Les ministres de l’Agriculture à la rencontre des agriculteurs sinistrés à Abbotsford

L'aviculteur Jeff Spitters dans sa ferme, qui a été inondée à Abbotsford, en Colombie-Britannique, le vendredi 10 décembre 2021.
Photo : ben nelms/cbc / Ben Nelms
Les agriculteurs ne seront pas abandonnés à leur sort, ont tenté de leur dire la ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Pêches de la Colombie-Britannique, Lana Popham, et la ministre fédérale de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, lors d'une visite à Abbotsford, vendredi.
Les deux ministres ont rencontré des producteurs de lait, de bleuets et de poulets et ont constaté l'étendue des dégâts. La perte qui a été ressentie est absolument profonde, et la meilleure façon de la voir est d'être sur le terrain avec les agriculteurs
, a expliqué Lana Popham, qui promet d’aider les sinistrés aussi vite que possible.
La ministre fédérale Marie-Claude Bibeau s’est dite très impressionnée par la force des producteurs et des productrices, leur résilience et leur engagement à reconstruire. On voit qu'ils sont épuisés et bouleversés.
Elle a expliqué que la visite avait pour but d’identifier les priorités, les besoins à court, à moyen, et à long terme afin de comprendre par où il faut commencer
.
« Il va falloir du temps pour récupérer et nous voulons vraiment être là, ensemble, pour découvrir les meilleures façons de soutenir les agriculteurs à chaque étape du processus. »
La ministre explique que des mécanismes équitables doivent être définis et que si des programmes existent déjà, des manques immédiats ont aussi été identifiés et certaines conséquences sur les cultures ne pourront être évaluées que l’été prochain.
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Des programmes existent pour faire face à des pertes de revenus ou des coûts exceptionnels, explique Marie-Claude Bibeau. Il y a aussi Financement agricole Canada, qui donne des congés au niveau des paiements pour laisser des liquidités aux producteurs.
Il reste maintenant à faire le tri dans ces programmes et à agir par étapes et de façon organisée face aux pertes énormes, selon la ministre.
Des agriculteurs inquiets quant à la reconstruction des digues
Jeff Spitters, éleveur de volailles de la prairie Sumas, a eu quasiment un mètre d’eau dans sa ferme lors des inondations et se prépare à des mois de travail pour se rétablir. Tout est chaotique
, a-t-il expliqué, en ajoutant avoir besoin d’aide financière, car il y a des écarts dans les assurances.
L’aviculteur s’inquiète également pour le futur et la réparation des digues et souhaite que le gouvernement fédéral discute avec les États-Unis sur ce point. C'est également le souhait du maire d’Abbotsford, Henry Braun, qui rappelle que sa municipalité n’a pas les moyens de faire face à la reconstruction.
« Ma plus grande crainte est que dans 3 ou 4 mois, lorsque les reportages médiatiques auront cessé et que la prochaine urgence attirera l'attention du pays, la dévastation de notre communauté sera oubliée. »
Un des défis actuels pour les fermiers est l'alimentation de leurs animaux. Nous avons développé deux nouvelles routes pour acheminer la nourriture et nous entretenons de bonnes relations avec le port de Vancouver
, a expliqué Lana Popham.
« Il y a une certaine différence de coût par rapport à ce que les gens sont habitués à payer pour l'alimentation. Mais nous avons été en mesure de mettre en place un programme qui paie pour cette différence et cela a allégé un peu la pression. »
Avancer l'argent des réparations, un frein pour une agricultrice
Shari Krahn a perdu ses souvenirs dans l’inondation de son sous-sol, mais sa ferme familiale de production laitière n’a pas été affectée.
Si aucune des vaches n’a péri, les conséquences financières, elles, sont réelles. Shari Krahn a rempli des formulaires pour obtenir de l’aide et a, pour l’instant, reçu 2000 dollars de la part de la Croix rouge.
« Cela ne couvre même pas le salaire que j'ai perdu. »
L’agricultrice explique qu'elle n’a pas l’argent pour avancer le montant nécessaire aux réparations de sa maison avant de se faire rembourser par des programmes gouvernementaux. Elle pense aussi que l'étendue des dégâts aurait pu être moindre si des travaux avaient été menés après les inondations de 1990.
« Il aurait fallu s'en occuper, alors nous n'aurions pas dû subir ces inondations. C'est mon avis. Je pense que si la Ville d'Abbotsford avait intensifié [ses efforts], peut-être que nous n'aurions pas eu à subir une destruction aussi dure. »
Même si elle se considère comme chanceuse par rapport aux autres sinistrés, Shari Krahn estime que les fermiers sont seuls dans cette épreuve. Il y a de l’aide gouvernementale. [Mais] nous devons débourser de l'argent pour [ensuite] le récupérer du gouvernement.
Marie-Claude Bibeau promet que le Canada aidera les agriculteurs à être plus résilients et restera un chef de file mondial en matière de développement durable face aux changements climatiques.
Avec des informations de Wildinette Paul et Jacques Dufresne