Eudore Belzile laisse la direction du Théâtre du Bic entre bonnes mains

Eudore Belzile passe le flambeau à Marie-Hélène Gendreau.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Directeur général du Théâtre du Bic depuis plus de 30 ans, Eudore Belzile quitte ses fonctions dans la sérénité. Après avoir mûri sa réflexion depuis un bon moment, il passe le flambeau à Marie-Hélène Gendreau, originaire de Trois-Pistoles.
Je suis entouré d’une équipe jeune, dynamique, même olympique comme je le dis souvent, mentionne-t-il. Je lui laisse la direction avec infiniment de bonheur parce qu'elle est originaire de la région. Elle va savoir faire entrer ce théâtre-là dans le 21e siècle, à la conquête de ce nouveau public.

Marie-Hélène Gendreau deviendra la nouvelle directrice artistique du Théâtre des gens d'en bas.
Photo : Nicola-Frank Vachon
Vient un moment où il faut donner la place à quelqu’un de plus jeune qui va donner une impulsion à l’avenir. Si vous ne le faites pas, quelqu'un va vous demander de le faire.
Je pars, je ne dirais pas nécessairement avec le sentiment du devoir accompli, mais avec celui d'avoir réalisé un certain nombre de choses qui me tenaient à cœur
, ajoute Eudore Belzile.

Le directeur général du Théâtre du Bic, Eudore Belzile
Photo : Radio-Canada / Édith Drouin
Le fait d'avoir dirigé le seul théâtre professionnel permanent entre Québec et les Îles-de-la-Madeleine lui inspire des sentiments mitigés.
C’est un objet de fierté, mais ça démontre à quel point il a fallu se battre, explique-t-il. Ça démontre que les choses n’avancent pas à bon rythme. ll devrait y avoir plus de théâtres professionnels permanents dans l’Est-du-Québec.
Dans une perspective plus large, l’homme de théâtre estime que l’art en général devrait prendre davantage de place dans la vie de tous un chacun, en particulier chez les jeunes.
Il faut réorganiser la vie autour de ce besoin qu’a l’être humain du sens et de l’imaginaire.
Les Opérations Dignité : le choc initial
Amené à revenir sur sa carrière, Eudore Belzile raconte qu'elle a tout de suite pris un tournant qui allait être déterminant dans les années 1970.

Dans les années 70, des milliers de personnes se sont mobilisées pour empêcher la fermeture de leur village dans le cadre des Opérations Dignité.
Photo : Centre des Opérations Dignité
Jeune finissant de l’École nationale de théâtre, il était venu dans la région pour participer à un atelier, et ce, pour un été. Je devais repartir à l’automne à Montréal, où ma carrière devait prendre son envol
, raconte-t-il.
C’était un temps fort des Opérations Dignité. Je me suis retrouvé à participer à une manifestation populaire à Esprit-Saint. Comme je suis originaire de Saint-Cyprien, un village d’agriculteurs et de bûcherons, j’ai été très marqué par cette manifestation. À mon retour, je me suis dit : à quoi sert mon théâtre?
Cette expérience marquante a été l’élément déclencheur de la fondation de la Troupe des gens d‘en bas.

Le directeur artistique du Théâtre du Bic, Eudore Belzile (en bas à gauche), Benoit Vaillancourt, Daryelle Belzile, Martin Dion et Raymond Guertin dans une production du Théâtre des gens d'en bas en 1978-1979.
Photo : Courtoisie/Théâtre du Bic
On a joué partout, se souvient-il, dans des églises, des sous-sols d’églises, des salles officielles, des salles communautaires pendant sept ou huit ans dans la région et ailleurs au Québec. On avait un public de tous les âges. On mélangeait les générations.
En 1989, M. Belzile est devenu directeur permanent du Théâtre du Bic. On avait alors transporté une grange pour la transformer en théâtre.

La grange qui allait devenir le Théâtre du Bic a été déménagée du parc du Bic vers son emplacement actuel en 1988.
Photo : Courtoisie Benoit Vaillancourt
Eudore Belzile espère un théâtre neuf très bientôt. Si tout va bien, ça devrait se réaliser d’ici un an, un an et demi, prévoit-il. Les sommes sont réunies. Ça devrait prendre forme à partir de mars. Ce nouveau théâtre devrait donner une impulsion nouvelle à la compagnie.
M. Belzile n'entrevoit pas la retraite de sitôt. On ne prend jamais vraiment de retraite dans ce métier-là
, dit-il. Il se voit jouer et faire de la mise en scène, libéré des responsabilités administratives.
Avec les informations de Charles-Alexandre Tisseyre