Plus de témoignages nécessaires pour accuser un prêtre d’agressions au Nunavut
L'oblat français Johannes Rivoire a été accusé en 1998 d’avoir agressé sexuellement des enfants de Naujaat et de Rankin Inlet.

L'oblat français Johannes Rivoire a été accusé d'avoir agressé sexuellement des enfants à Naujaat et à Rankin Inlet, au Nunavut. Cette image le montre à Arviat, en 1979.
Photo : Bibliothèque et Archives Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un oblat français accusé en 1998 d’avoir agressé sexuellement des enfants de Naujaat et de Rankin Inlet, au Nunavut, pourrait de nouveau faire face à des accusations sexuelles si davantage de Nunavummiut témoignent contre lui.
Johannes Rivoire a habité dans plusieurs communautés du Nunavut à partir des années 1960, avant de rentrer en France en 1993. Un mandat d'arrêt contre lui a été lancé en 1998, avant d'être discrètement suspendu en 2018 par le gouvernement fédéral.
Lundi, la députée fédérale du Nunavut, Lori Idlout, a interpellé le ministre de la Justice David Lametti pour relancer des accusations contre l'oblat. Ce dernier a alors affirmé que de nouveaux témoignages étaient toutefois nécessaires, en vertu du Code criminel, pour que le ministère de la Justice puisse de nouveau examiner le dossier.
En vertu du Code criminel, lorsque la Couronne suspend des accusations, elle a de six mois à un an, selon la gravité du crime, pour redémarrer des procédures. Si les poursuites ne sont pas relancées dans ces délais, l'affaire est close. Pour l'ouvrir à nouveau, la Couronne doit avoir de nouvelles preuves au dossier.
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Si de nouvelles accusations étaient portées, l'oblat devrait revenir au Canada pour faire face à la Justice.
La France n'extrade pas ses ressortissants, mais Lori Idlout a déclaré que le ministre David Lametti était ouvert à examiner comment Johannes Rivoire pourrait faire face à la justice française.
Lori Idlout et le député néo-démocrate Charlie Angus ont aussi récemment envoyé une lettre à la Conférence des évêques de France, les exhortant à faire pression sur l'ordre oblat pour qu'il renvoie Johannes Rivoire au Canada.

La députée fédérale du Nunavut, Lori Idlout, encourage les Nunavummiut à témoigner s'ils ont été victimes d'agressions sexuelles commises par l'oblat français Johannes Rivoire.
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
De nouveaux témoignages nécessaires
La députée du Nunavut appelle les victimes du prêtre à présenter de nouvelles preuves contre l’oblat français.
J’ai conscience que l'expérience [est] douloureuse et à quel point certaines personnes peuvent encore être en colère, mais j'espère vraiment que les Nunavummiut auront le courage de partager [leur] histoire, car nous devons nous assurer que Johannes Rivoire fera face à la justice
, a-t-elle affirmé.
L’ancien politicien inuk Piita Irni a longtemps milité pour que justice soit rendue aux victimes du prêtre français, dont son ami Marius Tungilik, décédé en 2012. Je lui ai fait la promesse spirituelle de faire tout ce que je peux pour lui et pour les autres victimes de [Johnanes] Rivoire
, raconte-t-il.
Piita Irniq espère lui aussi que de nouvelles victimes partageront leurs expériences. Parlez-en en privé [ou] de la manière dont vous voulez, mais racontez votre histoire au sujet de ce qu’il vous est arrivé avec Johannes Rivoire dans les années 1960 et 1970
.

Piita Irniq tente depuis plusieurs années d'obtenir justice pour son ami Marius Tungilik, décédé en 2012.
Photo : La Presse canadienne / Jason Franson
Des évêques en faveur de l’extradition de l’oblat Johannes Rivoire
L'évêque du diocèse Churchill-Hudson Bay-Nunavut, Anthony Krótki, soutient les appels à l’extradition du prêtre français. S’il y a moyen de qu’il soit amené au Canada, je pense que cela a lieu d’être
, croit-il, en rappelant cependant que Johannes Rivoire est âgé d’un peu plus de 90 ans et qu’il lui serait difficile de se déplacer.
Tout le monde mérite d’avoir justice, croit-il. Pourtant, des gens n’ont pas eu la chance de se libérer de souvenirs, de la souffrance, de la douleur, de toutes sortes d'abus [...] du passé.
Anthony Krótki affirme avoir personnellement demandé à l'Église de sanctionner Johannes Rivoire en le retirant du service auprès du public. Sa demande, dit-il, a été reconnue, mais il ignore ce qu’il en est advenu.
La Conférence des évêques de France n’a pas donné suite aux demandes d'entrevues de CBC/Radio-Canada.
Avec les informations de Sidney Cohen, Cindy Alorut and Rosie Simonfalvy