Un lieu touristique prisé de Yellowknife devient un camp de guérison

Le camp Aurora Village accueille habituellement les chasseurs d'aurores boréales. Il accueille aujourd'hui des personnes sans-abri en quête de guérison.
Photo : Aurora Village
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L’un des lieux touristiques de Yellowknife prisés des amateurs d’aurores boréales rouvre ses portes après des mois de fermeture. Au lieu d’accueillir des touristes, toutefois, Aurora Village accueille des personnes itinérantes en quête de guérison.
Nous sommes tellement habitués de recevoir des personnes qui veulent voir les aurores boréales, ces esprits du ciel
, explique le propriétaire et ancien premier ministre territorial, Don Morin. Comme les touristes ne viennent pas, ceux qu’on reçoit viennent trouver leur esprit.
Ainsi, Aurora Village s’est trouvé une nouvelle vocation en offrant un toit, de la nourriture et des moyens de guérison aux personnes sans abri en collaboration avec la Nation dénée et différentes organisations autochtones.
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De premiers fruits après quelques jours
Les premiers visiteurs sont arrivés la semaine dernière, note Michael Fatt, du Crazy Indians Brotherhood, l’un des organismes partenaires. Selon lui, leur séjour commence déjà à porter fruit.
Il dit déjà commencer à entendre des rires sortir des tipis et que certains résidents ont déjà commencé à parcourir la terre. De plus, ajoute-t-il, les résidents commencent à s’entraider.

Michael Fatt, du Crazy Indians Brotherhood, Don Morin, le propriétaire d'Aurora Village, Norman Yakeleya, Be'sha Blondin, une aînée dénée, Wilbert Cook, de la Fondation pour le bien-être des Autochtones de l'Arctique et Trevor Teed, de la Nation dénée ont parlé du projet lors d'une conférence de presse.
Photo : Radio-Canada / Clara Pasieka
Selon M. Fatt, le dialogue est essentiel au processus de guérison. Je sais que je ne pourrai parler qu’à des personnes qui ont vécu le même genre d’expérience que moi
, explique celui qui a déjà été sans-abri dans plusieurs villes.
Avoir vécu avec ceux qui sont passés par les pensionnats pour Autochtones et qui ont vécu la rafle des années 1960 l’a aidé dans sa propre guérison.
Si le camp n’est pas réservé aux Autochtones qui vivent dans l’itinérance ou aux habitants de Yellowknife, le cœur de l’initiative portée par les Dénés reste de soutenir des membres de la Nation.
Les commentaires des résidents sont positifs, note Don Morin.
Ils parlent du lieu paisible, de la présence d’un esprit de guérison qu’ils ressentent en marchant, explique le propriétaire. Leur commentaire le plus fréquent est qu’ils ont eu une bonne nuit de sommeil.
Un financement précaire
Le projet a reçu un financement fédéral de 1,3 million de dollars, explique le directeur des Terres et de l’Environnement de la Nation dénée, Trevor Teed.
Selon le chef national de la Nation, Norman Yakeleya, l’argent reçu permet au projet de promouvoir les valeurs et traditions des Dénés, plutôt que d’imposer un programme de l’extérieur.
S’occuper de nos gens sur nos terres, c’est ce que nous permet ce genre de partenariat
, souligne-t-il.
Le financement reçu permet de soutenir le projet pendant 60 jours, soit jusqu’à la fin de janvier, précise Trevor Teed. Il s’inquiète toutefois de ce qui arrivera aux résidents après coup.
Lorsqu’ils sont ici, nous leur offrons du respect [et] de l’amour et ils l’accueillent bien
, explique-t-il.
On voit tout de suite la différence que cela fait en une courte période de temps. L’idée de devoir les renvoyer dans la rue en janvier me dérange.
Le groupe tente maintenant d’obtenir du financement supplémentaire afin de faire du camp un projet permanent.

Aurora Village est resté vide pendant des mois, durant la pandémie.
Photo : Aurora Village
Si le partenariat avec le gouvernement fédéral a fonctionné, l’aide reçue du gouvernement territorial laisse les organisateurs sur leur faim.
Ils disent avoir communiqué avec les autorités pour obtenir du personnel médical et de l’aide financière pour les questions de santé qui dépassent leurs compétences, mais une semaine après le début de l’aventure, leurs demandes sont restées lettre morte.
Le gouvernement territorial n’a pas répondu aux demandes de CBC.
Avec les informations de Clara Pasieka