Un non-vacciné veut obtenir sa dose... en route vers les soins intensifs

La méconnaissance du vaccin joue encore un rôle majeur dans les hospitalisations.
Photo : La Presse canadienne / Mikaela MacKenzie
En l'espace d'à peine une semaine, le délestage à l'IUCPQ-UL risque de passer du niveau 2 à 4, le plus élevé, en raison du trop grand nombre de patients hospitalisés après avoir contracté la COVID-19. De l'aveu même du chef des soins intensifs de cet établissement, le Dr Mathieu Simon, la méconnaissance du vaccin continue de jouer un rôle déterminant dans ces hospitalisations plus d'un an après que des Canadiens eurent reçu leur première dose.
J'ai eu un patient dans les derniers jours qui n'était pas vacciné. Je suis rentré dans sa chambre pour dire qu'il s'en allait aux soins intensifs
, a raconté le Dr Simon à l'animateur du Téléjournal Québec, Bruno Savard.
Il m'a demandé d'être vacciné, je lui ai dit que c'était un peu tard. Et là, j'avais un médicament quasiment expérimental à lui offrir, un médicament qui est beaucoup plus expérimental que le vaccin, et il m'a demandé de le lui donner.
Tout d'un coup, face à la réalité, face à l'échéance, il était prêt à prendre le vaccin et les autres médicaments expérimentaux
, déplore le scientifique.
Depuis une semaine, les journées du Dr Simon et de son équipe commencent donc avant même les premières lueurs du jour pour se terminer très tard le soir parce que des non-vaccinés ne semblent pas mesurer l'ampleur des conséquences de leur décision.
La semaine dernière, les non-vaccinés représentaient environ 10 % de la population et 33 % des hospitalisations au Québec.
Précision
Dans une version précédente de ce texte, on pouvait lire que les non-vaccinés représentaient environ 50 % des hospitalisations au Québec, selon des données véhiculées par la santé publique et le premier ministre du Québec, François Legault. En réalité, les non-vaccinés représentaient environ 33 % des hospitalisations.
Omicron moins foudroyant, mais...
Heureusement, Omicron est généralement moins foudroyant que le variant Delta, ce qui donne un coup de main à l'équipe du Dr Simon.
On est dans un ratio de 9 pour 1 (patients aux étages et patients aux soins intensifs), ce qui sauve un peu de main-d'œuvre, ce qui fait également en sorte que les patients sont moins malades et vont récupérer plus rapidement. Mais c'est une mince consolation considérant le volume que nous avons présentement
, a mentionné le pneumologue.
Le Dr Simon est donc d'accord avec la nouvelle mesure du gouvernement destinée à élargir l'utilisation du passeport vaccinal.
Il n'y a pas d'effort inutile. On essaie de protéger [les non-vaccinés]. On les protège contre eux-mêmes. Très clairement, des gens vont vouloir continuer à aller à la SAQ et à la SQDC et ça va en inciter quelques-uns à se faire vacciner
, a-t-il commenté.
Moi, je suis là, mais il y a des centaines d'autres travailleurs de la santé qui font exactement la même chose, et on se bat pour éviter les ruptures de services. [Le ministre de la Santé] Christian Dubé a raison : on ne peut pas continuer à 200 hospitalisations par jour à ce rythme-là bien longtemps sans que le réseau arrive au bout de sa corde.
Près de 2000 Québécois sont hospitalisés en ce moment, un nombre qui pourrait passer à 3000 d'ici deux semaines, selon les plus récentes projections gouvernementales.