Des médecins manitobains craignent de manquer de lits aux soins intensifs

Des médecins manitobains s'inquiètent de manquer de place aux soins intensifs et d'éventuels transferts de patients hors province.
Photo : Radio-Canada / Alison Northcott
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des médecins du Manitoba lancent un avertissement et affirment que la province pourrait manquer de ressources aux soins intensifs pour soigner les patients gravement malades, même s'ils sont loin du pic connu pendant la troisième vague de la pandémie.
Au cours de la fin de semaine, la province a reporté des chirurgies cardiaques électives afin de préserver la capacité de traitement dans les unités de soins intensifs.
Cette mesure a été prise alors que le Manitoba compte un total de 90 patients en soins intensifs, ce qui est supérieur à la base de référence prépandémique de 72 patients, mais bien inférieur aux 129 patients accueillis au même moment lors de la troisième vague.
Ça fait longtemps qu’on a entre 100 et 200 cas de COVID-19 par jour. Ça fait tellement longtemps que ça fait un énorme stress sur les hôpitaux parce que ça s’accumule. Les hôpitaux sont pleins. On commence à faire un triage parce qu’il y a très peu de capacité qui reste
, s’inquiète le Dr Philippe Lagacé-Wiens, microbiologiste médical à l’Hôpital Saint-Boniface.

Le docteur Philippe Lagacé-Wiens est microbiologiste médical à l'Hôpital Saint-Boniface.
Photo : Gracieuseté Philippe Lagacé-Wiens
Une pénurie de personnel a réduit la capacité des unités de soins intensifs au cours de la quatrième vague de la pandémie.
La dotation en personnel des lits reste un défi. On fait des appels aux infirmières pour qu’elles prennent des quarts de travail ou qu’elles fassent des quarts de travail équivalents à du temps plein dans ces unités. Les incitatifs actuels n’entraînent pas une participation suffisante pour ouvrir des lits supplémentaires
, a souligné Soins communs Manitoba dans un communiqué lundi.
Selon des sources hospitalières consultées par CBC, les médecins des unités de soins intensifs ont chaque jour du mal à trouver des lits pour les nouveaux patients et pourraient bientôt être obligés d’envisager de transférer à nouveau des patients cardiaques ou souffrants de la COVID-19 hors de la province.
L’annulation des chirurgies cardiaques est franchement un aveu que les unités de soins intensifs sont proches de leur capacité maximale dans la province
, indique le Dr Eric Jacobsohn, médecin aux soins intensifs à l’Hôpital Saint-Boniface.
Le Dr Lagacé-Wiens rappelle les dangers pour les patients qu’implique un transfert hors province.
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La ministre de la Santé, Audrey Gordon, a reconnu lundi que, bien qu’il y ait des pénuries de personnel, le report des chirurgies cardiaques n’est pas envisagé à long terme.
Il ne s’agit peut-être que d’un incident ponctuel dû à des problèmes de personnel, mais ce n’est certainement pas une situation généralisée ou représentative de ce qui se passe dans les régions
, a-t-elle affirmé.

Audrey Gordon, ministre de la Santé du Manitoba
Photo : Radio-Canada
La ministre de la Santé reconnaît qu’il y a un problème de personnel, mais insiste du même souffle qu’il y a un plan pour ajouter des lits aux soins intensifs.
Le Dr Jacobsohn avoue qu’il aimerait bien connaître le plan pour augmenter la capacité.
La plupart des médecins des unités de soins intensifs sont surpris d’apprendre qu’il existe une façon d’augmenter la capacité. Peu d’entre nous savent ce que ça implique.
Le Dr Lagagé-Wiens indique que même si sur papier ça pourrait être possible d’augmenter le nombre de lits, ça aurait un impact sur la qualité des soins
.
Soins communs affirme que le personnel est suffisant pour s’occuper de 104 patients aux soins intensifs.
Ce nombre est inférieur à l’objectif de 110 lits fixé en novembre, lorsque la province a recommencé à annuler des chirurgies pour libérer de l'espace pour les soins liés à la COVID-19.
Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer que les patients continuent de recevoir les soins dont ils ont besoin, mais nous allons actuellement dans la mauvaise direction
, écrit Soins communs.
L'organisme impute une partie de la situation aux patients non vaccinés.
Avec les informations de Bartley Kives et de Jérémie Bergeron