La santé publique de la C.-B. croit qu’Omicron pourrait signer la fin de la pandémie
Si ce scénario se produit, la COVID-19 ne disparaîtra pas pour autant, rappellent des experts.

La Dre Bonnie Henry, médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique.
Photo : Radio-Canada / Mike McArthur
Si le variant Omicron donne des sueurs froides aux autorités sanitaires, il est aussi porteur d’espoir : la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique fait partie des scientifiques qui croient qu’il pourrait signer la fin de la pandémie. Mais rien n’est encore joué.
Le variant Omicron se propage comme une traînée de poudre. En l’espace de quelques semaines, il est devenu dominant en Colombie-Britannique, comme au Québec, en Ontario ou encore en Alberta.
À l’échelle nationale, depuis sept jours, le taux de positivité aux tests de dépistage frôlait les 30 % : un indicateur bien loin du seuil de 5 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2020.
Malgré tout, la tempête Omicron
pourrait aider à faire passer la COVID-19 du statut de pandémie à celui d'endémie, a indiqué la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, Bonnie Henry, en entrevue pendant les Fêtes.
Il reste bien des inconnues pour confirmer ce scénario, mais elle estime qu'il pourrait se présenter à mesure que le printemps approche, que davantage d’enfants sont vaccinés et que les taux d’infection diminuent.
C’est le cas d’autres maladies, comme la fièvre jaune et le paludisme : le virus ne disparaîtra pas, mais sa progression sera contrôlée
.
La façon dont le virus change avec Omicron nous amène à ce stade plus rapidement.
La faible gravité de la maladie causée, la majorité d’entre nous étant protégés par la vaccination, cela montre qu’on va y arriver
, a-t-elle poursuivi.

Un hôpital américain débordé en 1918 par l'épidémie de grippe espagnole. Celle-ci aurait fait de 50 à 100 millions de morts sur la planète.
Photo : La Presse canadienne / Associated Press
S'appuyer sur les pandémies passées
La façon dont certaines pandémies se sont terminées dans l'histoire amène Tom Koch à abonder dans le même sens. Professeur adjoint en géographie médicale à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), il a écrit de nombreux livres sur l’épidémiologie et la cartographie d’épidémies.
Il prend l’exemple de la grippe espagnole qui, entre 1918 et 1920, a fait plus de morts que la Première Guerre mondiale.
La dernière poussée du virus de la grippe espagnole a été moins virulente, comme celle qu’on voit en ce moment, et cela a signé la fin de la pandémie après deux vagues précédentes
, explique Tom Koch.
On espère que c’est le chemin que cette quatrième ou cinquième vague prendra
, dit-il, conscient que les projections d’évolution du virus sont une science imparfaite.
À lire aussi :
Immunité collective : oui, mais pas seulement
Le variant Omicron participe au renforcement de l’immunité naturelle d’une plus grande partie de la population, en se propageant rapidement. Certains espèrent que cela sera suffisant pour contribuer à la fin de la pandémie.

Certains Britanno-Colombiens pensent que l'immunité collective suffira à combattre le virus sans vaccin, ce que démentent les experts.
Photo : Associated Press / Darko Vojinovic
Cette immunité communautaire pourrait toutefois n'être présente qu’à court terme
, souligne le Dr Brian Conway, directeur médical du Centre des maladies infectieuses de Vancouver et président de Réso Santé.
Je crois que c’est un peu la dernière étape avant l’endémie, surtout si on privilégie l'accès aux vaccins comme on veut le faire et [si] une forte proportion de la population est protégée par vaccin.
On se rend compte avec les autres variants que l'immunité naturelle d’une infection ne dure pas aussi longtemps que l'immunité d’un vaccin [... ] Il va donc quand même falloir bonifier l'immunité avec tout au moins trois doses, peut-être une quatrième à l'automne prochain
, explique le Dr Brian Conway.

L'effet du variant Omicron sur les hôpitaux fait craindre le pire à certains experts.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Et, bien que la maladie causée par le variant Omicron soit moins sévère qu'avec le variant Delta, ses effets se font tout de même sentir sur les hospitalisations, rappelle le Dr Conway. Essayons d’intervenir avant que tout le monde l’attrape et qu’un grand nombre de gens soient hospitalisés
, suggère-t-il.
La surprise
Omicron peut en cacher une autre
Il est encore bien trop tôt pour s’avancer sur la fin de la pandémie, soutient pour sa part Daniel Coombs, professeur au Département de mathématiques de l’UBC, qui fait partie de l’équipe de modélisation des projections de la COVID-19.
Le variant Omicron a été une surprise
pour tout le monde. Le pic des infections n’est pas encore passé dans la province, et les conséquences du variant sur les hôpitaux restent également à déterminer, affirme l'expert en projections.
Cette vague est intense et rapide. Une fois qu'elle sera passée, je crois qu’on aura une stabilisation. Peut-être que la pandémie sera terminée pour un temps, mais il reste à voir ce que le prochain variant nous réservera.
Les autres experts n’excluent pas non plus le risque d'apparition d'un nouveau variant plus dangereux. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs déjà mis les pays en garde contre cette possibilité.

Certains scientifiques sont plus optimistes que d'autres, mais tous s'accordent à dire qu'un nouveau variant préoccupant peut apparaître et ainsi prolonger la pandémie.
Photo : via reuters / ANTARA FOTO
La science nous le dira dans les prochaines semaines, affirme Tom Koch. Le virus nous le dira, et nous réagirons.
Un vaccin efficace contre la mafia
familiale des virus
Il faut se rappeler que le [SRAS-CoV-2] lui-même n’est autre que le petit-petit-fils du SRAS de 2002
, explique Tom Koch.
C'est un peu comme une nouvelle famille de mafia dans "Le parrain". Omicron est le dernier personnage dans la saga de la mafia des virus.
Le virus de la grippe continue de muter chaque année, rappelle Tom Koch, ce qui encourage la quête d’un vaccin universel
efficace contre toutes ses réplications. Selon lui, il est possible d'agir de la même manière avec la COVID-19.
On essaye de fabriquer un vaccin qui fonctionnera contre [le variant majeur] qui sera le plus dominant l’année d’après. [... ] Certaines années, on vise juste. D’autres, non,
reconnaît-il.

La recherche se poursuit pour perfectionner les vaccins anti-COVID.
Photo : CBC
Se tenir prêt pour la prochaine épidémie
Quel que soit le moment où la COVID-19 deviendra endémique, la Dre Bonnie Henry croit qu’il faut tirer les leçons de cette pandémie.
Certaines leçons sont sociétales : les inégalités que ce virus aura mises de l'avant et la valeur que l’on donne à certains types de travailleurs, par exemple.
On ne peut pas partir du principe qu’après cela on sera de retour à la normale
, soutient de son côté Tom Koch, qui espère que l'on se préparera rapidement face aux futures épidémies, une fois que la présente sera terminée.
Il y a eu d'autres pandémies dans le passé, et celle-ci ne sera pas la dernière
, conclut-il.
Avec des informations de l'émission Panorama