Dépendance et solitude : un mauvais cocktail durant les Fêtes, disent des intervenants

Des intervenants constatent que dépendances et solitude ne font pas bon ménage durant la période des Fêtes et encouragent les personnes qui vivent une période difficile à briser l'isolement (archives).
Photo : Radio-Canada
Si la période des Fêtes est synonyme de réjouissance pour plusieurs, elle peut s’avérer une période plus difficile pour les personnes seules, voire même un véritable défi pour celles qui traînent en plus un problème de consommation.
Pour ces personnes, le Bureau régional d'action sida (BRAS) Outaouais rappelle que la clé est de sortir de l’isolement et de demander de l’aide.
Ne restez pas seul là-dedans. Communiquez avec des intervenants qui sont là sur le terrain
, rappelle, Annie Castonguay, directrice adjointe au BRAS Outaouais.
Les contrecoups de la pandémie se font sentir en ce deuxième Noël plombé par la COVID-19 et l’Outaouais n’y échappe pas, a constaté Mme Castonguay.
L'isolement vient jouer un grand rôle au niveau de la consommation des gens. La pandémie a joué un grand rôle sur l'isolement. Tous ces facteurs-là mis ensemble font augmenter la consommation chez les gens. Ils ont fait augmenter la consommation chez les gens qui n'avaient même pas de problème de dépendance
, explique-t-elle.
Pour plusieurs, la consommation est reliée à une situation familiale difficile, ajoute l'intervenante, ce qui place des personnes abstinentes, par exemple, face à une tentation plus forte de consommer en cette période de l'année.
On sait que Noël, c’est très familial, donc très souvent, c’est relié à cela
, remarque-t-elle.
Éviter la solitude
L'organisme Éduc'alcool tient le même discours en matière de consommation en cette période des Fêtes : brisez l’isolement.
Les gens qui sont seuls doivent, à la fois en matière d’alcool et pour toutes les raisons et dans tous les autres domaines, faire l'objet de davantage de surveillance. Il n'y a rien de pire que la solitude, particulièrement durant le temps des Fêtes. C'est une période au cours de laquelle on recherche les rassemblements
, met en garde le directeur général d’Éduc'alcool, Hubert Sacy.
« Si on se sent angoissé ou stressé, il faut appeler des amis, sortir, socialiser, rencontrer des gens virtuellement. L'alcool n'est pas votre meilleur ami. »
Par ailleurs, les personnes qui ont admis avoir plus consommé durant la pandémie sont essentiellement celles qui ont choisi de soigner leurs angoisses, leur solitude, leur stress par l'alcool, ajoute M. Sacy.
Ce qui est une très mauvaise idée parce que l'alcool, ce n'est pas un médicament. Les magasins de la SAQ , ce ne sont pas des pharmacies
, dit-il.
Risques accrus de surdose liés au fentanyl
En plus de l’isolement, un autre facteur ajoute aux risques liés à la consommation en cette période pandémie et il se nomme fentanyl.
Avec la pandémie, il est devenu plus difficile de savoir ce que l'on consomme. Les restrictions des derniers mois appliquées aux frontières ont eu un effet de changement sur les drogues en circulation, explique Annie Castonguay, au BRAS
Outaouais.Les gens ont dû s'adapter à un nouveau type de marchandise. Ils savent moins ce qu’ils consomment parce que la drogue est davantage mélangée avec plusieurs substances. C’est une inquiétude à chaque fois
, rapporte-t-elle.
Les consommateurs de drogue sont invités à faire analyser le contenu de ce qu'ils se procurent. Il est d'ailleurs possible de vérifier si du fentanyl se trouve dans sa consommation à la roulotte de prévention des surdoses située près de l'aréna Robert-Guertin, dans le secteur de Hull.
Annie Castonguay rappelle que le site de prévention des surdoses est ouvert dans le temps des Fêtes. Elle incite les consommateurs à risque ainsi que leurs proches à se procurer une trousse de naloxone disponible auprès de l’organisme.
À lire aussi :
Les Gatinois champions québécois de la modération en 2021
Sur une note plus encourageante, Éduc'alcool a désigné les Gatinois comme étant les champions québécois de la modération, selon une étude que l’organisme a menée.
La région a toujours bien performé au niveau du palmarès, mais c’est la première fois qu’elle est montée sur la première marche du podium. Est-ce que c’est dû à la qualité de vie qui se reflète sur les comportements, au fait qu’il y ait beaucoup de nature? C’est très difficile à déterminer à partir des résultats du sondage, mais une chose est certaine, c’est que ce n’est pas une raison pour prendre un coup, parce qu’on a été champion de la modération
, a lancé Hubert Sacy.
Avec les informations d’Émilie Bergeron et d’Ismaël Sy