Brampton appelle les villes du Canada à lutter contre la loi 21 du Québec

Le maire de Brampton, Patrick Brown, a annoncé mercredi lors d'une conférence de presse qu'il demandait à d'autres conseils municipaux canadiens de suivre son exemple.
Photo : Radio-Canada / CBC News
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le conseil municipal de Brampton, en Ontario, a adopté une motion, mercredi après-midi, qui permet l’utilisation de 100 000 $ de fonds publics pour contribuer à la lutte judiciaire contre la loi 21 du Québec.
Le racisme coûte cher. Il s’agit d’un bon investissement
, a déclaré le maire de la ville, Patrick Brown, en guise d’explication.
M. Brown demande aux 100 plus grandes municipalités du Canada de faire de même. Il a envoyé une lettre en ce sens à plusieurs maires du pays.
Les 100 000 $ offerts par Brampton doivent aider le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM), la World Sikh Organization (WSO) et l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) à lutter devant les tribunaux contre la controversée Loi sur la laïcité de l'État.
Razia Hamidi, qui habite Brampton et qui a quitté le Québec en raison de la loi 21, se dit fière de son maire.
De plus, le directeur exécutif du NCCMhistorique
.
Des fonds pour la lutte judiciaire
Le temps est révolu où nous pouvions fermer les yeux sur une injustice que nous constations au-delà des frontières municipales, provinciales et même fédérales
, écrit M. Brown dans la lettre envoyée aux autres maires. Les Québécois de toutes confessions sont nos frères et sœurs. Ils ont besoin de notre aide.
Il y ajoute : Une contribution de 100 municipalités du Canada est un petit prix à payer par rapport aux préjudices répétés que le Canada subira [...] si nous permettons que cette [loi] soit maintenue.
Lors d'une réunion spéciale du conseil, mercredi, M. Brown et les élus municipaux ont adopté à l'unanimité la motion visant à soutenir les contestations judiciaires contre la loi 21.
Sur Twitter, d’autres maires ont souligné la prise de position du conseil municipal de Brampton. Entre autres, la mairesse de Calgary, Jyoti Gondek, a confirmé que le conseil municipal de sa ville passerait au vote prochainement et pourrait imiter celui de Brampton.
Décision difficile
Lorsque le Québec a promulgué la loi 21 en mars 2019, Razia Hamidi a décidé de quitter la province.
Elle pouvait continuer à y vivre, même s'il était illégal pour des personnes comme elle d'occuper certains emplois dans le secteur public, ou elle pouvait partir. Mme Hamidi porte un signe religieux distinctif.
Elle est rentrée vivre avec sa famille à Brampton.
Je ne voulais plus vivre dans le climat [que la loi] a créé au Québec. Je suis une femme qui est visiblement musulmane et qui porte le voile
, a déclaré Mme Hamidi en entrevue à CBC News. J'ai l'impression que [la loi 21] justifie une grande partie de l'islamophobie qui existe au Québec.
Mercredi, Mme Hamidi s’est dite heureuse d'apprendre que le maire de Brampton, Patrick Brown, avait lancé un appel à 100 maires canadiens pour se joindre la lutte
contre la loi 21 du Québec.
Mme Hamidi a félicité le maire Brown.
Elle affirme avoir tenté d’aider de multiples organisations montréalaises essayant de créer des alliances et de rassembler des fonds pour la bataille juridique contre la loi pendant son séjour au Québec.
Selon elle, le fardeau des frais juridiques repose sur les épaules des mosquées, des églises, des synagogues, des gurdwaras et des organisations à but non lucratif comme le NCCM
et la WSO du Canada.Adoptée en 2019 par l'Assemblée nationale du Québec, la Loi sur la laïcité de l'État interdit à certains employés en situation d'autorité (notamment les juges, les policiers, ainsi que les enseignants des écoles primaires et secondaires publiques) d'afficher des signes religieux dans l'exercice de leurs fonctions.
À lire aussi :
Le gouvernement [québécois] crée activement ce système de citoyenneté à plusieurs niveaux basé sur l’identité et l’expression religieuse
, selon Mme Hamidi.
La semaine dernière, Fatemeh Anvari, enseignante de troisième année à l’école Chelsea Elementary School, a été affectée à d’autres tâches que l'enseignement puisqu’elle porte le voile, et ce, en raison de la loi 21.
Peu de temps après, le premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré que l'enseignante n'aurait pas dû être embauchée en premier lieu.
Historique
Le directeur exécutif du NCCMrien de moins qu'historique
. Il espère qu'il incitera d'autres municipalités à se mobiliser.
Je pense que toute personne qui croit aux libertés civiles et à la dignité fondamentale des êtres humains devrait s'opposer à la loi 21, a-t-il déclaré. Il y a beaucoup, beaucoup de Québécois qui s'opposent à cette loi et qui continueront de s'y opposer jusqu'à ce qu'elle soit invalidée.
Avec des informations d'Ali Raza, de CBC News