Une pénurie d’hélium pourrait mettre en péril la recherche scientifique

Vlad Michaelis, professeur de chimie, inspecte des équipements équipés d'aimants supraconducteurs à l'Université de l'Alberta.
Photo : Radio-Canada / Julia Wong
Les chercheurs de certaines universités canadiennes sont confrontés à une pénurie d'hélium qui pourrait mettre en péril la recherche scientifique et risque d'endommager les équipements.
L'hélium est essentiel pour maintenir les aimants supraconducteurs des instruments, comme les spectromètres de masse et les appareils d'IRM, à des températures extrêmement basses.
Ryan McKay, gestionnaire des installations de l'Université de l'Alberta et responsable de l'équipement spécialisé, raconte qu'un fournisseur américain l'a récemment informé que les livraisons d'hélium ne pouvaient plus être garanties en raison de problèmes à l'usine.
On nous a dit que nous ne devions pas nous attendre à recevoir de l'hélium avant janvier de l'année prochaine, ce qui est vraiment, vraiment crucial pour nos systèmes
, dit-il.
Il précise qu’il y a environ 24 aimants supraconducteurs sur le campus et que les instruments sont utilisés 24 heures sur 24, tous les jours de l'année.
Sans un approvisionnement régulier en hélium, nous risquons d'endommager nos instruments
, affirme-t-il. Nous risquons de perdre nos instruments et toutes les recherches qui y sont associées.
Ces pénuries pourraient compromettre les recherches qui dépendent des machines nécessitant de l'hélium, notamment les travaux sur les énergies renouvelables, les implants biomédicaux et même sur la COVID-19.
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Selon Vlad Michaelis, professeur agrégé de chimie à l'Université de l'Alberta, si un aimant n'est pas rechargé en hélium à temps, il ne sera plus en mesure de maintenir le champ magnétique et sera endommagé ou tombera en panne.
Nous devons, en quelque sorte, nous mettre en mode de prudence et essayer d'élaborer une stratégie pour utiliser ce que nous avons et maintenir la longévité autant que possible
, indique-t-il.
Le problème ne se limite pas à l'Université de l'Alberta. Le campus de l'Okanagan de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) fait face à une situation similaire.
Paul Shipley, professeur agrégé de chimie à l'UBC Okanagan, affirme que l'université souffre considérablement de la pénurie d'hélium et risque de perdre un aimant, cette fin de semaine, en raison du manque d'hélium liquide.
Problèmes d'approvisionnement
Selon Sophia Hayes, une professeure de chimie et chercheuse scientifique à l'Université de Washington, il peut y avoir des pénuries périodiques d'hélium et il n'y a que trois grands fournisseurs dans le monde : les États-Unis, l'Algérie et le Qatar.
Par conséquent, si un aspect de la chaîne d'approvisionnement est perturbé, qu'il s'agisse d'un problème d'expédition en raison d'un conflit dans un territoire étranger ou d'un entretien majeur sur la partie américaine de la chaîne d'approvisionnement, cela peut entraîner d'importants ralentissements
, explique-t-elle.
La fragilité du système d'approvisionnement suscite des discussions sur la nécessité d'accroître la production nationale d'hélium.
Selon Ryan McKay, la pandémie a montré à quel point les frontières peuvent être vulnérables et qu'il devrait y avoir des capacités nationales de production.
Ce serait certainement bien d'avoir une option de production au Canada, si possible
, dit-il.
Des livraisons inattendues d'hélium sont arrivées à l'Université de l'Alberta au cours des derniers jours. Ryan McKay a fait des pieds et des mains pour en trouver ailleurs, ce qui a permis d'alléger la situation, mais un approvisionnement fiable est toujours nécessaire.
Stimuler la production
Des provinces comme l'Alberta et la Saskatchewan puisent dans leurs réserves d'hélium souterraines.
La semaine dernière, la Saskatchewan a annoncé un plan d'action visant à stimuler la production d'hélium dans la province.
La ministre saskatchewanaise de l'Énergie, Bronwyn Eyre, a indiqué que la province avait effectué des relevés géologiques d'environ 88 000 puits de pétrole et de gaz et près de 6500 tests d'analyse de gaz.
Ils confirment que la Saskatchewan a des concentrations d'hélium de classe mondiale
, indique-t-elle.
Nous nous attendons pleinement à pouvoir atteindre jusqu'à 10 % de la part du marché mondial d'ici 2030.
Ryan McKay et Vlad Michaelis soulignent le travail effectué dans les Prairies, notant que les options supplémentaires sont une bonne chose.
Je pense qu'une fois qu'ils seront lancés, ce sera un très bon complément, du moins pour nos problèmes d'approvisionnement
, indique Vlad Michaelis.
Avec les informations de Julia Wong