Loi 21 : la mairesse de Montréal rappelle ses homologues du Canada à l’ordre

Valérie Plante, mairesse de Montréal, rappelle avoir exprimé en commission parlementaire les préoccupations de la Ville au sujet du projet de loi, qui est maintenant une loi à laquelle Montréal se conforme, dit-elle. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jérôme Labbé
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, se dit « inconfortable » devant le fait que des villes canadiennes se mobilisent dans le but de financer des groupes qui s'opposent à la Loi sur la laïcité de l'État, votée par le Québec.
La mairesse Plante, qui a réagi par l'entremise de son attachée de presse, jeudi, écrit que les villes et les provinces à travers le pays ont le droit de ne pas être d’accord avec des législations en place ailleurs
.
Nous sommes cependant inconfortables avec le fait que d’autres villes canadiennes financent des groupes pour s’opposer à une loi qui relève du gouvernement du Québec.
La mairesse de Montréal fait référence à un mouvement de contestation lancé par Patrick Brown, maire de Brampton, en Ontario. Nous devons combattre la loi 21 jusqu'au bout, jusqu'en Cour suprême
, a écrit le maire Brown sur Twitter.
Un nombre croissant de municipalités se mobilisent maintenant pour aider financièrement – à raison d'une contribution unique de 100 000 $ – les groupes qui veulent contester la loi 21 devant les tribunaux.
Le maire de Toronto, John Tory, a déposé une motion en ce sens, que le conseil municipal a approuvé à l'unanimité.
Sur Twitter, il a écrit que les Torontois et les Canadiens ne pouvaient tout simplement pas se contenter d'être spectateurs devant une loi qui diminue la protection et le respect accordés à la liberté religieuse et à d'autres libertés fondamentales, inscrites dans la Charte canadienne des droits de la personne
.
Le maire de Winnipeg, Brian Bowman, a lui aussi déposé une motion semblable, qui sera étudiée par le comité exécutif des politiques de Winnipeg en janvier.
Je m'oppose à cette loi, a écrit le maire Bowman sur Twitter, et j'espère voir d'autres villes se joindre au mouvement de contestation.
Première femme élue à la mairie de Calgary, Jyoti Gondek aimerait elle aussi voir sa ville appuyer ce mouvement de contestation. Nous sommes unis pour protéger les communautés racisées contre la discrimination
, a-t-elle écrit sur Twitter.
Les préoccupations
de Montréal
Dans son message, jeudi, la mairesse Plante rappelle qu'en commission parlementaire, elle avait fait part des questions et des préoccupations face à l'application du projet de loi 21
, et ce, au nom du conseil municipal dans son ensemble.
Cependant, ajoute la mairesse, ce projet de loi est aujourd’hui une loi du gouvernement du Québec, à laquelle se conforme la Ville de Montréal
.
En ce qui concerne la Ville de Montréal
, écrit-elle encore, même si nous avons aussi des préoccupations sur des enjeux qui relèvent d’autres provinces, tels que la gestion des armes à feu ou les pipelines, nous n’utiliserons pas l’argent public pour contester des lois portées par les autres provinces canadiennes.
Catherine Fournier, mairesse de Longueuil s'est elle aussi dite mal à l'aise
de voir ses homologues des autres provinces canadiennes prendre une position aussi frontale à l’encontre d’une loi dûment votée par l’Assemblée nationale et, encore pire, financer la contestation d’une telle loi
.
La Ville de Longueuil, poursuit Mme Fournier, n'appuiera jamais ces contestations.
La controverse de Chelsea
Adoptée en 2019 par l'Assemblée nationale du Québec, la loi interdit à certains employés de l'État en situation d'autorité, y compris les enseignants des écoles primaires et secondaires publiques, d'afficher des signes religieux dans l'exercice de leurs fonctions.
Le débat entourant cette loi a pris de l'ampleur après qu'une enseignante de Chelsea, en Outaouais, eut été retirée de sa salle de classe et affectée à d'autres fonctions parce qu'elle porte le hijab.
Devant la controverse qu'a suscitée ce retrait, le premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré que la commission scolaire n'aurait jamais dû embaucher cette personne.
On a fait le choix de la laïcité au Québec et on a adopté en bonne et due forme la loi 21
, a affirmé M. Legault, vendredi dernier.
Le débat aux Communes
Tout juste avant l'ajournement pour la période des fêtes, la Loi sur la laïcité de l'État a donné lieu à des échanges entre le Bloc québécois et le gouvernement libéral de Justin Trudeau, jeudi.
Le député bloquiste Alain Therrien a une fois de plus réclamé, du gouvernement, l'engagement qu'il ne contestera pas la loi 21 devant les tribunaux.
Mais le gouvernement demeure évasif quant à ses intentions, tout en réitérant son opposition à la loi. Nous sommes d'accord avec les Québécois et les Québécoises qui défendent leurs droits devant les tribunaux
, a répondu la vice-première ministre Chrystia Freeland, parce qu'eux aussi trouvent cette loi injuste
.
Aux yeux de Marie-Claude Bibeau, ministre fédérale de l'Agriculture, le débat a lieu au Québec et on doit respecter ça
.
Reconnaissant que la compréhension de part et d'autre
était très difficile
, Mme Bibeau a suggéré
aux gens qui vivent à l'extérieur du Québec de laisser ce débat-là avoir lieu au Québec
.