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Crise des surdoses : déployer l’approvisionnement en drogues sécuritaires est un défi

Des gens tiennent des boîtes contenant des doses de drogues sécuritaires.

Des personnes tiennent des boîtes contenant des doses de drogues sécuritaires lors d'une journée d'action du DULF devant le poste de police de Vancouver. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Elle n’a pas envie d’annoncer, chaque mois, les morts dues aux surdoses en Colombie-Britannique. Pourtant, Lisa Lapointe, la coroner en chef, continue d’informer le public et de militer pour un meilleur approvisionnement en drogues sécuritaires pour les personnes dépendantes.

Les réticences sont réelles, notamment dans des zones rurales. C'est de plus en plus frustrant, explique Lisa Lapointe, qui souhaite que la province généralise l’accès à des drogues sécuritaires partout dans la province.

Pour l’instant, seuls quelques programmes pilotes permettent aux personnes dépendantes de faire usage de drogues dont elles connaissent la composition.

Dans son budget de 2021, la province a alloué 22,6 millions de dollars aux autorités sanitaires au cours des trois prochaines années pour soutenir la planification, la mise en œuvre progressive, le suivi et l'évaluation des services d'approvisionnement de drogues sécuritaires.

L’un des obstacles concernant ces substances contrôlées, explique Lisa Lapointe, est que le transport, le stockage et la gestion de ces produits sont très difficiles. L’autre concerne l’adhésion à cette pratique de la part des professionnels de santé.

« Actuellement, l'approvisionnement sûr de drogues n'est pas considéré comme un atout pour la santé par l'ensemble des cliniciens de la province. »

— Une citation de  Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique

La coroner explique que les médecins attendent qu'il y ait plus d’études scientifiques, alors qu’il est urgent d’agir, dit-elle, au moment où il y a plus de six morts par jour. Mais, selon le président de l’Association des médecins de la Colombie-Britannique, Matthew Chow, le contexte actuel doit être pris en compte.

Il explique que les membres de la profession sont épuisés par la pandémie et que beaucoup de praticiens ne connaissent pas la question des dépendances ou ne sont pas formés pour les prendre en charge.

« Nous avons besoin de conseils concrets. Et, à certains égards, c'est un défi en ce moment parce que la Colombie-Britannique est pionnière dans ce domaine. »

— Une citation de  Matthew Chow, président de l’Association des médecins de la Colombie-Britannique

Brian Conway, directeur médical du Centre des maladies infectieuses de Vancouver, explique que les drogues sécuritaires dépassent les normes auxquelles les médecins sont habitués et qu’il faudrait mettre en place une campagne d'information à destination des professionnels de santé.

Les régies de santé doivent créer des plans de déploiement

La ministre des Dépendances et de la Santé mentale, Sheila Malcolmson, expliquait, jeudi, que la province ne peut pas imposer aux médecins d’adopter cette pratique, même si des discussions avec leurs organismes régulateurs sont en cours.

Elle a, par contre, demandé à toutes les régies de santé de travailler sur un déploiement de ces drogues sécuritaires dans leurs régions.

Jeudi, Lisa Lapointe expliquait que des femmes font des déplacements qui durent parfois des heures, en autostop, pour aller s’approvisionner en drogues sécuritaires, et ce, sur la « route des larmes » dans le nord de la province, où de nombreuses femmes autochtones ont disparu ou ont été retrouvées assassinées.

Matthew Chow reconnaît que certains médecins veulent plus de preuves avant de s’engager dans la voie des drogues sécuritaires. Oui, c'est important d'avoir des preuves. Notre profession est fondée sur des preuves. Il ajoute que des preuves limitées et concluantes sont déjà disponibles, en Colombie-Britannique, et en Europe. 

Une prise en charge multidisciplinaire est nécessaire

L’Association des médecins de la Colombie-Britannique s'est engagée en faveur de la décriminalisation. La Colombie-Britannique a d'ailleurs formellement demandé une exemption à Santé Canada au début du mois de novembre en ce sens.

Matthew Chow explique qu'il faut également créer des équipes de professionnels pour la prise en charge des personnes dépendantes. Ainsi, un médecin isolé ne risquerait pas de se retrouver seul face à des patients dépendants.

« Il faut toute une équipe pour soutenir quelqu'un qui consomme des drogues. Cette équipe pourrait être constituée de conseillers, de thérapeutes, de travailleurs sociaux, de psychologues. »

— Une citation de  Matthew Chow, président de l’Association des médecins de la Colombie-Britannique

L’Association demande également que le système de soins de santé primaires soit réformé.

Guy Felicella, un ex-toxicomane conseiller clinique auprès du BC Centre on Substance Abuse, a perdu de nombreux amis. Beaucoup de gens sont morts. S'ils avaient eu accès à des drogues en sachant ce qu'ils prenaient, ils seraient toujours là. 

« Nous laissons les gens mourir. Et je l'ai dit maintes et maintes fois, certaines vies comptent plus que d'autres. La vie des toxicomanes n'a pas beaucoup d'importance.  »

— Une citation de  Guy Felicella, conseiller clinique et ex-toxicomane

Brian Conway aimerait quant à lui que les autorités annoncent, chaque jour, comme pour la COVID-19, les morts liées aux surdoses. Qu'on les annonce exactement de la même façon, cela nous aidera à comprendre l'ampleur du problème et à élaborer une solution à l'échelle de toute notre société.

Médecins, activistes, ministre et coroner, tous s'accordent à dire qu'il est urgent d'agir pour sauver des vies.

Avec des informations de Chloé Dioré de Périgny

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