Quatre entreprises potentielles pour relancer l’usine Fortress à Thurso

L'usine de Fortress transformait des produits forestiers en cellulose pour la confection de vêtements (archives).
Photo : Radio-Canada / Christian Milette
Le ministère de l’Économie du Québec évalue actuellement les candidatures de quatre investisseurs afin de relancer l’usine Fortress située à Thurso, en Outaouais. Les installations sont à l’arrêt depuis plus de deux ans.
Cette nouvelle étape dans le dossier de la papetière laisse croire au maire de la ville et préfet de la MRC
de Papineau, Benoît Lauzon, qu’une reprise de l’industrie forestière dans la région est possible d’ici l’été 2022.L’entreprise Fortress avait annoncé la fermeture temporaire de son usine à Thurso en octobre 2019, évoquant la dispute commerciale sino-américaine et le recul sans précédent du prix de la cellulose spécialisée sur le marché mondial.
Près de 300 employés avaient été mis à pied et l’entreprise s’était placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Deux ans plus tard, aucun investisseur n’a été trouvé pour relancer l’usine, et ce, malgré les efforts du gouvernement provincial et des acteurs locaux.
Deux solutions
Le maire Lauzon voit deux solutions pour remédier à la situation.
« La première solution, c'est de repartir l'industrie de la papetière de Thurso. Pour y arriver, il faut absolument avoir un processus de diminution des coûts d'approvisionnement de l'usine d'à peu près 30 %. »
La deuxième solution passerait par le projet pilote mis en œuvre par le ministère de l’Économie en août dernier afin de relancer l’industrie en Outaouais et dans les Laurentides de façon durable.
Le ministre de l’Économie, M. Fitzgibbon, a lancé un ultimatum pour le dépôt d’offres d’achat pour la papetière. Les gens avaient jusqu’au 15 septembre pour déposer et il y a eu quatre candidatures
, rapporte M. Lauzon.
Le maire espère que le processus permettra de trouver preneur pour la papetière afin que l’usine, dans sa forme actuelle, puisse reprendre ses activités l’été prochain.
Dans les deux scénarios, la baisse des coûts d’approvisionnement est la clé pour assurer une relance durable, croit Benoît Lauzon. On s’attend à atteindre notre 30 % [de réduction des coûts] d’ici quatre ans. Si on peut l’atteindre plus rapidement, tant mieux. Sinon, on est capables de travailler à l’intérieur de quatre ans, à condition que le ministère de l’Économie travaille avec nous
, explique-t-il.
Le ministère de l’Économie n’a pas souhaité donner plus de détails sur les candidatures évaluées et n'a pas dit si celles-ci visent à changer la vocation de l’usine.
Considérant le processus en cours, nous ne pouvons pas révéler l’identité des partenaires avec lesquels nous sommes en pourparlers. Il est évidemment trop tôt pour déterminer quand une décision sera prise dans ce dossier
, a fait savoir par courriel le responsable des relations médias du ministère, Jean-Pierre D’Auteuil.
Le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, estime de son côté que le secteur forestier doit être protégé. Dans Papineau, l’usine de Fortress génère des dizaines d’emplois. Les gens qui y travaillent sont nos amis, notre famille, nos voisins. Nous ne les laisserons pas tomber
, écrit-il dans un courriel.
Il assure que le travail se poursuit
afin de trouver un acheteur mais qu’il est encore trop tôt pour dévoiler plus de détails.
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Des prêts de Québec
Québec a accordé un prêt de 14,7 millions de dollars à Fortress en septembre. Ce montant s’ajoute aux dizaines de millions de dollars déjà accordés à l’entreprise depuis 2019.
Selon Benoît Lauzon, la faiblesse de l’usine de Thurso, c'est qu’elle n’est plus intégrée à une chaîne d’industrie comme le sont d’autres papetières, notamment les Produits forestiers Résolu.
Je suis d'avis que pour sécuriser les opérations forestières et les emplois ainsi que pour s'assurer que le gouvernement n'ait plus l'obligation d'injecter des sommes pour aider ces industries à survivre, il faut que ça redevienne une industrie intégrée dans une chaîne qui va se faire alimenter par les scieries du même propriétaire
, souligne-t-il.
Le maire de Thurso dit avoir lancé ce message au ministère de l’Économie.
Avec les informations d'Aïda Semlali