Près de 25 % des nouvelles infirmières sont recrutées hors Québec

Des infirmiers et des infirmières lors d'une séance de mentorat.
Photo : Radio-Canada
L’intérêt des infirmières diplômées à l’étranger pour le Québec ne cesse d’augmenter. À tel point que le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal se dote d’une équipe de ressources humaines dédiée au recrutement de personnel à l’étranger.
Cette année, la moitié des nouveaux employés du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal seront recrutés à l'étranger.
Il s'agit d'infirmières, de technologues, de médecins et de travailleurs sociaux.
On a vraiment comme objectifs de recruter 250 ressources étrangères
, explique Florent Verjus, gestionnaire au CIUSSS.
Lui-même issu de l’immigration, ce coordinateur du bureau d'immigration et d'intégration des diplômés étrangers sait combien leur contribution est précieuse en ces temps de pénurie de main-d'œuvre.
On s'est dit qu'il faut créer un bureau du recrutement pour vraiment les intégrer, les suivre dans leur cheminement d'immigration, les accueillir
, précise M. Verjus. Une équipe dédiée a été constituée récemment au sein des ressources humaines.
Il faut dire que les établissements de santé rivalisent d’audace pour obtenir leur part de cette main-d'œuvre spécialisée.
La proportion des nouveaux permis délivrés par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) à des diplômés hors Québec (France, Canada et autres pays) est passée de 11 % en 2016-2017 à 22 % en 2020-2021.
Leur nombre atteint maintenant 800 diplômés par année, dont plus de la moitié proviennent de la France.
Un mentorat de 40 jours
Indiana Bélair rêvait de s’établir au Québec après un séjour il y a 12 ans.
Lors de notre passage, cette infirmière clinicienne en était à sa première journée d’intégration.
Les expressions sont différentes et les noms des médicaments sont différents
, constate Mme Bélair.
C'est une manière pour moi d'approfondir ma pratique infirmière.
Elle recevra une formation théorique de 4 jours ainsi qu’un mentorat de 40 jours avant de prendre son envol.

Indiana Bélair et Romane Descamps, infirmières recrutées en France par le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Le reportage de Davide Gentile.
Photo : Radio-Canada
Sa collègue française, Romane Descamps, travaillera aux soins intensifs.
Tout est différent de là d'où on vient, mais on s'adapte, les gens sont bienveillants et accueillants
, confie-t-elle.
Son conjoint s’est rapidement trouvé un emploi dans son domaine, un plus pour l’intégration du couple au Québec.
Formatrice au CIUSSS, Nicole Deschamps sait combien l’intégration des nouveaux employés est importante.
Ils ont beaucoup de connaissances, ils ont beaucoup d'expérience [...] et notre rôle c'est de s'assurer qu'ils vont s'adapter
, explique-t-elle.
Infirmière clinicienne de profession, Mme Deschamps s’est jointe au bureau d'immigration et d'intégration des diplômés étrangers du CIUSSS.
Les Français deviennent rapidement fonctionnels et n’ont pas trop de difficulté à adapter leur pratique [...] Ils ont beaucoup de volonté et ils sont contents d'être ici.
Les infirmières qui possèdent un diplôme dans le domaine de la santé obtenu à l'extérieur du Québec doivent effectuer une demande de reconnaissance d’équivalence de diplôme ou de la formation, sauf si elles répondent aux exigences de l’Accord de commerce intérieur (ACI), qui a été signé entre les provinces et territoires canadiens, ou à celles de l’Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) des qualifications professionnelles, qui a été signé entre la France et le Québec.
Une profession en réflexion en France
Joint par Radio-Canada, le président de l'Ordre national des Infirmiers en France, Patrick Chamboredon, ne s’étonne pas de l’intérêt du personnel infirmier français pour le Québec.

Nicole Deschamps, Infirmière clinicienne et formatrice au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
Photo : Radio-Canada
C’est quelque chose d’avantageux sur le plan professionnel [...] C’est un plus de s'imprégner d’autres pratiques
, affirme ce dernier.
L’Ordre des infirmiers regroupe environ 700 000 professionnels.
M. Chamboredon explique que la profession en France est engagée dans un processus de réflexion sur la pratique infirmière afin de relever notamment les défis des besoins grandissants avec le vieillissement de la population
.
De nombreuses infirmières quitteraient la profession après 10 ans de pratique.