Et si votre génétique vous rendait résistant à une infection de la COVID-19?

Des scientifiques croient que certaines personnes auraient des mutations génétiques qui les protégeraient d'une infection à la COVID-19.
Photo : Reuters / Phil Noble
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreuses personnes ont été exposées à la COVID-19 sans jamais avoir été infectées, et les chercheurs ne savent pas encore pourquoi. Une équipe internationale d’experts pense qu'elles ont peut-être des gènes uniques qui les protègent de l'infection.
On a tous entendu parler de familles où certaines personnes n’ont jamais été déclarées positives, même si tous leurs proches étaient infectés
, dit le Dr Donald Vinh, spécialiste des maladies infectieuses et microbiologiste médical au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
Le Dr Vinh est le seul chercheur canadien de cette équipe qui a commencé à étudier (Nouvelle fenêtre) les génomes de quelque 2000 participants, qui tous ont été en contact direct et prolongé avec une personne infectée, mais qui n’ont jamais été déclarés positifs.
Des mutations bénéfiques
Le SRAS-CoV‑2 infecte les cellules humaines en interagissant avec plusieurs protéines présentes à leur surface. Ces chercheurs croient que les personnes résistantes à la COVID-19 auraient des mutations génétiques qui empêcheraient le virus d'infecter les cellules humaines.
On pense que certaines personnes sont nées avec des variants ou des mutations dans un ou des gènes qui sont importants pour le SRAS-CoV-2
, avance-t-il. Grâce à ces mutations, le virus ne réussirait pas à s'attacher aux cellules humaines et à injecter sa charge génétique pour faire des copies de lui-même, soit la façon dont un virus se répand dans un organisme.
Découvrir exactement quelle mutation est en cause ici sera tout de même complexe, explique le Dr Vinh, puisqu'il existe des centaines de protéines qui pourraient être impliquées. On ne sait pas encore laquelle de ces protéines est encodée dans notre génome et laquelle est critique pour avoir cette résistance.
Ainsi, en séquençant le génome de chaque participant, on espère identifier les polymorphismes (variations entre individus dans la séquence de gènes) qui rendent ces gens résistants à la COVID-19. Les chercheurs compareront aussi les génomes de ces personnes potentiellement résistantes avec ceux de personnes qui ont été infectées.
Il existe de nombreux exemples de personnes exposées à des maladies comme le paludisme, le VIH et les norovirus et qui n’ont jamais été infectées, indique le Dr Vinh. Par exemple, en enquêtant sur les génomes de travailleuses du sexe, des chercheurs ont notamment découvert une mutation d’un gène qui les protégeait d’une infection au VIH. Cette découverte a conduit au développement d'un antiviral très efficace qui empêche le virus de pénétrer dans les cellules et de les infecter.
Il est possible que ces mutations protègent également ces personnes d’autres infections respiratoires, ajoute le Dr Vinh. Par contre, il est aussi possible qu’une mutation offre une protection contre la COVID-19, mais qu’elle soit la cause d’une autre maladie. Par exemple, les personnes atteintes d’anémie falciforme, une maladie génétique due à une mutation d'un gène codant une partie de l'hémoglobine, sont protégées du paludisme.
En ayant des participants provenant des quatre coins du monde, les chercheurs pourront aussi analyser si certaines populations, en raison de leur historique génétique, sont plus résistantes que d’autres à la COVID-19. On pourrait peut-être trouver une mutation dans un gène qui est spécifique aux Québécois francophones ou à des Argentins d’une certaine région, par exemple. Ceci pourrait expliquer en partie la différence [des taux d’infection] entre pays
, croit le Dr Vinh.

Le Dr Donald Vinh, de l'Université McGill, s'intéresse également aux maladies rares.
Photo : Submitted by Sandra Sciangula
Trouver un traitement qui bloque l'infection
Ces chercheurs croient que leur recherche aidera non seulement à mieux définir comment le SRAS-CoV-2 infecte les gens, mais aussi à développer des médicaments qui pourraient interrompre l’infection.
Rappelons qu’avec le vaccin, conçu d’abord et avant tout pour réduire les symptômes graves de la COVID-19, une personne peut tout de même être infectée. Les traitements qui existent ne font que soulager les symptômes graves de la maladie et ne peuvent pas arrêter l’infection ni la transmission.
Au lieu de cibler la réplication du virus, comme on le fait avec les médicaments [présentement utilisés contre la COVID-19], on pourrait cibler l’intervention plus en amont : on pourrait bloquer le processus d'infection
. Un tel médicament pourrait avoir un impact majeur sur la transmission de la COVID-19 et serait un outil de plus dans la lutte contre ce virus, croit le Dr Vinh.
L’équipe espère avoir des résultats préliminaires d’ici six mois.
À lire aussi :
- Que sait-on des pilules anti-COVID de Merck et Pfizer
- L’ivermectine ne compte pas parmi la poignée de traitements contre la COVID-19
- Des chercheurs de Québec auraient découvert comment la COVID affecte le cerveau
- COVID-19 : une « super molécule » pour combattre le virus et ses variants
- Rencontre avec le Dr House québécois, Dr Donald Vinh