Un enseignant agressé à l’arme blanche par un élève dans une école de Montréal
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, affirme qu'il faut mener « une réflexion critique sur qu'est-ce qui se passe ».

Les policiers ont rapidement retrouvé le suspect impliqué dans l'agression survenue jeudi matin.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Un élève a attaqué un enseignant en classe avec une arme blanche jeudi avant-midi à l’école secondaire John-F.-Kennedy, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal.
L’agression est survenue peu après 10 h, à la suite d’une querelle entre un élève et son enseignant. Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on ne craint pas pour la vie de la victime, un homme d'une quarantaine d'années.
Le personnel de l'établissement et les autres élèves ont été confinés dans la foulée de l'attaque par mesure de précaution. Le groupe d'intervention tactique a ensuite fouillé les lieux pour tenter de retrouver le suspect, conformément à la procédure dans ce genre de scénario, affirme le porte-parole du SPVM
, Jean-Pierre Brabant.L'adolescent de 16 ans qui aurait commis l'agression avait pris la fuite, mais les policiers l'ont arrêté, non loin de l'école, dans l'heure qui a suivi.
Les agents du SPVM
vont rencontrer des témoins, la victime et le suspect pour tenter de faire la lumière sur les circonstances des événements.Selon les premières informations qui ont filtré, le suspect, un élève en troisième secondaire, avait des problèmes de comportement, mais n'était pas connu pour avoir commis des gestes violents.
Tous les efforts sont déployés
, dit Plante
Le porte-parole de la Commission scolaire English-Montréal, Michael Cohen, a décrit sur ICI Première que l'élève était juste entré dans la classe, avait regardé le professeur et utilisé son couteau
, pour ensuite quitter la pièce.
En point de presse jeudi après-midi, la mairesse de Montréal Valérie Plante a commencé par envoyer un message de soutien à la famille de l'enseignant, mais également un message de solidarité envers les parents du jeune [...], un message de compassion à cette famille-là
.
La mairesse Plante est d'avis que c'est non seulement l'école John-F.-Kennedy qui est interpellée et choquée par cet événement, mais toutes les écoles de la métropole. Comme nous, d'ailleurs
, a-t-elle dit.
Elle a tenu à assurer la population montréalaise que tous les efforts sont déployés pour que nos quartiers, nos milieux de vie, dont les écoles, soient sécuritaires
.
Valérie Plante affirme que le budget que déposera son administration consacrera des ressources aux organismes du milieu communautaire, et que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) poursuivra ses efforts dans la lutte contre le trafic d'armes et contre les groupes criminalisés.
Les conditions
dans lesquelles ces événements-là surviennent doivent faire l'objet d'une réflexion critique
, dit encore Mme Plante.
À cet égard, elle mise sur le forum prévu pour janvier – et qu'organise la Ville de Montréal avec le SPVM – où des acteurs des milieux scolaires, institutionnels et communautaires tenteront de comprendre qu'est-ce qui se passe
.
« Le crime organisé, largement, change. Nous autres aussi, on change. On va s'adapter; on trouve des outils pour pouvoir freiner, éliminer la montée de la violence. »
En campagne électorale, en septembre dernier, Projet Montréal, la formation de Valérie Plante, avait promis d'allouer 110 millions de dollars pour continuer d’assurer la sécurité de Montréal
.
Ce n'est pas normal
À Québec, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a déclaré que ces événements nous perturbent
.
La ministre rappelle qu'elle a dit, dans les semaines qui viennent de s'écouler et dans le contexte d'annonces liées à la sécurité publique, qu'il n'était pas normal que les jeunes aient ces réflexes-là de violence
.
Selon elle, ce problème de violence tire son origine, dans certains cas et dans certains endroits, du manque d'alternatives constructives
et de projets de vie constructifs
.
Ils manquent d'accès à des services, à des personnes qui peuvent être des modèles qui les aideraient à cheminer droitement dans la vie
, a-t-elle indiqué.
Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a pour sa part affirmé que fréquenter l'école et apprendre les matières de base ne suffit pas pour développer un sentiment d'appartenance chez les élèves.
Jouer au basketball, faire du théâtre, de l'impro, ces genres de choses, à moyen terme, préviennent ces gestes-là
, a-t-il affirmé.
Sur Twitter, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s'est dit choqué par les nouvelles en provenance de Papineau
, sa circonscription.
Mes pensées vont à la communauté de l’école secondaire John-F.-Kennedy et à l’enseignant qui a été poignardé ce matin. Je lui souhaite un prompt rétablissement et je remercie les autorités d’avoir réagi rapidement
, a écrit le premier ministre.
Une communauté inquiète
Dans l'arrondissement de Saint-Michel–Parc-Extension, la population ressent de l'inquiétude. Des élèves se sont dits craintifs au sortir de l'école.
Ça ne me surprend pas, mais j'ai peur
, a confié l'un d'eux à ICI RDI, en faisant référence à l'attaque qui venait de se produire dans l'école.
Un autre adolescent a rappelé qu'un jeune de 16 ans, Thomas Trudel, a été abattu en pleine rue dans Saint-Michel il y a moins d'un mois. Tu te promènes, comme le jeune qui est mort là-bas, à côté : il sortait avec un ami et... il s'est fait tirer dessus. [...] D'une minute à l'autre, tu peux te faire tirer dessus.
Cette crainte d'être victime d'un acte de violence gratuite, Mohammed Nordine Mimoun la constate depuis quelques semaines chez les jeunes qu'il côtoie dans le cadre de son travail de coordonnateur du Forum jeunesse de Saint-Michel.
C'est la première fois que je sens que quelque chose a changé dans leurs réactions
, a-t-il confié au 15-18 sur ICI Première, jeudi.
Ils [les jeunes] ont peur d'eux-mêmes, en fait, ils ont peur de leurs camarades, de l'impulsivité de certains jeunes parmi eux qui peuvent commettre un acte avec les mains, avec un bâton ou un couteau
, a-t-il décrit.
Cet intervenant espère que ce qui s'est produit à l'école John-F.-Kennedy soit un acte isolé, et non une nouvelle tendance dans les écoles
.
« C'est pas tous nos jeunes qui sont portés à avoir un geste violent, mais malheureusement, certains jeunes sont appelés à faire ça. En même temps, il faut chercher c'est quoi les raisons. »
D'après lui, il manque de ressources pour accompagner les jeunes dans les milieux communautaires, mais aussi dans les écoles.
Tout le monde est conscient qu'un travail en commun [doit être fait] pour faire face à la situation
, a-t-il conclu.
Avec les informations d'Alexie André-Bélisle et de Marc Verreault