Jagmeet Singh durcit le ton contre la loi québécoise sur la laïcité de l’État

Jaqmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), affirme que sa formation politique pourrait agir à titre d'intervenante dans une cause qui contesterait, en cour de justice fédérale, la Loi sur la laïcité de l'État, votée par Québec.
Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh affirme qu'il est temps que son parti « se prononce clairement » contre cette « loi discriminatoire » advenant que la cause se rende en Cour suprême.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), qui arbore le turban sikh, se dit depuis le début évidemment
opposé à la loi 21.
Mais, jusqu'ici, il affirmait qu'il était du ressort de Québec de légiférer en matière de laïcité. Et en campagne électorale fédérale, à l'automne 2019, il était demeuré évasif sur la question.
Sauf que le cas d'une enseignante de Chelsea, en Outaouais, retirée de sa salle de classe et réaffectée en raison du hijab qu'elle porte, l'incite maintenant à raffermir sa position.
Cet événement illustre à quel point cette loi [21] est un puissant exemple de discrimination
, a affirmé M. Singh en conférence de presse, à Ottawa.
La mobilisation se poursuit d'ailleurs en Outaouais depuis la réaffectation de cette enseignante voilée. Une manifestation a rassemblé mardi une centaine d’enseignants, de parents d'élèves et d’enfants à Chelsea.
Adoptée en 2019 par l'Assemblée nationale du Québec, la Loi sur la laïcité de l'État interdit à certains employés d'État en situation d'autorité, y compris les enseignants des écoles primaires et secondaires publiques, d'afficher des signes religieux dans l'exercice de leurs fonctions.
Comment peut-on expliquer à nos enfants qu'une enseignante soit enlevée de la classe à cause des vêtements qu'elle porte?
, a questionné le député de Burnaby-Sud.
Et ce, particulièrement alors que le Québec et le Canada sont aux prises avec une pénurie d'enseignants
, a-t-il poursuivi.
Une loi discriminatoire
Pour le chef néo-démocrate, la Loi sur la laïcité de l'État crée une barrière pour des gens qui veulent contribuer à la société en faisant ce qu'ils aiment faire
.
Pour étoffer son propos, il avance l'hypothèse qu'au sein d'une même famille musulmane pratiquante, une sœur et un frère veuillent tous deux devenir enseignants : le jeune homme pourrait le faire, mais pas sa sœur, plaide-t-il. Et ce, seulement en raison des vêtements qu'elle porte
.
J'ai toujours dit que cette loi était discriminatoire
, affirme Jagmeet Singh, qui ajoute que 3 millions de Québécois et de Québécoises
sont aussi de cet avis.
Et si cette cause se retrouve en cour de justice fédérale, dit-il, le gouvernement fédéral se devra de soutenir ces 3 millions de Québécois qui s'opposent à cette loi, qui s'opposent à la discrimination
.
Le Bloc québécois s'en prend à Bob Rae
Mardi, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet est revenu à la charge contre l'ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae. Ce dernier a publié sur Twitter le week-end dernier un message dans lequel il qualifie la Loi sur la laïcité de l'État de profondément discriminatoire
.
Il y a toujours ben des limites
, s'est exaspéré M. Blanchet, qui veut convoquer l'ambassadeur devant un comité parlementaire pour qu'il justifie sa critique d'une loi démocratiquement votée dans un Parlement souverain
.
Toutefois, pour convoquer l'ambassadeur Rae, il faudrait que les bloquistes aient l'appui des néo-démocrates, des conservateurs ou des libéraux qui siègent au comité permanent des affaires étrangères.
D'ores et déjà, Yves-François Blanchet prévoit que cet appui ne viendra pas. Et il prédit que cela mettra en lumière, encore une fois, que les partis fédéralistes sont unanimes contre le Québec en matière de laïcité
.
Ottawa suit la situation de très près

David Lametti, ministre de la Justice du Canada, répond à la Chambre des communes à une question du député bloquiste Alain Therrien au sujet de la Loi sur la laïcité de l'État, votée par le Québec.
Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand
Au sujet du retrait de l'enseignante à Chelsea, le bureau du premier ministre Justin Trudeau a déclaré, la semaine passée, que personne au Canada ne devrait perdre son emploi à cause de ce qu'il porte ou de ses croyances religieuses
.
Justin Trudeau a déclaré en outre ne pas vouloir fournir de munitions à son homologue québécois afin de ne pas lui donner l'excuse
de blâmer le gouvernement fédéral pour son ingérence
.
Des propos dénoncés mardi en Chambre par le député bloquiste de La Prairie, Alain Therrien : Le premier ministre ne fait pas "d'ingérence" parce qu'il sait très bien que c'est de compétence québécoise.
Sachant cela, le premier ministre va-t-il s'engager à ne pas s'ingérer dans la contestation d'une loi qui ne relève pas de ses compétences?
a questionné M. Therrien.
Ce à quoi le ministre de la Justice, David Lametti, a réitéré qu'Ottawa allait continuer à suivre la situation de très près
, ajoutant qu'il y a des Québécois et des Québécoises qui sont en train de défendre leurs intérêts devant les tribunaux
.
Vendredi dernier, en réaction à la controverse que suscitait le retrait de l'enseignante voilée, le premier ministre du Québec, François Legault, a affirmé que la commission scolaire n'aurait pas dû embaucher cette personne-là.
On a fait le choix de la laïcité au Québec et on a adopté en bonne et due forme la loi 21
, a-t-il conclu.
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Avec les informations de La Presse canadienne