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Québec presse ses hôpitaux de réduire les listes d’attente en chirurgie

Moins de 2600 patients attendaient une chirurgie depuis plus d’un an avant la pandémie; ils sont maintenant 19 000 dans cette situation aujourd’hui.

Deux médecins font une chirurgie dans une salle d'opération.

Selon les données du MSSS, le taux d’activités chirurgicales moyen plafonne depuis des mois autour de 85 % à 90 %.

Photo : iStock

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La capacité de relancer des chirurgies dans les hôpitaux est à ce point limitée que la direction du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) demande aux établissements de prioriser dès maintenant les 19 000 patients qui attendent depuis plus d’un an. Une relance qui s’étend désormais jusqu’en 2024.

Lorsque le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé s’est présenté en juin pour parler de la relance des chirurgies, ce dernier avait bon espoir de commencer à faire du rattrapage dès la fin septembre.

Or, les hôpitaux demeurent plutôt en mode délestage.

Selon les données du ministère, le taux d’activités chirurgicales moyen plafonne depuis des mois autour de 85 % à 90 %. Si bien qu’environ 19 000 patients attendent depuis plus d’un an, alors qu’ils étaient moins de 2600 avant la pandémie. On compte même 2430 patients sur la liste d’attente depuis plus de 2 ans.

Dans une communication récente aux PDG du réseau de la santé et aux directeurs des services professionnels des établissements, le haut fonctionnaire du MSSS, Martin Forgues, reconnaît que la relance n’est pas pour demain et qu’il faut prioriser.

« Encore aujourd’hui, la capacité sur le plan de reprise des activités chirurgicales est limitée à cause du manque de main-d'œuvre. »

— Une citation de  Martin Forgues, haut fonctionnaire au ministère de la Santé et des Services sociaux

Par conséquent, nous souhaitons que vous réactiviez vos comités de priorisation des chirurgies et que vous priorisiez les patients de plus d’un an en attente, précise M. Forgues.

Ce dernier fixe une cible minimale de 35 % de vos patients hors délai de plus d’un an.

Du jamais vu

En 30 ans de métier, le président de l'Association d'orthopédie du Québec, le Dr Jean-François Joncas, dit n’avoir jamais vu une situation pareille.

Il y a beaucoup de chirurgiens, beaucoup de patients qui attendent plus d’un an pour passer à l’action, constate-t-il. C’est sans précédent [...] je n’ai jamais vu ça.

Jean-François Joncas, de l’Association d'orthopédie du Québec

Jean-François Joncas, de l’Association d'orthopédie du Québec

Photo : Radio-Canada

Le Dr Joncas voit d’un bon œil la directive envoyée aux PDG des établissements de santé.

Ça veut dire que les centres hospitaliers doivent former un comité sur lequel va siéger chirurgien, anesthésiste, gestionnaire et personnel infirmier pour identifier parmi la clientèle en attente laquelle doit être priorisée pour éviter que ce soit toujours les mêmes groupes de patients qui soient favorisés au détriment d’autres patients, explique-t-il.

Ce dernier s’attend à ce que des patients en orthopédie en souffrance et perte de mobilité soient autant considérés que ceux en oncologie.

« Lorsque certains gestionnaires priorisent à tout prix en fonction du diagnostic cancer sans nuance, bien par exemple la clientèle d’orthopédie peut être défavorisée [...] et elle doit au même titre que certains cancers moins urgents avoir le droit d’être opérée dans des délais raisonnables. »

— Une citation de  Jean-François Joncas, président de l'Association d'orthopédie du Québec

Y a des chirurgiens qui tirent la couverte plus que d’autres et obtiennent du temps opératoire pour des chirurgies qui pressent peut-être un peu moins au détriment d’autres, avance le président de l’Association d'orthopédie du Québec.

Penser mobilité

Le Dr Serge Legault, vice-président à la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), se rappelle des résultats obtenus il y a cinq ans avec un groupe de travail conjoint FMSQ/MSSS. On avait réussi à faire passer la liste d’attente des plus d’un an de 4000 à 800 patients, dit-il.

Artisan des premiers comités de priorisation en début de pandémie, le Dr Legault reconnaît le défi des 19 000 patients sur la liste d’attente depuis plus d’un an. C’est sans précédent, j’ai 30 ans d’expérience derrière la cravate et je n'ai jamais vu ça.

Portrait de Serge Legault

Dr Serge Legault, vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ)

Photo : Radio-Canada

Ce dernier précise qu’on doit envisager d’autres solutions comme déplacer des patients vers d’autres régions.

« C’est pas quelque chose qui est envisagé pour l’instant, mais il faut garder l’esprit ouvert pour regarder des solutions novatrices qui des fois peuvent avoir l’air un peu hors de l’ordinaire, mais on est dans une situation hors de l’ordinaire. Tout est sur la table. »

— Une citation de  Serge Legault, vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec

800 millions $ pour la relance sur 3 ans

Lors de sa mise à jour économique la semaine dernière, le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a dévoilé un montant de 804 millions de dollars pour le plan visant à réduire la liste d’attente en chirurgie sur une période de trois ans jusqu’en 2024. En juin, le ministre Christian Dubé parlait plutôt d’un plan sur deux ans jusqu’en 2023.

Selon le président de l’Association d'orthopédie du Québec, Jean-François Joncas, il y a peut-être des choses qui peuvent aider par de nouveaux montants, mais c’est vraiment un problème à la base de ressources humaines principalement.

Pour le vice-président de la FMSQ, Serge Legault, il faut des personnes disponibles pour traiter le patient en postopératoire, (mais) tant que l’activité chirurgicale ne sera pas à 100 %, la liste d’attente va continuer à augmenter.

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