Le président Macron décidé à « emmerder » les Français non vaccinés « jusqu’au bout »

Le président français Emmanuel Macron (archives).
Photo : Reuters / BENOIT TESSIER
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi, dans un entretien au journal Le Parisien, être décidé à « emmerder » les non-vaccinés contre la COVID-19 « jusqu'au bout » en « limitant pour eux, autant que possible, l'accès aux activités de la vie sociale » au moment où le pays connaît un nombre record de nouveaux cas.
Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie
, a déclaré le chef de l'État français, tandis qu'un texte de loi sur le passeport vaccinal donnait lieu à un débat houleux à l'Assemblée nationale.
À une question d'une lectrice du Parisien soulignant que les non-vaccinés occupent à 85 % les réanimations
, ce qui entraîne un report des opérations, Emmanuel Macron a répondu que cette remarque est le meilleur argument
pour la stratégie du gouvernement et qu'en démocratie, le pire ennemi, c'est le mensonge et la bêtise
.
La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré
à la vaccination et c'est une toute petite minorité qui est réfractaire
, ajoute-t-il.
Celle-là, comment on la réduit? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l'emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder.
Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au resto, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné...
, a expliqué le président.
Il s'exprimait alors que les députés français avaient repris le débat sur le passeport vaccinal dans une ambiance électrique, après un vote surprise refusant la poursuite des débats, dans la nuit de lundi à mardi.
Le candidat de La France insoumise à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a jugé consternants
les propos du président. Le président maîtrise-t-il ce qu'il dit? L'OMS [Organisation mondiale de la santé] dit "convaincre plutôt que contraindre". Et lui? "Emmerder davantage". Consternant
, a-t-il dénoncé dans un tweet.
Pour Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, un président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction
.
Chez les Républicains, Bruno Retailleau a estimé qu'aucune urgence sanitaire ne justifie de tels mots
.
Le gouvernement en difficulté sur son projet de passeport vaccinal
À trois mois de l'élection présidentielle, le gouvernement français a été mis en difficulté par les partis d'opposition, qui ont réussi à retarder l'adoption par les députés d'un texte instaurant un passeport vaccinal pour lutter contre la COVID-19.
L'examen de ce projet de loi, l'un des piliers de la politique sanitaire du président Emmanuel Macron, a dû être suspendu dans la nuit de lundi à mardi alors qu'il n'aurait dû être qu'une simple formalité, une majorité de parlementaires soutenant le texte. Il a repris mardi soir.
Toutes les conditions sont réunies pour que nous ayons un débat apaisé
, a assuré à la reprise le président de séance, Marc Le Fur (Les Républicains), devant des bancs bien fournis.
Après la reprise des travaux, les députés ont relevé à 16 ans le seuil exigé pour le passeport vaccinal, contre 12 dans le projet initial du gouvernement, qui s'est rallié à ce changement. Les discussions devraient se poursuivre mercredi.

Le professeur de gériatrie Pierre Jouanny reçoit une dose de vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech à l'EHPAD de Champmaillot (maisons de soins et centres de jour pour personnes âgées) à Dijon, en France.
Photo : Getty Images / PHILIPPE DESMAZES
En pleine flambée de l'épidémie, le gouvernement visait initialement une adoption définitive en fin de semaine, avant une entrée en vigueur au 15 janvier. Mais 125 députés – contre 121 – ont refusé, par un vote à main levée, la poursuite des débats, faute de parlementaires de la majorité de centre droit en nombre suffisant.
On a vu hier soir une forme d'amicale de l'irresponsabilité se constituer avec les députés de La France insoumise, du Rassemblement national et les députés LR, pour faire un coup de procédure
et essayer de faire dérailler le calendrier de l'adoption du pass vaccinal
, a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Ils ont manifestement réussi
leur coup
, mais on va tout faire pour tenir au plus près le calendrier qui était prévu
, a-t-il assuré sur la radio France Inter.
Record de cas
M. Attal a défendu un texte absolument nécessaire
, alors que plus de 19 600 malades de la COVID-19 étaient hospitalisés lundi soir en France. Pas moins de 297 malades sont morts au cours des dernières 24 heures dans les hôpitaux.
Plus de 270 000 nouveaux cas ont été enregistrés dans le pays au cours des dernières 24 heures, un nouveau record, ont annoncé les autorités sanitaires. Le dernier record remontait à fin décembre, avec un peu plus de 230 000 nouveaux cas en une journée.
La hausse des cas recensés s'explique en partie par un nombre sans précédent de tests (PCR ou antigéniques) : 8 millions la semaine dernière, a expliqué le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Cependant, la poussée épidémique est bien réelle, comme en témoigne le bond du taux de positivité
, soit la proportion de cas chez les seules personnes testées. Il dépasse désormais 15 %, proche de ses records de l'automne 2020.
Avec le passeport vaccinal, le gouvernement voulait encore accentuer la pression sur les près de 5 millions de Français de plus de 12 ans non vaccinés : faute de pouvoir justifier d'un statut vaccinal complet, ils n'auront plus accès aux activités de loisirs, aux restaurants, aux bars, aux foires ou aux transports publics interrégionaux.