Paul Mukendi empêché de tenir un événement en République démocratique du Congo

Paul Mukendi, dans sa vidéo du 17 décembre 2021
Photo : Capture d'écran / Ministère Paul Mukendi
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les revers s’accumulent pour le pasteur évangélique de Québec Paul Mukendi. L’homme de 44 ans, qui a fui la justice canadienne en août dernier, a été empêché de tenir une conférence à Kinshasa, pour laquelle il faisait de la publicité depuis des semaines.
Son événement, intitulé Ne vous conformez pas au siècle présent
, devait d’abord avoir lieu du 16 au 18 décembre à Showbuzz, une salle de spectacles située dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
La réservation aurait été faite au nom de l’entreprise du pasteur, soit le Ministère Paul Mukendi Inc. Lorsque les responsables de la salle ont constaté qu’il s’agissait du même homme condamné pour deux agressions sexuelles au Canada, dont une sur une mineure, ils ont appuyé sur le frein.
C’était hors de question que cet événement ait lieu dans la salle
, tonne Déo Kasongo, le propriétaire de Showbuzz, à l’occasion d’une entrevue accordée à Radio-Canada.
Son équipe a alors fait une mise au point publique, dans laquelle il était indiqué que Paul Mukendi ne serait pas autorisé à prendre la parole à Showbuzz tant que ses problèmes avec la justice canadienne ne seraient pas réglés.
L’équipe de Paul Mukendi n’a pas tardé à répliquer, raconte M. Kasongo : ils auraient amorcé des démarches judiciaires contre les responsables de Showbuzz, pour avoir présumément porté atteinte à la réputation du pasteur.
Une manœuvre paradoxale
, juge M. Kasongo, puisque Paul Mukendi pourfend la justice canadienne et refuse de s’y plier. C’est une belle boutade
, résume l’homme d’affaires.
« Ils ont des problèmes en justice qu’ils n’ont pas réglés, et de l’autre côté, ils [traînent] en justice des gens, qui par bon sens, par éthique, par morale, refusent qu’ils tiennent leur activité. »
À l’heure actuelle, cette démarche judiciaire n’aurait toujours pas abouti, et M. Kasongo assure qu’il dort sur ses deux oreilles. Dans tous les cas, ça n’ira nulle part parce que leur cas ne tient pas la route
, dit-il.
Deuxième annulation
Paul Mukendi a ensuite réservé un nouvel endroit où tenir sa conférence : l’hôtel Pullman, toujours à Kinshasa. L’événement devait commencer le vendredi 17 décembre.
Or, le jour même, Paul Mukendi a publié une vidéo dans laquelle il annonçait que l’événement tombait à l’eau. L’hôtel Pullman avait annulé le rassemblement malgré un contrat en bonne et due forme, selon le pasteur.
Ils ont dit à cause de, je crois, la COVID, de ceci, de cela, trop de raisons, que la manifestation est annulée
, affirme-t-il à la caméra, tout en se désolant que ses fidèles de divers pays aient fait le déplacement en vain.
Le pasteur promet néanmoins que l’événement n’est que partie remise. On va trouver la salle où il n’y aura pas trop de chichis, où il n’y aura pas des trucs obscurs autour des explications qu’on ne comprend pas.
« On va trouver des salles avec des vrais patriotes, des vrais Congolais, où on pourra faire notre travail. »
Radio-Canada a tenté de joindre les responsables de l’hôtel Pullman, en vain. Un commis à la réception a simplement mentionné que l’événement était annulé en raison de la pandémie.
Lorsque nous avons joint le Ministère Paul Mukendi Inc. en RDC, la dame qui a répondu a refusé de s’identifier au téléphone. Elle a d’ailleurs raccroché au nez de Radio-Canada, dès que l’auteur de ces lignes s’est présenté.
L’attachée de presse de Paul Mukendi, Marie-Ève Lepage, a quant à elle ignoré notre demande pour obtenir une réaction.
Contexte difficile
Cette nouvelle tuile s’abat sur Paul Mukendi alors qu’une pétition circule à son sujet en RDC depuis quelques semaines.
Des citoyens congolais demandent à leur pays d’arrêter et de traduire en justice le pasteur, qui a fui le Canada le 18 août dernier, soit deux jours avant le début de sa peine de huit ans de prison pour agression sexuelle sur une mineure.
Il y a 10 jours, Paul Mukendi a été reconnu coupable d’une deuxième agression sexuelle sur une ex-fidèle de son église et a été condamné à deux années de prison additionnelles.
Le procès s’est déroulé sans lui, car la justice estime qu’il s’est esquivé. Au moment de fuir le Canada, Paul Mukendi savait en effet qu’il devait se présenter en cour à l’automne pour subir un deuxième procès.
Ses deux peines de prison, qui totalisent donc 10 ans, devront être purgées de manière consécutive. Or, le pasteur est actuellement libre comme l’air dans son pays d’origine, puisque le Canada et la RDC n’ont pas de traité d’extradition.
Le Service de police de la Ville de Québec dit avoir amorcé des démarches avec Interpol dans le but d’obtenir un mandat d’arrêt international.