Le chanteur Bernard Lachance est bel et bien mort du sida, confirme le coroner
Adepte de « théories conspirationnistes », l'artiste « avait cessé de prendre sa médication ».

Bernard Lachance, artiste
Photo : Famille Bernard Lachance
Le coroner Pierre Bélisle confirme que le chanteur Bernard Lachance a succombé au sida, une maladie dont l'artiste devenu conspirationniste niait l'existence.
Son rapport d'investigation, signé le 17 décembre dernier, précise que M. Lachance est décédé d'une septicémie bactérienne en lien avec une infection au VIH
. Il s'agit d'un décès naturel
, écrit-il.
Le chanteur originaire de Montmagny, qui s'était fait connaître au début des années 2000 en produisant ses propres spectacles dans les plus grandes salles alors qu'il n'était encore que peu connu, a été retrouvé mort chez lui à Saint-Didace, dans Lanaudière, le 11 mai dernier. Il avait 46 ans.
Pour faire la lumière sur les circonstances entourant son décès, le coroner Bélisle a notamment analysé le rapport d’autopsie du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec. Aucune trace de lutte ou de violence [n'a] été observée
, assure-t-il.
Selon le témoignage d'un ami très proche de Bernard Lachance, qui vivait avec lui à Saint-Didace, le chanteur était atteint du VIH
et avait cessé de prendre sa médication
.
Mise à jour
Une version précédente de cet article mentionnait que, selon le témoignage de cet ami, Bernard Lachance était atteint du VIH depuis 10 ans
et avait cessé de prendre sa médication depuis environ 8 ans
.
Or, le 9 février 2022, soit un mois et demi après la publication de cet article, le coroner a présenté un rapport amendé dans lequel il précise que, selon les renseignements obtenus du médecin qui l'avait suivi
, M. Lachance avait reçu un diagnostic d'infection au VIH le 11 juin 2008
et qu'il avait cessé la trithérapie le 1er juin 2017
.
« Il avait adhéré aux théories conspirationnistes et s’exprimait sur le sujet à l’occasion de conférences et sur les réseaux sociaux. Il était tellement convaincu de sa position qu’il s’était brouillé avec plusieurs amis qui ne partageaient pas son point de vue. »
Pour ses problèmes de santé, Bernard Lachance s’en remettait à des produits naturels et aux conseils de gens qui partageaient ses convictions
, mentionne-t-il
M. Bélisle note en outre dans son rapport qu'un médecin s'est rendu à Saint-Didace en avril 2021 à la demande d'une connaissance commune pour constater le piètre état de santé du chanteur. Mis au fait qu'il ne lui resterait que peu de temps à vivre s'il ne se faisait pas soigner, M. Lachance aurait continué à nier l'existence du sida.
Ce choix lui appartenait
Le coroner termine son rapport en rappelant que personne ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu'en soit la nature
, invoquant les articles 10 et 11 du Code civil du Québec.
Même si certains peuvent déplorer que M. Lachance se soit éloigné de la médecine traditionnelle et être convaincus que celle-ci aurait pu prolonger sa vie, il demeure que ce choix lui appartenait
, fait-il remarquer.
Personne, parents ou proches, n’a jamais remis en doute les capacités intellectuelles de M. Lachance au point de recourir à des moyens légaux pour contraindre celui-ci à se faire soigner avec les moyens de la médecine
, souligne M. Bélisle.
Ce choix a été exercé en pleine connaissance de cause par M. Lachance et il ne m’appartient pas comme coroner de porter un jugement sur sa décision
, conclut-il.