Brunswick.
Selon le ministre, des plans d’adaptation aux changements climatiques
existent pour 48 collectivités de la province, et des plans pour huit autres devraient être terminés d’ici le mois de mars.

Modélisation de la montée des eaux autour de Moncton : inondation actuelle, à récurrence de 20 ans (probabilité annuelle de dépassement de 5 %).
Photo : Service Nouveau-Brunswick
Les scénarios du gouvernement néo-brunswickois serviront à la prise de décision pour l’aménagement du territoire, la protection des infrastructures existantes et la planification de voies d’évacuation en cas d’inondation, affirme le ministère dans un communiqué.
De la parole aux actes
Des scientifiques œuvrant dans le domaine espèrent que Fredericton joindra les actes à ces belles paroles, et donnera aussi les moyens aux collectivités de faire face à ces enjeux.

Marion Tétégan Simon, directrice scientifique chez Valorēs.
Photo : Radio-Canada
C’est pourquoi Marion Tétégan Simon, une directrice scientifique de l’organisme indépendant à but non lucratif Valorēs (anciennement l’Institut de recherche sur les zones côtières) met plutôt l'accent sur le besoin de soutien financier
.
Les plans d'adaptation aux changements climatiques pour chacune des municipalités, c'est pas juste des pavés de plusieurs pages qu'on laisse sur un bureau. Il y a tout un plan de mise en œuvre pour chaque plan d'adaptation
, dit-elle.
Il faut les réaliser, faut mettre certaines actions en œuvre. C’est pas toutes les municipalités, toutes les villes, tous les villages qui ont les moyens de le faire
, signale-t-elle.
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Mme Simon ne voudrait pas que les régions à risque, parfois rurales et à la population à la moyenne d'âge plus élevée, soient négligées par le gouvernement provincial.
On a besoin de soutien financier pour la mise en œuvre des plans d'adaptation qui sont réalisés
, dit la chercheuse.
Un déracinement
Les perturbations climatiques sont là pour rester
, indique Marion Tétégan Simon. On ne peut pas lutter contre. Il faut s’adapter.
La première étape est d’avoir dans les communautés les conversations difficiles qui s’imposent. Plus particulièrement dans la Péninsule [acadienne], c'est de comprendre l'impact de ces changements-là
, dit Mme Simon.

Modélisation de la montée des eaux autour de Shippagan : inondation actuelle, à récurrence de 20 ans (probabilité annuelle de dépassement de 5 %).
Photo : Service Nouveau-Brunswick
Une fois qu'on a compris ce que c’est, on a peut-être moins peur. On est peut-être moins alarmiste. Puis à ce moment, on peut [...] réfléchir à comment est-ce qu'on s'adapte? C’est quoi la meilleure solution? Trouver une solution concertée qui convienne à tout le monde
, explique-t-elle.
Parler de déménager certaines des infrastructures, ou des maisons, ce n'est pas une conversation facile
, déclare Sabine Dietz, la directrice générale de CLIMAtlantic, le centre régional de services climatiques basé à Sackville au Nouveau-Brunswick et mis sur pied par Environnement et Changement climatique Canada l’été dernier.

Sabine Dietz, directrice générale de CLIMAtlantic.
Photo : Radio-Canada
Si moi j'ai habité dans une maison, puis ma famille avait été dans cette maison-là, c'est l'histoire, c'est l'histoire de ma famille. C'est comme un déracinement qu'on propose. Ce sont des conversations difficiles à faire
, explique Sabine Dietz.
Mme Dietz insiste sur le support et l’appui
que devront fournir les gouvernements du Nouveau-Brunswick dans le futur. Peut-être qu'il y a des communautés qui ont besoin d'acheter des terrains.
On peut commencer à parler de déménager certaines des infrastructures. Il faut avoir les conversations autour de ça. Il y a certains endroits où tu ne peux pas construire des digues assez larges pour protéger une communauté. Alors la communauté même doit avoir la capacité de parler de ça
, dit-elle.
Pour les Néo-Brunswickois qui désirent en savoir plus, le ministère de l’Environnement tient trois séances d’information publique. Elles auront lieu en ligne les 18, 19 et 20 janvier et on doit s’y inscrire pour y assister (Nouvelle fenêtre).
D’après le reportage d’Alix Villeneuve