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Higgs critiqué après des propos sur l’utilisation du français à l’Assemblée

Le premier ministre n'a pas l'intention de s'excuser et ne croit pas que ses déclarations soient problématiques.

Blaine Higgs fait un discours.

Le premier ministre a tenu des propos controversés à Fredericton concernant l'utilisation du français par le chef de l'opposition officielle Roger Melanson à l'Assemblée législative.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Blaine Higgs est la cible de critiques acerbes à la suite de propos qu'il a tenus sur l'utilisation du français à l'Assemblée législative, jeudi. Le premier ministre a déclaré que le chef de l'opposition officielle, Roger Melanson, utilisait le français comme tactique pour changer le ton et le sujet des discussions.

Des élus des partis d'opposition et des représentants de la société civile acadienne dénoncent vivement les propos du premier ministre, qu'ils qualifient d'inquiétants, d'indignes et de disgracieux.

Des échanges corsés

Les échanges entre Blaine Higgs et Roger Melanson étaient particulièrement corsés, jeudi, au sujet de la gestion de la pandémie et de la confusion entourant les propos tenus par le premier ministre sur le rôle de la ventilation relativement aux éclosions de COVID-19 en milieu hospitalier.

Visiblement échauffé, le premier ministre – et ministre responsable des langues officielles – a envoyé un commentaire qui a immédiatement fait réagir.

Il n'est pas étonnant que le chef de l'opposition change de vitesse. La seule chose qu'il n'a pas faite [...] c'est de poser sa prochaine question en français, parce que d'habitude, quand il change de ton, il change de langue et essaie de changer le discours, a-t-il dit.

Le premier ministre accuse ainsi Roger Melanson de changer la langue dans laquelle il pose ses questions pour modifier le rythme des échanges pendant la période de questions.

Ce qu’a évidemment dénoncé le chef de l’opposition officielle tout de suite après. Nous sommes une province officiellement bilingue et j'ai la capacité de parler les deux langues et je vais le faire.

Des propos inquiétants

Lors d'une mêlée de presse avec les journalistes, Roger Melanson s'est défendu d’utiliser le français pour déjouer le premier ministre et affirme que les propos de celui-ci sont inquiétants.

Moi, je suis capable de parler les deux langues, si un ou une n’est pas capable, il y a évidemment la traduction. [...] Je veux vous rappeler que, lorsque j’ai posé ma question en français, c’était toujours sur le même sujet, alors je n’ai pas compris pourquoi le premier ministre a voulu utiliser cet argument-là, dit Roger Melanson.

Roger Melanson fait un discours.

Roger Melanson déclare qu'utiliser le français, sa langue maternelle, à l'Assemblée législative est un droit.

Photo : Radio-Canada

Le chef de l’opposition officielle rappelle qu'il s'agit de son droit d’utiliser le français, sa langue maternelle, ou l’anglais à l’Assemblée législative.

Roger Melanson a même osé dire que Blaine Higgs avait besoin de repos. Il a créé un enjeu aujourd’hui qui n’était pas nécessaire. [...] Je pense que le premier ministre est fatigué!

De vives réactions

En réaction aux échanges, le chef du Parti vert David Coon a ensuite déclaré, en français : Je vais poser ma prochaine question dans la bonne langue, ce qui a provoqué un tollé d’applaudissements à l'Assemblée législative.

D'après Kevin Arseneau, député du Parti vert, le premier ministre n’a pas fait ce commentaire par mégarde, dans le feu de l’action. Il dit ce qu’il pense vraiment.

C’est complètement inacceptable! Encore une fois, ça démontre cette incompréhension-là, ce manque de sensibilité du premier ministre face à tout ce qui est différent de lui, lance Kevin Arseneau.

Kevin Arseneau en mêlée de presse.

Kevin Arseneau, député du Parti vert du Nouveau-Brunswick dans Kent-Nord

Photo : Radio-Canada

Tout comme Roger Melanson, Kevin Arseneau répète qu’il a tout simplement le droit d’utiliser sa langue maternelle à Fredericton, comme ailleurs, point final.

C’est le premier ministre, dans la loi sur les langues officielles, qui est responsable de la mise en œuvre de cette loi-là, donc du respect de cette loi-là. Et que ce commentaire-là vient de la personne responsable de la mise en œuvre de cette loi est encore une fois extrêmement inquiétant, s'exclame Kevin Arseneau.

Même le chef de l’Alliance des gens – un parti historiquement hostile à l'égard du bilinguisme officiel – ne comprend pas pourquoi Blaine Higgs a tenu ces propos. Kris Austin affirme que l’utilisation du français ou le fait de passer d’une langue officielle à l’autre pendant les discussions à l'Assemblée législative ne pose pas de problème.

Non, je ne pense pas, nous avons des services de traduction, les traducteurs font un excellent travail, les questions sont posées en français, je comprends clairement ce que les questions signifient, je ne pense pas qu'il y ait de problèmes, soutient Kris Austin.

La SANB outrée

Le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Alexandre Cédric Doucet, qualifie les propos du premier ministre Higgs de carrément indignes.

La SANB ne peut faire autre que de voir ces commentaires disgracieux comme une atteinte directe non seulement au respect et à la dignité de M. Melanson, mais de la population acadienne et francophone de la province entière, dit-il par voie de communiqué.

La SANB lance même un défi aux députés francophones et bilingues à l’Assemblée législative. L'organisme leur demande de s’exprimer exclusivement en français jusqu’à la fin de l’actuelle session parlementaire, pour démontrer à M. Higgs que les francophones ne se contenteront jamais d’être considérés comme des citoyens de deuxième classe dans leur propre Assemblée législative et dans leur province.

Higgs ne voit pas le problème

Blaine Higgs affirme ne pas comprendre les réactions suscitées par ses commentaires.

Il n’a pas l’intention de s’excuser et ne voit pas pourquoi il devrait le faire. Il explique que son commentaire visait le ton et le rythme des échanges, et non le français spécifiquement.

Blaine Higgs rappelle que le chef de l’opposition officielle alterne souvent entre le français et l’anglais pendant la période de questions. C'est assez fréquent de le voir changer de vitesse, dit-il en insinuant que, de cette façon, Roger Melanson influence – et ralentit – le rythme des discussions.

Blaine Higgs répond aux journalistes.

Blaine Higgs, premier ministre du Nouveau-Brunswick

Photo : Radio-Canada

Questionné par les journalistes sur la raison pour laquelle il avait mentionné que le fait d’alterner entre les deux langues officielles était une tactique pour modifier le discours, Blaine Higgs répète qu’il n’y a pas de problème ici.

Il n'y a aucun lien avec tout cela, la tactique pour changer la façon de faire, changer la langue, l'intonation, changer le récit des questions, tout cela faisait partie du changement de vitesse, parce que je dirais qu'il n'était pas content de ce qui se passait à propos de son départ [du comité COVID], c'est aussi simple que cela, il n'y a rien de plus que cela, explique Blaine Higgs.

Avec les informations d’Alix Villeneuve

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