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Meurtre d’un joggeur afro-américain : les trois accusés condamnés à la prison à vie

Une avocate s'adresse au juge en cour dans l'affaire du meurtre d'Ahmaud Arbery.

Meurtre d'Ahmaud Arbery : le juge Timothy Walmsley écoute Laura Hogue, l'avocate de Greg McMichael, vendredi, à Brunswick.

Photo : AP / Stephen B. Morton

Radio-Canada

Les trois Américains reconnus coupables du meurtre du jeune joggeur afro-américain Ahmaud Arbery, dans l'État de Georgie en 2020, ont été condamnés vendredi à la prison à vie.

Travis McMichael, 35 ans et auteur des coups de feu mortels, son père Gregory McMichael, 66 ans, et leur voisin William Bryan, 52 ans – qui a participé à la poursuite en la filmant – passeront donc les prochaines décennies derrière les barreaux.

M. Bryan pourra réclamer une libération conditionnelle après 30 ans de réclusion; quant au fils et au père McMichael, ils finiront leur vie en prison.

Lors de l'audience au tribunal du comté de Glynn à Brunswick, le juge Timothy Walmsley a déclaré qu'il avait infligé aux McMichael la peine la plus sévère possible, en partie à cause de leurs mots et actions insensibles captés sur la vidéo.

C'était une scène effrayante, vraiment dérangeante, a déclaré le juge au sujet d'une image dans la vidéo de téléphone portable du meurtre où McMichael commence à lever son fusil de chasse vers Arbery alors que le jeune homme de 25 ans se trouve à environ six mètres de lui.

Il a ajouté qu'Arbery a été traqué, abattu et tué parce que des individus ici dans cette salle d'audience ont pris la loi entre leurs propres mains.

Ahmaud Arbery est sorti de chez lui pour faire un jogging et il a fini par courir pour sauver sa vie, a dit le juge Timothy Walmsley.

Il a estimé que Gregory McMichael avait incité son fils et son voisin à poursuivre le jeune homme, tout en admettant après coup ne pas être sûr qu'il s'agissait vraiment d'un cambrioleur.

Il a aussi fustigé l'attitude de Travis McMichael, qui s'inquiète pour son bébé [resté seul à la maison] et lui-même, alors que la victime gît sur le sol.

Les Arbery réclamaient la peine maximale

La famille d'Ahmaud Arbery, qui avait réclamé une punition maximale pour les trois hommes, a salué ces lourdes peines.

Je savais que l'on sortirait du tribunal avec une victoire, je n'en ai jamais douté, a déclaré sa mère, Wanda Cooper-Jones.

Plus tôt, elle avait dit au juge Walmsley que les trois hommes avaient pris [son] fils pour cible parce qu'ils ne voulaient pas de lui dans leur quartier.

Ils se sont engagés jusqu'au bout dans ce crime, ils doivent être engagés jusqu'au bout pour les conséquences, a-t-elle dit.

Ce verdict était très important pour que la responsabilité soit assumée, a ajouté l'un des avocats de la famille, Lee Merritt. Il était important pour la famille de voir ces hommes être mis en prison.

Nous aimions notre fils et nous ne célébrerons plus avec lui l'Action de grâce, Noël ou son anniversaire, a affirmé Marcus Arbery devant le juge, avant le prononcé de la peine.

Ses meurtriers passeront le restant de leurs jours en pensant à ce qu'ils ont fait et ils devraient le faire derrière des barreaux, a-t-il ajouté.

La mère d'Ahmaud Arbery, Wanda Cooper-Jones, quitte le podium après avoir fait sa déclaration au juge de la Cour supérieure.

La mère d'Ahmaud Arbery, Wanda Cooper-Jones, quitte le podium après avoir fait sa déclaration au juge de la Cour supérieure Timothy Walmsley.

Photo : Associated Press / Stephen B. Morton

Ni remords ni empathie

L'autodéfense finit toujours mal, a affirmé la procureure Linda Dunikoski, soulignant que les McMichael n'avaient montré ni remords ni empathie.

Robert Rubin, l'avocat de Travis McMichael, a assuré que son client pensait bien faire, même s'il s'est avéré que ce n'était pas le cas.

Lui et Greg McMichael pensaient aider leur communauté, a-t-il ajouté, avant que le juge suspende l'audience pour le déjeuner.

La dimension raciale de cette affaire a été sous-jacente pendant le procès qui s'est terminé le 24 novembre. Les McMichael et leur voisin ont décidé de pourchasser Ahmaud Arbery parce qu'il était noir et qu'il courait dans la rue, avait affirmé Linda Dunikoski.

Dans cet État encore profondément marqué par le racisme et la ségrégation, les trois hommes avaient longtemps bénéficié d'une certaine clémence de la part des autorités : les services du procureur local, pour qui Gregory McMichael avait longtemps travaillé, n'avaient procédé à aucune interpellation.

Une vidéo incriminante

Il avait fallu près de trois mois et la diffusion d'une vidéo montrant la mort du jeune Afro-Américain pour que l'enquête soit confiée à la police de l'État et que les trois hommes soient arrêtés.

L'affaire avait alimenté les grandes manifestations antiracistes qui avaient secoué le pays à l'été 2020, dans la foulée de la mort d'un autre Afro-Américain, George Floyd, asphyxié sous le genou d'un policier blanc à Minneapolis.

Le 23 février 2020, le jeune homme de 25 ans faisait du jogging à Brunswick, une ville côtière du sud-est de la Georgie, quand il avait été pris en chasse par les trois hommes à bord de leurs voitures.

Après une altercation, Travis McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur qui tentait de s'emparer de son fusil. Les accusés avaient ensuite assuré l'avoir pris pour un cambrioleur opérant dans les environs.

Une loi datant de la guerre de Sécession

Travis McMichael avait affirmé avoir agi en état de légitime défense, et les trois hommes avaient invoqué une loi, datant de la guerre de Sécession et abrogée après le drame, autorisant alors de simples citoyens à procéder à des arrestations.

Les trois condamnés n'en ont pas fini avec la justice. Ils sont inculpés pour crime raciste au niveau fédéral et seront jugés une nouvelle fois à partir du 7 février.

Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

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