Le démantèlement du campement sous le pont Joffre s’amorce à Sherbrooke

Le campement de fortune sous le pont Joffre à Sherbrooke
Photo : Radio-Canada / Marion Bérubé
Le démantèlement du campement de fortune situé sous le pont Joffre s'est amorcé mardi, à Sherbrooke. Les autorités municipales donnent aux personnes itinérantes jusqu’à lundi prochain pour quitter les lieux.
Pour l’instant, des intervenants d'organismes communautaires agissent auprès d’eux pour qu’ils quittent l’endroit de leur plein gré. Ils interviennent également pour les diriger vers les ressources existantes, comme le Partage Saint-François. Celui-ci affirme être prêt à accueillir les gens.
Son directeur, Sébastien Laberge, confirme qu'il n'y a pas de fermeture prévue dans les prochaines semaines en raison du manque de personnel, puisqu'ils ont réussi à recruter des étudiants en travail social pour donner un coup de main.
Démantèlement officiel lundi
Le travail pour inciter les gens à quitter le campement va se poursuivre toute la semaine, mais lundi, la Ville procédera au démantèlement définitif du camp, affirme la mairesse Évelyne Beaudin.
La Ville évalue comment elle réagira face aux récalcitrants.
Le plan d'action que nous sommes en train de préparer est que lundi, on devra aider ces gens à prendre possession de leurs choses, les relocaliser et ensuite démanteler le campement,
explique Guylaine Perron, inspectrice au Service de police de Sherbrooke.
« Est-ce qu'il va débarquer 10 policiers en uniforme et on démantèle? La réponse est non. On fait du communautaire. On ne veut pas faire de répression, mais il faut démanteler. »
Ce n'est pas un événement comme ça du jour au lendemain et on s'en va nettoyer drastiquement le site, affirme de son côté la mairesse Évelyne Beaudin. Même les gens sur place commencent à reconnaître que ça devient difficile à maintenir.
En tant que gouvernement local, nous souhaitons adopter un plan d’action de lutte à l’itinérance. Et d’ici là, nous devons agir proactivement pour identifier des solutions personnalisées pour chacune des personnes vivant actuellement dans le campement de fortune du pont Joffre
souligne-t-elle.
Une approche critiquée par l'Association des locataires
Mme Beaudin a tenu à remercier les Sherbrookois et les Sherbrookoises qui ont manifesté leur solidarité et fait preuve de générosité envers ce groupe de personnes. Elle précise toutefois que les personnes en itinérance ont besoin d’accompagnement et d’une aide spécialisée pour sortir de leur situation précaire.
La mairesse a invité la population à venir porter leurs dons aux organismes communautaires plutôt que directement aux gens sous le pont.
Pour l'Association des locataires, ces propos alimentent les préjugés envers les gens en situation d'itinérance. Avant la sortie de la Ville mardi, le porte-parole Normand Couture s'est d'ailleurs montré critique envers cette approche.
On trouve que [la mairesse] va à l'inverse des choses. Elle dit : "On va les chasser, puis on va trouver une solution". Non, on va trouver une solution, puis quand on aura une solution, on va les amener vers un îlot de chaleur ou l'autre solution temporaire.
Je trouve cela malheureux, affirme pour sa part une personne rencontrée sur les lieux. Si les gens campent ici, c'est qu'il n'y a aucune place où aller. Les ressources d'aide sont sous-financées, ferment les volets. Ces gens-là se sont organisés pour survivre entre eux. Les chasser, cela n'a rien de bon, cela ne fait pas leur affaire non plus.
Une aide annuelle pour appuyer le Partage Saint-François
La situation des itinérants représente un enjeu pour Sherbrooke. Le comité exécutif a déjà voté une aide de 35 000 dollars qui sera allouée chaque année au Partage Saint-François. Cette mesure doit toujours être approuvée par le conseil. La mairesse dit également espérer qu’un plan sur l’itinérance sera adopté l’année prochaine pour mieux aborder le problème.
La Ville veut également lancer une campagne de financement d'ici la fin de la semaine pour soutenir les organismes communautaires en itinérance.