Politique et COVID en Alberta : l’annus horribilis de Jason Kenney

La gestion de la pandémie de COVID-19 par le gouvernement Kenney a été fortement critiquée tout au long de l'année 2021.
Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh / montage photo
Pour une deuxième année d'affilée, la politique albertaine a vécu au rythme de la pandémie de COVID-19. Des tensions politiques ont influé sur les décisions du gouvernement de Jason Kenney, notamment sur l'imposition ou la levée des restrictions sur le plan sanitaire, et porté un dur coup à sa cote de popularité. Retour sur l’année politique 2021 en Alberta, annus horribilis pour le premier ministre.
1er janvier : Vacances à Hawaï : la ministre Tracy Allard s’excuse auprès des Albertains
L’année a commencé du mauvais pied pour le gouvernement du Parti conservateur uni de Jason Kenney. La ministre des Affaires municipales, Tracy Allard, démissionne après avoir voyagé à l’étranger à l’encontre des recommandations de son propre gouvernement, ce qui a entraîné des accusations d’hypocrisie. En tout, sept membres du gouvernement ont démissionné d’un poste ou été rétrogradés pour la même raison.
29 mars : les francophones déçus par le programme scolaire albertain
Levée de boucliers dans le milieu scolaire face au nouveau programme scolaire albertain de la maternelle à la 6e année, qu'on accuse de présenter une perspective eurocentrique, chrétienne et colonialiste. Tous les conseils scolaires francophones, ainsi qu'une majorité des conseils anglophones, refusent de participer au projet pilote en classe.
7 avril : 17 députés conservateurs dénoncent les mesures sanitaires
Après un hiver de confinement, les députés conservateurs unis opposés aux restrictions sanitaires en ont assez. Dix-sept députés s’y opposent publiquement, au début du mois d'avril, alors que la troisième vague de COVID-19 force le premier ministre à mettre en place de nouvelles mesures.
13 mai : Deux députés expulsés du caucus du Parti conservateur uni de Jason Kenney
Les tensions au sein du Parti conservateur uni culminent à la mi-mai. Le député de Central Peace-Notley, Todd Loewen, appelle ouvertement à la démission du premier ministre Jason Kenney, l’accusant d’ignorer sa base électorale qui ne souhaite pas de mesures sanitaires généralisées.
Les membres du caucus conservateur uni décident d’expulser Todd Loewen ainsi qu’un autre député trouble-fête, Drew Barnes. Tous les deux siégeront désormais comme indépendants à l’Assemblée législative.
1er juillet : réouverture complète de l’Alberta
Convaincu d’avoir surmonté la troisième et dernière vague de la pandémie de COVID-19, Jason Kenney annonce la levée de toutes les restrictions sanitaires à temps pour la fête du Canada. Cette annonce permet la tenue du Stampede de Calgary, qui est perçu par des observateurs politiques comme une tentative de relancer la popularité du premier ministre albertain. L'annonce soulève immédiatement l’inquiétude de la communauté médicale.
28 juillet : l'Alberta veut supprimer l’isolement obligatoire pour les contacts étroits
La médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, Deena Hinshaw, recommande de rendre optionnel le dépistage élargi de la COVID-19 et même la quarantaine obligatoire en cas d’exposition à la maladie. Elle estime que la province doit passer d’une gestion pandémique
du SRAS-CoV-2 à endémique
.
13 août : l’Alberta suspend la levée des dernières restrictions
Deux semaines après cette annonce, l’Alberta fait marche arrière. Alors qu’une quatrième vague prend de l’ampleur, principalement chez les non-vaccinés, le premier ministre Jason Kenney prend des vacances. Il ne donnera aucune conférence de presse jusqu’au 1er septembre, période durant laquelle les cas de COVID-19 triplent. Son absence est largement critiquée.
15 septembre : l’Alberta impose son propre « passeport vaccinal »
Alors que la campagne électorale fédérale touche à sa fin, le premier ministre Jason Kenney lâche une bombe : l’Alberta imposera son propre passeport vaccinal
. Il avoue que cette mesure est la seule qui puisse sauver le système de santé de l’effondrement. La province commence à rationner les soins, mais ne déclenchera pas officiellement son protocole de triage dans les hôpitaux.
20 septembre : 4 victoires libérales et néo-démocrates au fédéral
Le Parti libéral et le Parti néo-démocrates fédéraux remportent chacun deux circonscriptions en Alberta. Bien que les conservateurs s’accrochent aux autres sièges, leur appui baisse de plus de 15 points dans la province, son château fort national. Le Franco-Albertain Randy Boissonnault devient ministre.
18 octobre : élections municipales et référendum sur la péréquation
Les Albertains doivent répondre à au moins six questions sur leur bulletin de vote, le 18 octobre. Calgary écrit une page d'histoire en élisant sa première mairesse, Jyoti Gondek. L’ex-ministre libéral fédéral Amarjeet Sohi dirigera, quant à lui, Edmonton. La tendance progressiste se maintient à la mairie des deux grandes villes albertaines.
Une majorité d’Albertains votent également pour retirer le principe de la péréquation de la Constitution canadienne, mais rejettent le changement d’heure.
5 novembre : le ministre Devin Dreeshen démissionne
Le ministre provincial de l’Agriculture et des Forêts, Devin Dreeshen, démissionne en raison d’allégations de comportements inappropriés, dont la consommation excessive d’alcool au travail. Ces allégations sont notamment faites par une ex-employée du gouvernement, qui le poursuit pour congédiement injuste après avoir dénoncé des comportements inappropriés, dont du harcèlement sexuel.
25 novembre : les 4 conseils scolaires rejoignent la poursuite de l’ACFA
Les quatre conseils scolaires franco-albertains décident de devenir codemandeurs de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) dans sa poursuite contre le gouvernement albertain et l’Université de l’Alberta à propos du financement du Campus Saint-Jean.
9 décembre : le vote de confiance envers Kenney ne sera pas avancé
À la fin du mois de novembre, 22 associations de circonscription du Parti conservateur uni déclarent avoir atteint le seuil minimal suffisant pour réclamer que le vote de confiance envers Jason Kenney soit avancé. Le Parti refuse toutefois d’accéder à cette demande, maintenant le vote au 9 avril 2022.
12 décembre : Brian Jean revient en politique
L’ancien rival de Jason Kenney, Brian Jean, remporte l’investiture du Parti conservateur uni dans la circonscription de Fort McMurray-Lac La Biche. Il ne se cache pas de vouloir remplacer Jason Kenney comme premier ministre, une rivalité qui se poursuivra en 2022.
Après une année pour le moins pénible, 2022 pourrait apporter un certain répit au gouvernement Kenney, puisque les prix du pétrole remontent et pourraient faciliter des décisions budgétaires qui s’annonçaient auparavant difficiles.
Rien ne garantit toutefois que les décisions sur la gestion de la pandémie de COVID-19 seront plus faciles pour le gouvernement Kenney.