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13 universitaires doutent de l’efficacité du couvre-feu imposé par Québec

Une rue sans voiture ni passant à la tombée du jour.

Une rue déserte à Québec

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cloutier

Treize experts provenant principalement du monde universitaire qualifient le couvre-feu instauré par le gouvernement Legault de « nuisible » et « d'inefficace ».

La lettre a été publiée le 30 décembre dernier sur le site d'informations Pivot, notamment.

Les universitaires proviennent d'une foule de domaines de recherche, dont l'anthropologie de la santé, l'histoire, les communications, la sociologie, le travail social et le droit. D'autres sont issus d'organismes, comme la Ligue des droits et libertés et l'Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues.

Malgré ce que le gouvernement Legault, Horacio Arruda et leurs experts collaborateurs diront dans les médias, nous avons plusieurs motifs de douter que le couvre-feu soit un outil approprié pour gérer une pandémie, même si l’effet de massue auquel on l’associe donne au gouvernement une impression indéniable "d’agir", estiment les auteurs.

Ils reprochent au gouvernement de ne pas avoir fourni d'étude qui explique clairement le lien de causalité entre le couvre-feu et l'amélioration de la situation épidémiologique.

Le gouvernement n’a jamais démontré l’efficacité du couvre-feu. Il a plutôt utilisé le sophisme du biais de confirmation pour éviter d’avoir à plonger dans les chiffres : le couvre-feu fonctionnerait parce que les cas baissaient.

Une citation de Extrait de la lettre d'experts

COVID-19 : tout sur la pandémie

Consulter le dossier complet

Une représentation du coronavirus.

Personnes vulnérables

On n'a pas de preuve ni de son efficacité ni de son inefficacité, précise Jean-Sébastien Fallu, signataire et professeur agrégé à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal et chercheur régulier au Centre de recherche en santé publique.

Selon lui, il a été démontré que le couvre-feu peut avoir des conséquences sur les personnes en situation d'itinérance et celles qui sont victimes de violence conjugale.

Dans l'évaluation de politique publique, il ne faut pas juste regarder si ça atteint ses objectifs, mais est-ce que ça produit des effets pervers? Là-dessus, on a beaucoup d'évidences de dommages très importants, particulièrement pour les personnes vulnérables, ajoute le chercheur.

Écoles

Selon les auteurs de la lettre, la majorité des éclosions durant la vague actuelle provient des écoles. Le couvre-feu n'est donc pas la mesure appropriée pour diminuer la transmission.

Sans surprise, en date du 15 décembre 2021, près de 93 % des éclosions de la première moitié de la cinquième vague ont eu lieu dans les écoles primaires, les milieux de travail, les garderies, les écoles secondaires et les établissements d’enseignement supérieur, peut-on lire.

Ils reprochent notamment au gouvernement de ne pas s'être attaqué au problème de ventilation dans les écoles, ce qui aurait contribué à diminuer la propagation du coronavirus.

Le gouvernement se défend

Le mois dernier, Radio-Canada avait tenté d'obtenir des détails sur les répercussions du couvre-feu instauré en janvier 2021 et levé en mai dans la province.

Le couvre-feu a assurément eu un effet dissuasif auprès de la population de sortir après 20 h ou 21 h 30. Des études d’observation révèlent que cette mesure a empêché les rassemblements, a-t-on répondu au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Des recherches ont été faites à ce sujet dans une comparaison Québec-Ontario, a-t-on signalé. Elle démontrait qu'une réduction de la mobilité s'était produite après 20 h à Montréal, soumis au couvre-feu, comparativement à Toronto, où la mesure n'était pas en vigueur. Cette analyse concluait à une diminution de 31 % des déplacements au Québec après 20 h. Le jour, la mobilité augmentait cependant de 8,7 %.

Il s’agit d’une étude de mobilité et non d'une étude de transmission, affirme toutefois Gaston de Serres, épidémiologiste à l'Institut national de santé publique (INSPQ).

Le gouvernement cite une autre étude de l'analyse de la situation en France lors des premières vagues. Elle détermine que le couvre-feu avait eu une incidence sur la transmission des plus vieilles souches de COVID-19, mais n'avait pas su freiner l'émergence du variant Alpha.

Une troisième étude sur la situation en Jordanie a aussi été citée par le gouvernement.

Avec la collaboration de David Rémillard

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