Hôpitaux surchargés : les « prochaines semaines seront difficiles », dit la C.-B.
Les hospitalisations ont plus de doublé depuis 14 jours en Colombie-Britannique.

Une infirmière au chevet d'une patiente atteinte de COVID-19, le 21 décembre 2021 à l'unité de soins intensifs de l'Hôpital Pourtalès, à Neuchâtel, en Suisse.
Photo : Associated Press / Keystone / Laurent Gillieron
La santé publique de la Colombie-Britannique prévient que les hôpitaux de la province feront face à une grande pression dans les prochaines semaines. Toutefois, un expert en contact avec le personnel hospitalier affirme que la situation est déjà à un niveau « catastrophique ».
Dans son bilan de mercredi, la Colombie-Britannique signale 500 personnes hospitalisées atteintes de la COVID-19, dont 102 aux soins intensifs.
Il y a deux semaines, le 29 décembre, la province en comptait 206, dont 66 aux soins intensifs.
La Colombie-Britannique se rapproche de son record de 515 hospitalisations enregistré le 28 avril 2021.
De plus, le pic des infections semble ne pas avoir été atteint, selon les projections. La province a déclaré un record de 2859 nouvelles infections au SRAS-CoV-2 mercredi, une donnée pourtant sous-évaluée puisque les tests de dépistage ne sont plus offerts à tous.
Hausse de cas records et moins de personnel
L’impact qu’aura le variant Omicron sur les hôpitaux reste incertain, explique le Dr Jens Von Bergmann, membre du groupe BC COVID-19 Modelling Group.
Davantage de Britanno-Colombiens sont vaccinés aujourd'hui et le variant Omicron pourrait contribuer à des hospitalisations de plus courte durée que lors des précédentes vagues, selon lui.
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Malgré tout, la déferlante Omicron reste préoccupante pour le Dr Jens Von Bergmann, car les hôpitaux font face à deux problèmes en même temps : un nombre d'hospitalisations qui sera considérablement plus élevé
que ce qu'on n’a jamais observé, mais aussi des travailleurs de la santé infectés qui ne peuvent pas faire leurs quarts de travail.
Nous sommes inquiets que des décisions difficiles doivent être prises dans nos hôpitaux
, reconnaît-il.
« Les semaines à venir vont être dures pour tout le monde dans le système de la santé, dures pour tout le monde dans la communauté. »
Ça peut être court, mais ça va être dur et difficile. On [le] sait très bien et on se prépare depuis des semaines pour cela
, a également prévenu le ministre de la Santé Adrian Dix, mardi.
Du 3 janvier au 9 janvier, près de 28 000 quarts de travail de travailleurs de la santé ont été enregistrés comme congés maladie, a détaillé le ministre de la Santé, Adrian Dix, mardi. Ces absences peuvent être dues à la COVID-19, à des symptômes liés à la COVID-19, comme d’autres maladies à court terme.
Le ministre de la Santé également indiqué que la province se préparait à réquisitionner des espaces pour les convertir en hôpitaux de campagne, ce qui pourrait notamment être fait au Centre des congrès de Vancouver. On pourrait avoir ces hôpitaux en place en 5 à 7 jours
, a-t-il affirmé.
Écart entre la réalité et le discours des autorités
Pour Damien Contandriopoulos, professeur en sciences infirmières à l'Université de Victoria, l’écart entre les conférences de presse données par la Dre Bonnie Henry et le ministre Adrian Dix et la réalité sur le terrain est plus grand qu’il ne l’a jamais été
.
Il souligne des incohérences qui laissent perplexes
dans le discours des autorités.
[On nous dit], les écoles, vous pouvez envoyer vos enfants, il n’y a pas de problème, et les hôpitaux tout va bien. Et by the way (en passant), on pense déjà réserver des espaces pour des hôpitaux de campagne avec des infirmières qui n’existe pas, ou on va stocker les gens qui ont la COVID-19, parce qu’on n’a pas la place de les traiter ailleurs. Tout cela, à peu près en une phrase.
« Les échos que j’ai des personnes qui travaillent à l’hôpital en [Colombie-Britannique], à Vancouver ou à Victoria, sont que la situation est catastrophique, mais catastrophique. »
Des services qui devraient avoir des dizaines d’infirmières n’en ont plus que deux ou trois, renchérit-il.
Là on est obligé de se gratter la tête et de se demander : ça va bien ou ça va pas bien? On n’a pas la réponse et on n’a plus de chiffres, déplore-t-il.
Damien Contandriopoulos déplore un effacement de la santé publique au profit de la politique dans le discours de la province.
Il encourage tous ceux qui peuvent réduire la transmission du virus à leur manière à le faire, en portant des masques de qualité et en évitant les espaces fréquentés, au moins pour les prochaines semaines. La situation va être critique
, prévient-il.
Informations de Timothé Matte-Bergeron et de l’émission Phare Ouest