« J’aime plus les chiens que les humains » : être guide de chiens de traîneaux

Cynthia Lecours traverse deux fois par an le Canada avec ses chiens dans un camion pour faire la saison touristique dans l'ouest.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'excursion en traîneau à chiens est une des activités touristiques hivernales incontournables des Rocheuses. Cette expérience en pleine nature fascine les touristes, qui sont un peu plus nombreux que l'an dernier, et est une passion pour les guides. Rencontre avec ces guides passionnés qui ont choisi un style de vie unique, malgré les sacrifices.
Le soleil se lève à peine sur Lake Louise. Le facteur éolien est de -30 dans le parc national Banff.
Quatre guides de l’entreprise Kingmik Dog Sled Tours préparent l'attelage pour les 66 Huskies qui vont tirer des clients toute la journée.
Parmi eux, Cynthia Lecours, qui, tous les hivers depuis 2014, vient du Québec jusqu'en Alberta avec ses 18 animaux pour la saison touristique. Se lever tôt et travailler sous des températures extrêmes ne pose aucun problème à la guide de 31 ans, bien au contraire.
Les chiens, quand ils courent, n’ont pas trop froid. C’est des températures parfaites. On va mettre des manteaux sur les chiens. Nous, ça va. C'est [l'engagement nécessaire], quand on veut travailler avec des chiens
, dit-elle.
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Comme une famille
Ses bêtes, qu'elle élève, nourrit, câline et surveille de jour comme de nuit sont comme ses bébés. Une relation profonde s’est installée au fil du temps.
Si, un matin, on voit que [...] ça ne tente pas [un chien de venir], on ne va pas le forcer à venir au travail. On connaît la personnalité de chaque chien.

La soixantaine de chiens se relaiera durant trois excursions quotidiennes.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Pour tracter deux clients par traîneau, huit huskies sont accrochés le long d’une corde, appelée gangline. Chaque guide choisit son équipe en fonction du poids à tirer et de la météo. Dans celle de Cynthia Lecours, seulement cinq sont des mâles.
C’est les femmes qui portent les culottes dans mon équipe
, avoue-t-elle. J'aime bien avoir mes petites femelles faciles à transporter et à lever que d'avoir de gros chiens qui prennent le triple de nourriture.
Pour réaliser ta passion avec les chiens, [il] faut se contenter de peu
, ajoute Cynthia Lecours.
La relation unique avec ces animaux motive certains à commencer une carrière de guide, même si rien ne les prédestinait à suivre ce chemin.
À quelques mètres de Cynthia, son collègue Rob Scarffe nourrit ses chiens. Cet Australien d'origine s'est pris de passion pour ce métier il y a seulement deux ans.
J'adore cette sensation, quand on traverse une immense forêt silencieuse en traîneau. C'est un style de vie unique, qui demande beaucoup de travail, mais qui ne voudrait pas passer la journée à travailler avec ses 16 meilleurs amis?
, dit-il.

L'itinéraire le plus populaire de l'exploitant Kingmik est le Great Divide Tour d’une heure et demie, qui serpente à travers le col du Cheval-qui-Rue.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Tourisme fragile
La majorité des clients de cet exploitant des Rocheuses sont Américains. Ceux de Cynthia Lecours, ce matin-là, viennent du Texas.
Il y a trois jours, il faisait 26 degrés à Houston. C'est une sacrée aventure pour nous
, dit une cliente, Karla Cisneros, qui a réservé son expédition deux mois à l’avance.
Enchaîner les petits boulots l'été au Québec, vivre seule dans une caravane en pleine nature sauvage l'hiver : Cynthia Lecours n'échangerait cette vie pour rien au monde. Ses proches ont dû se résigner.

Après la première expédition du matin, Cynthia Lecours verse du bouillon de poulet dans les gamelles.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Tout le monde me dit : "Tu ne gagneras pas ta vie de ça", mais l’idée, c’est pas de gagner ma vie, c’est de me lever le matin et d’être de bonne humeur. J’aime plus les chiens que les humains.
Megan Routley, présidente de Kingmik Dog Sled Tours depuis 2003, le confirme : On est accro à ce style de vie. Conduire un traîneau n’est que la pointe de l’iceberg. C’est un travail difficile. On a souvent faim et froid, mais on adore ça.

Il fait encore nuit lorsque Megan Routley commence à préparer son traîneau.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Avant la pandémie, son entreprise pouvait faire rêver plus de 3000 touristes par an. Son activité dépendant totalement des clients étrangers, la COVID-19 l’a obligée à écourter la saison, l’an passé.
Tout est réservé jusqu’au 7 janvier 2022
, précise Megan Routley. Ces guides et leurs fidèles amis poilus n'espèrent qu'une seule chose : que le variant Omicron n'annule pas la saison.