•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Dépendance et pandémie : les groupes de soutien peinent à se réunir en personne à Ottawa

Des gens en thérapie de groupe.

La pandémie de COVID-19 a rendu les réunions de soutien pour les personnes ayant des dépendances difficiles à organiser en présentiel.

Photo : Point Fr/Shutterstock

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Que ce soit pour des raisons de santé ou en raison des mesures sanitaires qui ont restreint les rassemblements, il a été plus difficile durant la pandémie pour les membres de groupes de soutien de se rencontrer en personne afin de discuter de leurs problèmes liés à la consommation de drogue ou d’alcool.

Certaines personnes impliquées dans ces groupes de soutien par les pairs affirment que le passage aux réunions virtuelles a ouvert des opportunités, mais plusieurs remarquent que le manque de contact en personne suscite toujours des inquiétudes.

Le vice-président de la Community Addictions Peer Support Association (CAPSA) d'Ottawa, Gord Garner, constate que plusieurs personnes hésitent toujours à passer au virtuel à une période où l'accès au service d’aide pour des troubles liés à l'utilisation de substances est plus difficile.

Gord Garner répond aux questions d'une journaliste.

Gord Garner est le vice-président de la Community Addictions Peer Support Association (CAPSA).

Photo : Radio-Canada

Il ne fait aucun doute que la réduction des réunions en personne a eu un impact négatif sur la santé de la communauté, croit M. Garner.

Ce dernier souligne l’importance de ces réunions pour les personnes prisonnières d’une dépendance, mais également pour les parrains qui y trouvent souvent un but à leur vie. Ces groupes de soutien les aident à rester sur le chemin de l’abstinence, croit M. Garner.

Pour les pairs, c'est souvent leur première expérience dans un milieu d’espoir. C'est souvent là où ils trouvent leur stabilisation, c'est souvent là où ils maintiennent leur bien-être, dit-il.

Les mains de deux hommes posées sur une table

Les groupes de soutien aident autant les personnes dépendantes à se libérer que les parrains à rester abstinents, selon un professionnel.

Photo : Radio-Canada / Roxane Léouzon

Baisse importante de participants en présentiel

L'Intergroupe des Alcooliques anonymes (AA) d'Ottawa a connu une baisse importante de ses réunions en personne, passant de 161 membres par semaine avant la pandémie à seulement 45, le mois dernier.

Joanne, que CBC a accepté de ne pas identifier par son nom complet, a confié que l'interruption des réunions en personne a été l'une de ses principales préoccupations lorsque la première série de restrictions pandémiques a été annoncée en mars 2020.

Même si son groupe a tenu des réunions par visioconférence, de nombreux obstacles, techniques et autres, ont découragé plusieurs membres, ajoute-t-elle.

Nous avons vu dans notre petit groupe la fréquentation diminuer d'environ la moitié, pour diverses raisons, témoigne la dame.

L'organisation locale des AA a par ailleurs indiqué que plus d’une vingtaine de ses 90 groupes dans la région d'Ottawa sont actuellement inactifs. Il est toutefois difficile de déterminer combien de membres ne participent plus.

Le virtuel facilite l'accueil des nouveaux participants

Les groupes toujours actifs organisent environ 140 réunions virtuelles par semaine, selon un porte-parole des AA.

Johanne soutient que les réunions virtuelles ont tout de même permis aux gens d'assister à des groupes partout en Amérique du Nord, ainsi que d'assister à des conférences de la fraternité.

Nous avons eu de nouvelles personnes qui n'ont jamais assisté à une seule réunion en personne et qui célèbrent maintenant une année de sobriété continue, explique Joanne.

Son groupe, ajoute-t-elle, a aussi organisé des promenades et distribué de la littérature et des médaillons de sobriété à certains nouveaux membres en personne afin de bonifier les séances virtuelles, lorsque les directives de santé publique le permettaient.

Pour Gord Garner, vice-président de la Community Addictions Peer Support Association, les réunions virtuelles ont aidé les gens à découvrir et à se frayer un chemin à travers les groupes de soutien par les pairs.

Souvent, les gens vont venir à nos réunions et ils vont garder leur caméra éteinte. Ils peuvent rester silencieux pendant la première moitié de la réunion, puis il y a ce moment où ils allument leur caméra et se sentent à l'aise, partage M. Garner.

Les services peinent à répondre aux besoins

Dans l'ensemble, l'accès aux services reliés aux problèmes de dépendance a été réduit, même si les Canadiens disent avoir davantage consommé de substances au cours de la pandémie.

Près du tiers des répondants canadiens ont signalé une augmentation de leur consommation d'alcool pendant la pandémie, alors que 40 % ont confié avoir consommé plus de cannabis, selon une étude du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.

Un homme de dos tenant un livre.

Alors que les Canadiens disent avoir consommé plus d'alcool et de cannabis durant la pandémie, l'accès aux services pour les personnes dépendantes est réduit. Sur la photo, un membre des AA consulte un ouvrage pour l'aider à rester dans l'abstinence.(archives)

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

D’après les conclusions de cette étude menée en collaboration avec la Commission de la santé mentale du Canada, environ 11 % des personnes ayant des problèmes de toxicomanie vont chercher de l’aide en virtuel. Ce chiffre tombe à 7 % pour ceux qui demandent du soutien en personne.

Par ailleurs, l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) a publié la semaine dernière des données montrant une augmentation de 9 % des hospitalisations liées à la consommation de substances au cours des 16 premiers mois de la pandémie.

Plus une personne reste longtemps sans pouvoir accéder au soutien dont elle a besoin, plus les impacts sanitaires et sociaux sont importants lorsqu'elle accède au système de santé, explique Rebecca Jesseman, la directrice des politiques du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.

Avec les informations de Matthew Kupfer, CBC

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...